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sur 571 notes
Orphelin, le jeune garçon a eu cette chance incroyable de croiser la route de Don Gaetano. Concierge de l'immeuble, il s'est très vite pris d'affection pour cet enfant des rues. Il lui raconte les années passées en Argentine, la ville de Naples sous les bombardements, la vie de ce Juif qu'il avait caché, les pensées qu'il sait lire dans la tête des gens. Ils vivront ainsi tous les deux, entre deux parties de scopa, les services qu'ils se rendent mutuellement, les parties de foot organisées dans les ruelles, les livres que Don Raimondo lui prête gracieusement et qu'il s'empresse d'aller feuilleter dans sa cachette, la veuve de l'immeuble qui lui vante ses charmes et l'initie au doux plaisir de l'amour et la superbe jeune fille du balcon qu'il n'ose approcher...

Une ode à la ville de Naples, un roman initiatique, un voyage au goût doux-amer, une aquarelle délicate... Ce livre est tout à la fois. Erri de Luca sait mieux que personne raconter les histoires les plus simples qui deviennent presque un enchantement sous sa plume. Il choisit les mots avec délicatesse, joue avec, les fait danser sur un rythme de tarentelle ou les fait s'entrechoquer. A la fois nostalgique, poétique, humain et touchant, ce roman singulier fleure bon la sfogliatella ou l'orzata...

Le jour avant le bonheur... Et si c'était hier ?
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Dans un quartier populaire du Naples de l'après-guerre, un orphelin vit seul dans l'immeuble où don Gaetano est concierge. le vieil homme solitaire et l'enfant abandonné forment, sans le dire, une famille de coeur. Ignorant de son histoire familiale, l'orphelin apprend tout du sage concierge. C'est lui qui lui enseigne la scopa, ce jeu de cartes napolitain où il excelle, c'est lui qui lui raconte la ville pendant la guerre, les nazis, les fascistes, le juif qu'il a caché, l'insurrection du peuple, sa vie en Argentine, c'est lui aussi qui lui apprend la plomberie, qui l'envoie chez la veuve de l'immeuble pour de menus ''réparations''. Et don Gaetano n'est pas seulement un bricoleur hors pair, un champion de la scopa, le meilleur cuisinier pour les pâtespatates, il sait aussi attraper les pensées des gens qui volent jusqu'à lui. C'est comme ça qu'il sait que l'orphelin n'a jamais pu oublier la petite fille du troisième qui le regardait derrière sa fenêtre alors qu'il tentait d'être le plus brillant des gardiens de but de la rue. Quand elle réapparaît dans sa vie, le concierge le met en garde...

De Naples ou de don Gaetano qui est le héros de cette histoire ? Les deux car ils sont liés dans le même amour que l'orphelin narrateur leur porte. Dans une langue rendue vive par le patois napolitain, Erri de Lucca raconte le parcours initiatique d'un jeune garçon, une ''bonne graine'' dans une ville dont il apprend aussi à connaître l'histoire et la géographie grâce à son mentor. Et l'enfant va grandir, bercé par les récits du vieux concierge, guidé par ses conseils, nourri par les livres que lui prête le libraire don Raimondo, instruit par l'école publique et gratuite.
Cet ode à Naples, ce récit initiatique qui prend parfois des allures de conte est un petit bijou de poésie, de délicatesse et d'humanité. A lire sans modération.
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Le jeune garçon est orphelin. Sa famille est l'immeuble où il habite, dans le Naples de l'après-guerre. Celui qui pour lui ressemble à un père, en est le gardien : Don Gaetano. Il se sent libre et s'évade dans le monde des livres. Il apprend la guerre de la bouche de Don Gaetano. Il aime apprendre.

On retrouve dans ce roman les mêmes ingrédients que dans "Tu, mio". Cela m'a fait penser à cette citation du livre : « L'histoire était une cuisine d'ingrédients on changeait les proportions et il en sortait un tout autre plat. »
Naples, guerre, tramontane, sirocco, soleil, libeccio, pêche, mer, Argentine, garçon, apprentissage, Histoire vécue. Tout cela mélangé selon les proportions choisies, nuancé, pimenté, pour savourer un plat succulent, poétique, tendre et un brin amusant.

On va à la rencontre des habitants de cet immeuble, on imagine le linge suspendu au-dessus de la cour, on assiste aux disputes qui se règlent par un café, on sourit aux mots de la Capa, ce cordonnier drôle malgré lui. Il confond cimetière et séminaire, catacombes et cacatombes, inspecteur des impôts et imposteur. Il est aussi dans le vrai. On joue aux cartes et on pénètre les pensées qui s'envolent.

le jour d'avant le bonheur, peut-on le reconnaître ? Il se faufile à l'improviste. Il faut saisir l'instant fugitif, se préparer au lendemain, ne pas tituber de bonheur, redescendre doucement.

Une histoire simple qui, racontée autrement n'aurait pas le même effet, semblerait un peu fade. Avec les mots d'Erri de Luca, c'est une belle mélodie. On se laisse bercer.

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J'aime l'écriture d'Erri de Luca. Ses mots me transportent toujours, mon esprit s'envole grâce à sa poésie. J'aime aussi ses personnages si ancrés dans leur pays, dans leur ville, dans Naples. J'aime ses descriptions d'un peuple miséreux et laborieux, si plein de respect pour son histoire, pour ses traditions.

Naples, années d'après-guerre. le narrateur est un jeune orphelin. Il vit sous la protection d'un gardien d'immeuble, Don Gaetano. De lui, il apprendra la vie, l'histoire, l'amour, et un métier. Il apprendra aussi à écouter le monde et entendre les pensées des autres. Grâce à lui, il découvrira son chemin d'homme...

Lire Erri de Luca c'est se perdre dans Naples, sentir les odeurs de la cuisine, écouter les gens qui s'interpellent d'une fenêtre à l'autre, c'est découvrir la nature et surtout le géant qui surplombe la ville. C'est humer l'air du large qui s'infiltre dans les ruelles. C'est aussi regarder les gamins des rues qui jouent au foot, les adultes qui jouent du couteau. C'est entendre le parler local et non pas l'italien. C'est rencontrer des personnages d'une grande humanité, simples et solidaires...

Un roman magnifique sur le passage à l'âge adulte, sur la construction de soi.
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♫♫ Il est où le bonheur, il est où ? ♫♫

Ne cherchez plus.
C'est le narrateur de ce roman d'initiation, plein de délicatesse et de drôlerie, qui semble l'avoir trouvé.


Nous sommes à Naples, c'est l'après-guerre et l'histoire nous est racontée par un jeune orphelin vivant dans un réduit d'un vieil immeuble, sous la protection du concierge, un homme généreux et plein de ressources, don Gaetano.
C'est lui qui va lui raconter Naples pendant la guerre, qui va l'initier à un tas de choses toutes simples mais bien utiles : les cartes, les bonnes pasta e patate, la plomberie, la sexualité d'une certaine façon mais surtout lui apprendre à grandir.


C'est ma première rencontre avec Erri de Luca. Si l'histoire en elle-même ne m'a pas immédiatement emballée – j'ai trouvé le début très lent à se mettre en place alors que ce roman est très court !- l'écriture d'Erri de Luca, elle, m'a emportée.
C'est une prose très poétique, si je puis m'exprimer ainsi, avec des comparaisons parfois improbables et étonnantes mais très belles.
Je vais considérer ce roman comme mon Jour avant le bonheur, en espérant bien trouver la plénitude dans un des autres livres d'Erri de Luca.
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La scopa est un terrible jeu de cartes napolitain.

Don Gaetano y est imbattable. Don Gaetano, c'est le concierge de l'immeuble où vit un jeune garçon sans nom, sans parents, sans amis: le narrateur de l'histoire.

Don Gaetano est un orphelin, lui aussi. Alors à cet enfant renfermé qui n'aime que le ballon, les livres et les yeux tristes de la petite fille recluse au troisième étage, il apprend la ville, Naples , la belle, la pouilleuse, la rebelle - et avec elle, la vie.

Il lui apprend la guerre que l'enfant trop jeune n'a pas connue vraiment, le soulèvement du peuple, l'arrivée des Américains, une fête qui très vite tourne mal. Il lui apprend la solidarité avec un juif lettré caché dans le labyrinthe des grottes sous la ville.

Il lui apprend l'amour avec les veuves italiennes si graves dans les rues sous leurs habits de deuil, et si chaudes une fois la porte refermée. Il lui apprend à savourer le jour d'avant le bonheur, quand une promesse d'enfance devient réalité. Il lui apprend enfin à affronter les jours d'après le bonheur, et à se servir d'un couteau.

Une seule fois, le couteau.

Mais quand il lui a tout appris, que le jeune garçon , enfin, le bat deux fois à la scopa, l'initiation est finie, et l'élève, devenu maître, part sur le dos de la mer, vers la lointaine Argentine. La terre de fuite des Napolitains pauvres que la loi tente de rattraper. Comme d'autres , autrefois.

Qui gagne, perd. "t"aggia 'mpara' e t'aggia perdere". Je dois t'apprendre et te perdre, dit le sage Don Gaetano...

La scopa est un jeu napolitain. Un jeu de cartes où tricher est impossible. Où celui qui gagne perd aussi , beaucoup.

J'ai retrouvé le charme solaire et poétique des récits de De Lucca.

Cette façon rien qu'à lui de mêler l'essentiel et l'accessoire: le tragique des existences humbles et leur reflet mythique chez les Anciens, la misère des loges et des galetas- et le luxe baroque et insolent du soleil sur les fenêtres , sur le tuf, sur la bouche béante du Vésuve.
Le comique impayable des mots, tel ce Napolitain incapable de comprendre l'italien et qui l'écorche pour notre plus grand plaisir- mais qu'on n'aille surtout pas rire devant lui, il nous en coûterait cher!- et l'art consommé de la formule, du "concetto" brillant, du raccourci poétique, fulgurant ...

Et c'est là justement que pour la première fois depuis que je lis Erri de Lucca, j'ai senti quelques réserves..

Trop poli, trop parfait, trop bien serti, trop étincelant, ce bijou du langage...Trop travaillé. Au point de forcer le trait, de frôler la citation pour pages roses...

C'est ce qui m'a retenue de donner cinq étoiles.

C'est ce qui, à mes yeux, canalise l' émotion, toute bridée par l' admiration,

Comme on trouve magnifique une broderie tout en se disant que le foulard, sans rien, aurait eu plus de naturel, plus de légèreté, plus de flou...

Voilà. Ce n'est pas grand-chose, Ce n'est rien.

Juste un petit pas de côté avant le bonheur.
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(Il giorno prima della felicita)
Nous sommes à Naples, juste après la guerre.
Le narrateur est un jeune garçon, orphelin, qui vit sous la protection d'un concierge, don Gaetano.
Ce dernier est un homme passionnant, qui a vécu longtemps en Argentine, et en garde une nostalgie poignante.
Il apprend au garçon à jouer aux cartes, lui montre comment se rendre utile, lui donne les rudiments du métier de plombier.
Il lui donne aussi toutes sortes d'anecdotes sur la deuxième guerre et ses moments les plus cruciaux comme le débarquement à Salerne, les barricades, les abris, le comportement des uns et des autres pendant la guerre.
C'est un magnifique récit d'initiation, et le récit d'une très belle amitié ?

C'est le premier livre de Erri de Luca que je lisais.
C'est un auteur très apprécié en Italie et traduit dans de nombreux pays.
Il a reçu en 2002 le prix Femina étranger pour son livre « Montedidio ».
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Les mots sont des traîtres impitoyables. Ils ne se donnent qu'à ceux qui savent le mieux les faire grincer ou chanter pour, à l'arrivée, se dissoudre dans des phrases qui évoquent des parfums, des sons et des visions, sans effort apparent, comme dans un tour de magie. Les mots sont les amis d'Erri de Luca, qui les caresse, les fait briller, les lustre et ..., les maltraite parfois. Pour le bonheur de ceux, nous lecteurs, qui n'ont pas ce talent chevillé à la plume. Comment évoquer le jour avant le bonheur sans le style, au riche dépouillement, de ce diable de De Luca ? Impossible. Ce livre fait à peine 140 pages, mais il contient tout un monde et une époque, finement décrits dans une langue miraculeuse. le roman d'Erri de Luca est une histoire de transmission entre un concierge protecteur, qui voit et sait tout, et un jeune orphelin qui ne va pas cesser d'apprendre à son contact, dans une ville, Naples, encore enténébrée par les années de guerre. Son histoire et sa libération tout d'abord, fiévreuse et folle ; le sexe, ensuite ; la sagesse enfin. Et ce père de substitution guidera l'adolescent sur les chemins cahoteux de l'amour, non sans connaître la violence, qui rôde comme un rat affamé, et le goût du sang. Derrière le récit, enluminé d'images poétiques sublimes, l'auteur brosse le portrait de cette cité napolitaine, chaude comme les braises du Vésuve et indomptable. De Luca développe un rapport d'amour et de haine avec sa ville natale et nul mieux que lui ne saurait en révéler la véritable identité. " Naples s'était consumée de larmes de guerre, elle se défoulait avec les américains ... C'est à ce moment-là que j'ai compris la ville : monarchie et anarchie ... C'est une ville espagnole. L'Espagne a toujours connu la monarchie, mais aussi le plus fort mouvement anarchiste. Naples est une ville espagnole, elle se trouve en Italie par erreur." le jour avant le bonheur est davantage qu'un roman initiatique, c'est un livre dont la vérité est intemporelle et universelle et qui, par la grâce de son écriture, ne suscite chez le lecteur qu'un sentiment : l'admiration.
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A travers les souvenirs du vieux concierge don Gaetano, l'auteur raconte la libération de Naples en septembre 43 par les habitants!

Pour donner du corps, il ajoute une amourette d'adolescent, un honneur à laver...

Je sature hélas assez vite de cette belle prose du genre Frégni ou Benameur, mais qui en ravira plus d'une;-)
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C'est la vie qui l'emporte. C'est toujours la vie. Ce sera la Vie.
L'enfant de Naples, l'enfant des cendres du Vésuve. Celui qui ne connaît ni pere, ni mère, qui connaît la joie simple. Celle des enfants de Naples. de ceux qui se tiennent les uns aux autres. Emmêles, enchevêtrés. Ceux qui savent la valeur de l'acte du sang, à jamais analphabètes de son prix.
C'est un merveilleux roman initiatique. Celui de l'enfance, de l'adolescente, de l'amour, de la passion, de la grande poésie des hommes.
De ces gestes qui sont comme des pensées qui donnent aux bouches la chair de tous les mots. Poésie du corps, des regards, des choses que l'on nomme petites et et qui pourtant formulent en l'homme l'immensité d'un corps. Celui d'un homme qui entend la pensée d'un peuple. D'un peuple qui du 27 au 30 septembre 1943, lors des Quatre journées de Naples, se soulèva et s'attaqua aux forces nazies qui occupaient sa ville et qui mis en déroute l'armée allemande avant l'arrivée des Alliés. Naples devenue l'américaine, cette « espagnole » italienne,
Naples, la particulière. Naples la grecque, la byzantine, l'angevine, l'aragonaise, la normande, Naples la multiple. Naples la chienne, la rebelle, la sanguine, la brûlante,la douce, la profonde, souterraine, céleste. Naples, l'enfant ,la mer. Naples la fidèle aux sans noms.
Est que que les villes sont bâties comme sont construits les hommes ? Est ce que les villes anticipent le devenir des hommes ?
«  «  Et par ta voix, j'écoute les raisons invisibles pour lesquelles vivaient les villes, et pour lesquelles, peut être bien, après leur mort, elles vivront de nouveau » écrivait Italo Calvino.
De lave et de braises, de sang et de sève, d'homme et de rêves.
On n'ouvre pas la porte parce qu'on sort de la nuit, on ouvre sa porte pour faire entrer le jour.
C'est la première phrase du voyage.
Le premier vers du Poème.
Le jour avant le bonheur.

Astrid Shriqui Garain

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