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Critique de Fleitour


J'ai reçu les dieux du Tango par la poste depuis Le Cherche Midi éditions, vieux souvenir, ils chapeautaient en 1980 les éditions St Germain des Prés, où j'avais publié. Ce livre écrit par Carolina de Robertis, est un beau cadeau de Babelio, dont je suis l'heureux élu, de masse critique. Excellent tirage, pour les amoureux de cette danse, ou comme moi intrigué par l'engouement de cette discipline. Des compétitions de tango existent une amie de ma fille pratique assidûment les parquets.

Les 110 premières pages, ont failli m'envoyer dans le décor, et le sommeil, et le livre aux dieux anciens.

Puis l'histoire de Cora, jeune amie de Léda, a creusé en moi un désir d'en savoir un peu plus, et plus je m'enfonçais dans le sable, plus je me pris de tendresse pour cette femme qui va s'habiller en homme. C'est la belle idée de Carolina, devenir Dante, le mari tué pendant une grève, Dante qui suscite admiration et courage.

Subterfuge, car pour jouer du violon, et pour danser le tango il faut être un homme, ou pour le tango une prostituée, le naufrage des premiers moments à Buenos Aires, se dissipe dans le brouillard des cigarettes, dans les odeurs des corps qui dansent avant de rejoindre le corps d'une femme promise, une danse d'affamés, il n'y a pas assez de filles, et trop de migrants.
La découverte du tango, de cette musique que léda ne sait jouer, de ces accords si simples qui se conjuguent diablement, est un apprentissage douloureux, muet, un territoire où la féminité ne s'affiche pas, ne se montre pas, ne s'entend pas, mais ruisselle dans les mains et le coeur des argentins ; il lui faudra des mois pour savoir, des mois pour s'afficher avec ceux qui vont la mener sans le savoir, comme des pères amoureux de leur enfants vers la plénitude sacrée de cette musique.

La danse viendra, par touches et dans le coeur de Carmen par un désir brûlant, avant d'irriguer de sensualité le corps de Léda devenue Dante.

Toute la magie de ce livre tient dans l'ambiguïté des sexes, des interdits, des soupirs calfeutrés des alcôves, des amours qui s'affichent dans cette danse, qui se mime pour mieux s'exprimer dans le secret.

L'écriture est charnelle, féminine, violente aussi, tant les désirs sont esquissés, entravés, dans une culture qu'il faut sauvegarder, manipuler les dieux païens, le temps d'assouvir le corps et de saturer le cœur.

J'achète sans aucun remord, on est à des années lumières du bal des débutantes.
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