On peut faire souffrir quelqu'un qu'on aime, mais quelqu'un qu'on n'aime pas... Non, c'est bas.
Elle savait que le moment était venu... Celui auquel elle s'était préparée et dont elle pressentait la douleur abyssale qu'il fallait lui causer. Ce fut très lent, très long... Les lèvres butant sur chaque syllabe... Madeleine attendait, patiente, voyant se dérouler la vie de son fils... Une vie dont elle ne savait rien, qui parlait d'un enfant qui était le sien et qu'elle ne connaissait pas.
De tout ce que vous possédez, c'est encore votre liberté qui a le plus de prix.
Ce sont les morts qui se chargent de réunir les vivants.
Madeleine était une femme divorcée....
"On se remarie à cet âge-là", lui avait dit son père, " Une banque qui a des intérêts dans de nombreuses sociétés commerciales, ça n'est pas une affaire de femmes ."
– Nous sommes d'une famille qui a des principes très stricts.
– J'aime les principes surtout lorsqu'ils sont déclarés par d'aussi jolies bouches.
- Attendez ! Et s'il est déjà mort, hein ? C'est légal, votre machin ? Vous allez lui envoyer son héritage au cimetière ? Depuis quand un macchabée peut-il hériter ?
- Lobgeois... L'année dernière, Hitler remporte les élections en juillet, l'Allemagne quitte la conférence sur le désarmement en septembre, et toi, ça ne t'ébranle pas ?
- Moi, je trouve Hitler plutôt rassurant. Il va remettre de l'ordre dans cette petaudiere qu'est devenue l'Allemagne. Nous avons le même ennemi que lui : le communisme.
- Absolument !
– Je vous ai conseillé au mieux, mais vous n’avez pas voulu m’écouter.
– Avec Charles, mon propre oncle… Vous me retrouverez sur votre route, Gustave. Je vais utiliser les obligations de Paul dont j’assure la gestion pour réorganiser notre vie et…
– Quelles obligations ?
– Celles dont Paul a hérité de son grand-père.
– Mais… Vous les avez vendues, souvenez-vous, je vous ai conseillé de restructurer en abandonnant les titres pauvres, vous m’avez dit comprendre ce que vous signiez.
Vous êtes, m'assurez-vous, à la limite de la faillite or, mon oncle, on ne prête pas d'argent à quelqu'un qui va bientôt mourir, vous le savez bien... Si je ne craignais pas d'être vulgaire, je vous dirais carrément qu'on ne distribue pas de l'argent à des macchabées.