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Critique de nadejda


Deux parties dans ce livre court mais dense, deux parties qui se répondent et par certains côtés s'opposent. Mais elles retrouveront leur unité dans l'Aleph, première lettre de l'alphabet hébreu qui est égale à un.
Car tout au long de ce récit à deux voix, une voix masculine, celle de l'auteur et une voix féminine, celle de la fille d'un criminel de guerre nazi, c'est la langue hébraïque qui va servir de fil conducteur, l'interrogation sur son usage associée à la question de la vérité dont le narrateur nous dit : « Il est des mots qui exigent le féminin, vérité en fait partie ». C'est par une femme, fille de criminel nazi et narratrice de la seconde partie que la vérité apparaîtra.

Dans les deux parties revient souvent l'expression de « vérité pure » et le mot Èmet (vérité en hébreu), « mot écrit sur le front du Golem, l'homme d'argile qui, par cette formule, se transforme en automate vivant . La légende hébraïque de Prague inspira ensuite le personnage de Frankenstein » nous explique l'auteur.
Pour lui, il n'existe pas de vérité pure ce que nous démontrera la seconde partie car si le criminel nazi s'intéresse comme le traducteur à la langue hébraïque c'est en fait pour se plonger dans la kabbale car « Il prétendait résoudre l'enquête sur l'échec du nazisme avec la kabbale hébraïque. Il n'admettait pas la simple défaite militaire. Des forces s'étaient mobilisées en profondeur qui avaient inversé les destinées. »
De même « il s'était mis à l'étude de la légende du Golem de Prague, la statue sur le front de laquelle le mot èmet, « vérité », infusait la vie. En revanche, la chute de la première lettre, aleph, la lui retirait car sans elle il veut dire : « Il est mort. » Oeuvre d'un rabbin, le Golem était pour lui l'incarnation du peuple juif, automate de la divinité qui l'avait créé à partir de l'argile. « Il suffisait de détruire toutes les lettres aleph, c'est la pure vérité. »

Voilà comment l'usage d'une langue peut être dévoyé, retourné.
Pour le narrateur elle est la vie
« le yiddish a été mon entêtement de colère et de réponse. Une langue n'est pas morte si un seul homme au monde peut encore l'agiter entre son palais et ses dents, la lire, la marmonner, l'accompagner sur un instrument à cordes. »
Tandis que le criminel nazi en arrive à penser que c'était « l'espionnage de l'âme juive qui avait manqué au nazisme pour réussir. Ils avaient échoué en préférant le massacre à l'enquête. »
J'ai choisi d'insister sur ces aspects du livre car ils m'ont passionnée mais il ne faut pas croire que cela en fait un livre hermétique. Les autre critiques parlent largement de la rencontre entre le narrateur et ce couple énigmatique que forme le père et sa fille dans une auberge des dolomites et de ce qui va s'ensuivre. Et ce livre est aussi plein de douceur et de poésie.
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