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Critique de Osmanthe


Un bon livre d'Erri de Luca (mais y'en a-t-il de mauvais de ce pilier de la littérature européenne contemporaine ?). Dans ce qui a tout l'air de ses souvenirs de jeunesse, il nous conte l'histoire d'un été dans les années 1950, celui de ses seize ans, passé chez son oncle sur une île napolitaine. Il y a son cousin Daniele, Nicola le taiseux d'origine serbe, et puis la rencontre d'une fille un peu sauvage et libre, Caia...orpheline, ses origines sont obscures, peut-être roumaines ? Au fil de leurs nombreuses parties de pêche en mer, ces garçons vont sentir secrètement monter une attirance pour Caia, qui ne se prive pas de fricoter avec d'autres garçons. Le narrateur apprend de Nicola qui l'a deviné que Caia est juive...ses sentiments grandissent pour celle qui s'appelle en réalité Hàiele, en même temps qu'un désir de vengeance à l'encontre d'allemands en vacances sur l'île qui un soir à une terrasse insultent la jeune juive, provoquant une bagarre...
Erri de Luca parvient une fois de plus à nous faire ressentir toute la force et le sel de la vie : la découverte du sentiment amoureux, le développement d'une conscience historique et humaniste, l'esprit de responsabilité et la maturité qui se forgent pour devenir adulte...Ce que je trouve peut-être de plus remarquable chez cet immense écrivain est sa capacité à nous faire saisir la puissance d'exister dans le présent, avec la nature : on ressent les effets du soleil, du vent, de la mer sur les esprits et les coeurs, le plaisir de la pêche...on sent du respect pour le maniement des outils du pêcheur et pour le poisson...Chaque page, chaque ligne est gorgée d'émotion, ce serait comme se délecter d'une bouchée tirée d'une figue fraîche. On y est, là, sur ce bateau de pêche, à manier les filets, tirer sur la corde, pendant qu'une jolie fille à demi étendue sur le pont prend le soleil et l'air marin tout en vous observant d'un oeil à la fois admiratif et amusé...car si elle s'arroge volontiers quelque possessivité sur vous (Tu, mio), elle sait qu'ELLE n'appartient à personne. Alors il faut profiter de ces instants privilégiés mais éphémères, mais avec humilité, c'est l'apprentissage de la vie...
Toute la littérature ou presque d'Erri de Luca tourne autour de ses souvenirs d'une jeunesse napolitaine d'après-guerre, hantée par les horreurs que l'homme a été capable de commettre, par le respect des gens pauvres, simples, qui savent défendre des valeurs d'honneur, de respect de l'autre, de l'étranger, de la nature, dans une légère nostalgie non larmoyante, et tout cela magnifié par une écriture d'une élégance remarquable. Personnellement, je ne m'en lasse pas !
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