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sur 155 notes
Les dieux du tango ne sont pas avec moi !

Je ne les ai pas rencontrés tout au long – très long ! – de ce livre, que je n'aurais pas lu jusqu'au bout si l'éditeur ne me l'avait offert, par l'intermédiaire de Babelio.

Je risque désormais leur courroux, en écrivant cette chronique comme je m'y étais engagé, alors qu'il eût peut-être été préférable de me taire.

Quelle est la trame du roman ? Leda est une toute jeune Italienne, débarquée seule et sans ressources à Buenos Aires. Son unique patrimoine est un violon dont elle sait à peine jouer. Munie de ce violon, Leda parviendra à survivre, puis à vivre, en inscrivant son parcours dans celui du tango pendant les premières décennies du vingtième siècle. Un tango au début confiné dans les bastringues et les bordels des bas-fonds, où prostituées et travailleurs misérables s'enivrent de sa chorégraphie lascive ; un tango qui finira par acquérir ses titres de respectabilité et trouver sa place dans les cabarets fréquentés par la meilleure société de Buenos Aires… Lascivité pour tous !

Un parcours semé d'embûches pour Leda, les femmes musiciennes n'étant pas à l'époque tolérées en Amérique Latine, où les esprits étaient resté désespérément machistes. Leda devra se faire passer pour un homme et ne jamais se dévoiler à quiconque…

Cadré comme cela, tout aurait pu aller bien… Mais voilà ! Des longueurs, des redondances, des digressions sans intérêt ! Carolina de Robertis sait incontestablement manier la plume. Sur un détail de rien du tout, elle vous noircit facilement cinq feuillets. Au total, un récit de cinq cent quarante pages et une forme de verbiage qui ralentit la lecture, la rendant ennuyeuse… Pour moi, en tout cas !

Des invraisemblances, aussi. Peut on croire, par exemple, que Leda apprenne à jouer du violon toute seule, dans le silence, en mimant les gestes ?... Après tout, pourquoi pas ! Enfant, j'avais bien appris à nager le crawl en répétant les mouvements sur mon lit…

Je n'ai pas été sensible aux velléités lyriques de l'auteure, à ses manières d'envolées emphatiques parfois proches du ridicule, comme ce titre de chapitre intitulé « une gorgée de la rivière de l'oubli » ou ce propos sur la chaleur de l'été, quand « l'air devint aussi épais qu'un grog brûlant dont une simple bouffée suffisait à rendre saoul ».

Toute à ses recherches de style, Carolina de Robertis ne m'a pas donné le sentiment d'une véritable passion pour la musique en général et le tango en particulier. Tiens ! Tango et blues ont des racines communes, apprend-on ! « Les mots ne sont jamais les mêmes, pour exprimer ce qu'est le blues », chante Johnny, exsudant sa passion. Ne pas le prendre au pied de la lettre. Peu de mots, en fait. Des mots simples. C'est suffisant.

A l'évidence, l'auteure n'a pas écrit ce roman pour un lecteur de mon genre. Comment aurais-je pu me sentir concerné par les acrobaties intimes accomplies chaque jour par Leda pour dissimuler sa féminité ?... Prisonnière à perpétuité de son apparence masculine, Leda se découvre une attirance sexuelle pour les femmes. Elle s'avérera une amante experte, emportant ses partenaires dans des tourbillons de jouissances semble-t-il inouïes (!), sans que ces femmes ne doutent de sa masculinité. L'une d'elles l'accusera même d'être le père de son enfant !... Si ! c'est dans le livre !... Si vous voulez en savoir plus, lisez-le. Mais je vous préviens, ce ne sont que des scènes de cul très soft, aussi érotiques qu'un documentaire sur la reproduction des huitres. Des récits où le plaisir est idéalisé et sublimé, juste crédibles pour celles et ceux qui préfèrent que l'amour physique reste un rêve…

Je terminerai par un compliment pour un très bel effet littéraire. Je suis revenu à plusieurs reprises sur la première page, incompréhensible à la lecture des événements racontés par la suite. La lumière ne surgit qu'après les toutes dernières pages. Magnifique !... Combien s'en rendront compte ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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«Quelle tristesse que Dieu ait donné une telle oreille à une femme», p 167

Un superbe portrait de femme avant tout,
une ode à la musique argentine et au tango aussi,
un roman sur l'immigration en Argentine au début du XXe siècle... à travers la vie de la jeune Leda qui quitte son Italie natale pleine d'espoir pour sa vie à venir.

En 1913 la condition de la femme est très limité: soumise à son père ou à son mari, juste bonne à nourrir les siens, faire le ménage et coudre les vêtements. Elle n'a même pas le droit d'apprendre à jouer d'un instrument de musique; ce serait une pure perte de temps puisqu'elle doit tout son temps à tenir la maison. La jeune Leda a pourtant très envie de jouer du violon comme son père et son grand-père. Elle s'entraîne en cachette.
A cette époque, de nombreux jeunes fuient la misère et espèrent gagner un monde nouveau et se construire leur vie rêvée en embarquant pour les Amériques. Un cousin de Leda, Dante, part en Argentine. Ils se font la promesse de s'y retrouver et se fiancent. Ils fuient tous les deux un passé lourd et un fardeau difficile à porter. Hélas lorsque Leda débarque enfin sur le sol argentin, Dante n'est plus. Seule, veuve, sans véritable ressource, elle va devoir composer avec la vie, tricher, mentir, se cacher pour s'en sortir. C'est le tango qui va lui permettre de se trouver, la musique qui va la sauver.
Peu à peu, à travers le parcours semé d'embûches de Leda, le lecteur entre en contact avec le monde de la nuit argentine rythmé par le tango qui se développe progressivement, se modifie, emporte les foules et entremêle parfois les passions.

Ce roman apparaît comme une véritable fresque historique à la découverte de Buenos Aires au début du XXe siècle. La vie des immigrés de différentes provenances, leurs conditions de travail et de survie, les épidémies qui déplacent les populations d'origines et permettent aux nouvelles de s'installer dans les quartiers de la Boca ou San Telmo, la progression du tango jusqu'à son apogée, alors que l'Europe entre en guerre et se déchire. C'est une époque de ruptures, de changements irréversibles, de tourmente.
La plume de Carolina de Robertis sait admirablement rendre ces sentiments multiples, divers, parfois opposés. Ce monde en profonde mutation qui souffre, se passionne, séduit, détruit aussi mais qui est la condition de milliers d'êtres qui ne demandent qu'à vivre.

Un roman à l'écriture fine et précise, au rythme bien structuré dans des parties distinctes, emprunt d'une grande sensualité, de générosité, de respect et de tolérance. Puisse-t-il contribuer à ouvrir un peu plus grand certains esprits...

Merci aux éditions du Cherche-Midi pour ce cadeau et à Babelio de m'avoir invitée à cette Masse Critique spéciale! Je suis heureuse de cette découverte.
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« le tango est une pensée triste qui se danse » 
Il y a quelques semaines, j'ai connu une Cetta qui quittait son Italie natale en 1909 pour l'Amérique. Elle finira prostituée dans l'Upper East Side donnera naissance à Christmas pour un roman qui m'a emballé (voir « le gang des rêves »).
Et voici que Carolina de Robertis me présente une Leda qui quitte son Italie natale en 1913 pour l'Amérique. Elle aurait pu finir prostituée dans une pulperia de Buenos Aires. Elle fait un autre choix... Et son histoire m'a séduit aussi...
Je n'ai pas vu filer les 500 pages, emballées dans une couverture remarquable... Ce roman envoûtant est à la fois une peinture forte des bas-fonds de Buenos Aires, le récit de l'émancipation d'une jeune femme prête à tout pour vivre de sa passion et c'est enfin le roman du tango, qui évolue et quitte ses racines populaires, cesse de d'être la musique des exclus pour devenir une musique à la mode... Cette musique et cette danse qui fascine de par sa sensualité et son érotisme torride.
Les Dieux du tango c'est l'histoire de Leda qui quitte Naples et débarque à Buenos Aires où elle doit rejoindre son cousin et mari, Dante. Malheureusement, Dante vient de mourir. Refusant de repartir en Italie pour se retrouver à nouveau prisonnière de sa famille, Leda choisit de rester en se créant une nouvelle vie. Cette vie, ce sera la musique, le violon confié par son père la veille de son départ, et le tango. Mais cette vie-là, elle ne peut la vivre en tant que femme, elle va donc devenir un homme...
Sans doute inspirée du personnage réel de Billy Tipton  ( quelle histoire fascinante que celle de ce musicien de jazz dont on découvrit à sa mort qu'il était une femme), Carolina de Robertis, mêle à la mutation de cette musique nouvelle, cette transformation de Leda qui devient Dante, cette quête d'amour et de désir, cette sexualité qui se découvre ou s'éveille, cette ligne discontinue, frontière entre deux sexes, deux mondes...
Les Dieux du tango, c'est un magnifique roman palpitant, sensuel, dont les pages se tournent toutes seules. Un très beau récit, exaltant et riche de thèmes, d'interrogations, de symboles. Roman initiatique dans une Buenos Aires multi culturelle, c'est le roman de l'immigration italienne en Argentine, de l'exil, du pays natal à jamais perdu, mais surtout, en nous contant l'histoire du Tango, l'auteur nous parle avant tout de la place des femmes dans la société, avec une belle galerie de portraits féminins , de celle qui se soumet à celle qui s'émancipe. C'est le roman d'une femme qui trouve grâce à la musique les clés d'une porte intime secrète. Nombre de passages sont d'une beauté saisissante d'une sensualité incroyable, sur le tango, sur l'érotisme et le corps des femmes.

Un roman intense passionnant qui vibre de passion, dans lequel la mort et l'amour dansent un tango langoureux...

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« Elle pressait les cordes de son violon et cinquante jolies chevilles de femmes bougeaient en même temps, vingt-cinq adorables dos s'arquaient, vingt-cinq cuisses remontaient le long de jambes de pantalon. Ces corps se pressaient les uns contre les autres comme elle pressait le manche de son doux violon en les regardant depuis la scène. Serre la bien contre toi, compadre, pensait Dante.Glisse ta jambe entre les siennes, guide-la si habilement qu'elle croira que le mouvement vient d'elle, cale ta main dans le creux de ses son dos comme si c'était le siège de tous les plaisirs terrestres et je te donnerai ma musique. Nuit après nuit, ma musique te fera bouger, ma musique te guidera, ma musique, à travers toi, lui fera l'amour. »
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En février 1913, Leda a dix-sept ans .
Elle quitte son petit village Italien et rejoint son cousin Dante qu'elle vient d'épouser en Argentine.
Hélas, à son arrivée Dante est mort, au lieu de retourner en Italie, elle se lance à la découverte de ce nouveau monde et cette Musique : le Tango qui fait bouillonner les quartiers chauds de cette ville.
Habillée en homme, vêtue du costume de son mari, elle se lance un défi improbable et part invisible, à travers la ville.....
Immergée dans le monde de la nuit, elle s'engage toute entière dans un voyage qui la mènera tout au bord de sa condition de femme, forte de ses convictions artistiques ....
Un roman pétri de sensualité et de mouvement , qui met à l'honneur le bruit et la fureur , la musique et la femme mais pas seulement .....
Toute sa magie tient à la vibration des nuits chaudes du tango dans la chaleur écrasante d'Argentine , l'ambiguïté des sexes et des interdits, des amours folles , des histoires cachées, et des mélodies audacieuses .
L'écriture vivante, colorée, féminine, violente, charnelle exalte tous les désirs....
L'intérêt de ce récit ancré dans l'histoire du XX° sicle nous immerge dans le Buenos Aires de 1915 , sur le thème de la quête de soi, de l'émancipation , de l'évolution, une quête constante , acharnée , faite de passions exacerbées, de sensualité débridée, un roman émaillé de nombreuses scènes de sexe.
Nous vibrons à la chaleur du tango argentin mais nous découvrons aussi les avatars , les souffrances, les abandons et les nombreux chambardements pour les émigrés déracinés, leur capacité à s'adapter , ainsi que la condition féminine en Italie et en Argentine .
Une ode à la liberté , un témoignage fort sur la naissance et l'histoire du tango .
Dommage que l'écriture très imagée, émaillée d'envolées lyriques alourdissent ce récit un peu trop long.
Mais ce n'est que mon avis , un livre emprunté à la Médiathèque à cause du titre et du rouge de la première de couverture, ridicule non!!
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Pourquoi je l'ai choisi:

J'ai été séduite immédiatement par le synopsis, et j'avais hâte de connaître les débuts du Tango…Je remercie d'ailleurs chaleureusement Babélio ainsi que les éditions Cherche Midi pour l'envoi de ce livre! J'ai trouvé la couverture magnifique!
Les personnages:

Leda, jeune fille timide, seule dans un autre pays par la force du Destin, elle prendra son courage à deux mains et son instrument pour faire de son rêve une réalité…Elle aurait pu être un coup de coeur par la force de son courage et sa détermination, mais finalement, je l'ai trouvé un peu trop effacée, il m'a manqué un tout petit quelque chose pour qu'elle soit chère à mon coeur…Pour autant, elle nous ouvre avec délicatesse, ce monde d'hommes…

Ce que j'ai ressenti:…Une danse en demi-teinte…

« Dans le plus grand des silences, elle jeta ces pensées à la face de la nuit.
Et la nuit dressa une barricade d'étoiles. «

Quand j'ai vu ce titre et cette couverture avec ces fleurs rouges énormes, je m'attendais à plus de musique, plus de divin, plus de rougeoyante robes…C'est vrai que ce livre retrace la naissance du Tango, avec diverses influences, et multiples adaptations, mais j'attendais peut être qu'il prenne plus, le devant de la scène, plus de résonances, plus de légendes…Que ce violon de Naples joue avec plus d'intensité…

« On fait avec ce qu'on a pour tenir le chaos à distance, disait La Strega. Et le chaos est partout. On en a jamais fini avec ça. »

Carolina de Robertis a une plume délicate, féminine, poétique. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire certains passages aux envolées musicales et lyriques, mais surtout très sensuelle, à l'image du Tango…En nous faisant vivre à travers son héroïne non conventionnelle, sa passion pour cette musique, on retrace les origines même de cette danse des conventillo, son imprégnation des bas-fonds de Buenos Aires, sa force dans cet esprit de liberté…Les nuits en Argentine sont muy caliente en ce début de siècle…

« Toutes les créatures sur Terre dorment le jour ou la nuit, mais Buenos Aires ne dormait jamais. C'était donc une créature qui n'était pas de ce monde. »

Ce roman parle de déracinement, de la recherche perpétuelle de son identité. Leda jouera tous les codes, prendra tous les chemins de traverses pour essayer de trouver sa place dans ce pays en plein essor, où trop d'étrangers voient trop grand, ce rêve des Amériques…Dans la musique, et par son instrument, elle aura l'impression qu'elle pourrait bien faire entendre un son qui mettrait tout le monde d'accord, qui réunirait sur la piste tous les corps, qui ferait pourquoi pas danser Les Dieux du Tango, eux même…

« La musique était une flèche qui transperçait les murs les plus épais. La musique faisait oublier les inégalités. La musique transcendait les siècles. C'était le nectar des démons, l'ambroisie de Dieu. »

Ma note Plaisir de Lecture 7/10

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🎶 Pas de deux sur les rythmes saccadés du bandonéon et des violons du tango argentin. 🎶

Début 20ème siècle.
Dans les quartiers surpeuplés du Buenos Aires des émigrants, une petite italienne isolée se fait une place de musicien, en mystère de sa féminité. Avec opiniâtreté et courage, son talent et sa personnalité s'épanouissent au son de la musique et de la sensualité.
L'histoire séduit par ce personnage attachant et par la peinture d'une époque. Tout débute de façon classique par un parcours de déracinement, pour un roman sentimental sur contexte d'émigration, de condition des femmes et de leur émancipation.

Carolina de Robertis a un beau talent de conteuse pour mettre en mots les émotions, et elle s'appuie sur une solide documentation pour suivre la genèse de ce courant artistique typiquement argentin et ses multiples évolutions. En parallèle, elle s'inspire de la vie de Billy Tipton, jazzman américain pour évoquer la transidentité.

Si le tango orchestral reste le coeur du roman, il est aussi assez insaisissable.
J'ai regretté de ne pas "entendre" suffisamment la musique, sacrifiée aux parcours des personnages. Il manque un vrai souffle au roman, une plus grande hauteur de vue sociale, car il tourne trop autour de l'ambiguïté sexuelle de l'héroïne, au point d'en être peu crédible. le désir féminin, illustré en métaphore par cette musique enivrante et corporelle, me semble trop simpliste.

Remerciements à Babelio et aux Éditions du ChercheMidi pour cette parenthèse langoureusement musicale dont les pages "s'écoutent" sans déplaisir. 🎶
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Ce roman est à l'image de cette musique et danse : envoûtant, sensuel, cruel parfois. Ouvrir ce livre et vous voilà transportés dans un autre monde, charmés par la douce plume de l'auteure, vous vous laisserez emporter dans les sillons de l'histoire du tango certes mais pas que.
Nous sommes en 1913 en Italie, un drame se joue avant même que le roman se poursuit, c'est déjà les prémices des amours avortés. Cora et Lena, cousines, amies presque soeurs dessinent le tableau d'une tragédie qui poursuivra Lena au-delà de l'océan. le paquebot qui l'emporte vers une autre vie, tout comme bien des centaines de congénères, espérant une terre d'accueil, accoste en Argentine. Sur le quai, devait l'attendre son mari sur papier, le frère de Cora donc son cousin. Hélas, Lena pensait débuter une nouvelle vie avec son mari, fonder une famille et pouvoir rêver à un avenir meilleur. Tout s'écroule quand l'ami de Dante vient lui annoncer le drame. Je ne peux hélas vous le révéler. Lena – Dante, une, deux personnes, parfois les deux.
Lena n'a rien, sauf son courage et un trésor inestimable : un violon et pas n'importe lequel celui du roi de Naples. Ce petit instrument va lui ouvrir une nouvelle route, vers une vie à l'opposé de ce qu'elle pensait vivre.

Ce roman est coloré, chaleureux, et empli de courage par le personnage de Lena mais aussi de tous ces pauvres diables qui tentent l'aventure sur un continent hostile où il ne fait pas toujours bon d'être une femme.
Voici une autre corde à l'arc, l'auteure à travers le personnage de Cora, Lena, Rosa, Alma oui que des A, nous peint la condition féminine de cette époque, et comment Lena a su passer outre les barrages montés bien haut afin que la femme ne puisse accéder à la gloire et la réussite pour ne pas dire faire de l'ombre à l'homme.
C'est aussi, une façon de nous exposer l'homosexualité féminine, vous imaginez à cette époque où la femme n'était qu'une chose alors grand Dieu, deux femmes qui s'aiment c'est le bucher assuré. Quelques passages sur ces rencontres féminines, qui restent soft et n'entachent pas le sujet principal qui reste l'immigration, la naissance et la reconnaissance du Tango. Je ne suis pas une spécialiste du genre, mais j'ai par cette lecture enrichi mes connaissances sur le Tango, et je ne mets pas en doute la crédibilité de l'auteure, toute information est bonne à connaître, à chacun de vérifier son authenticité. Ça reste un roman avant tout, avec sa part de fiction, de rêve, et je dois dire que la belle complicité qui régnait dans l'orchestre que vous découvrirez en lisant ce livre, m'a fait frémir. L'auteure a su nous livrer la passion musicale, tout ce que la musique peut procurer à ceux qui la jouent et la vivent pleinement, on ne peut rester indifférent à cette grande dame, fut elle du tango, elle est immense et émouvante, elle vous possède entièrement vous emmenant loin très loin où plus rien n'existe que le rythme qui vous emporte. Les danseurs de tango l'ont bien compris, il suffit de les regarder tanguer, glisser, se cambrer, tournoyer, pour comprendre cette osmose qui règne entre la musique et ses musiciens, la musique et ses danseurs. Tout un monde qui ne s'ouvre pas à tous un peu comme la poésie, on est hermétique ou sensible. A chacun sa clé, à chacun sa chance, à chacun son univers.

Par ce roman, j'ai donc voyagé, dansé, frémi, j'ai beaucoup aimé le personnage de Lena, sa bravoure et sa détermination à conquérir son monde, braver les interdits, découvrir et explorer un univers qu'elle ignorait totalement comme beaucoup soit dit en passant. J'ai apprécié le côté historique et sociologique du récit, et j'ai également beaucoup aimé la plume de cette auteure que je ne connaissais pas.
De plus, le livre en tant que tel est très agréable bien que lourd, mais il a une chouette couverture, et l'intérieur est tout aussi beau… un beau livre qui me change des poches.

Pour cela, je dois tous mes plus chaleureux remerciements à Babelio qui m'a permis de pouvoir concourir à une masse critique privée, et mes plus vifs remerciements aux éditions Cherche midi qui m'a offert ce très beau roman dans les deux sens du terme.

Une très belle lecture pour un très beau livre pour mettre à l'honneur, la femme, la musique, le tango, et tous les êtres qui mettent en péril leur vie en quittant leur terre pour espérer rejoindre un bout de paradis tant rêvé.
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Léda débarque à Buenos Aires pour rejoindre son homme, épousé par procuration, avec pour tout bagage quelques robes, un beau chapeau et le violon de son père.
Hèlas son mari n'est plus et la voilà seule encore adolescente mais déjà veuve et toujours vierge, naufragée dans un pays inconnu. Malgré l'insistance de sa famille à la voir revenir sur le vieux continent, Léda décide de rester même si pour une femme immigrée il n'existe alors pas beaucoup de perpectives, soit se prostituer ou rester enfermée à tirer l'aiguille pendant des heures pour un salaire de misère. A moins que.....
A moins de faire siennes les paroles de Lou Andréas Salomé: "Le monde ne te fera pas de cadeau, crois moi. Si tu veux avoir une vie: vole la ! "
Il suffisait d'y penser. Puis d'oser... Et Léda ose enfreindre les tabous, braver les dangers, pour se lancer dans un nouveau monde dans lequel elle n'a rien à faire. Elle découvre l'univers mystérieux du tango et des hommes qui l'écoutent, le dansent et le jouent. Et quand Léda endosse le costume de feu son mari pour s'y infiltrer, elle ne fait pas que se travestir mais permet à sa véritable identité de voir le jour.
Son aventure semble inspirée par la vie, bien réelle, de Dorothy Lucille (Billy) Tipton, célèbre musicien de jazz des années 50 qui y a pris la tenue et le nom d'un homme pour en a adopter le statut pendant toute se vie.
Ce roman qui nous plonge dans les quartiers populaires de la capitale argentine au début du XXe siècle, offre une belle découverte de l'histoire souvent méconnue de la musique de tango. Mais si le tango est le fil conducteur du récit, Carolina de Robertis y explore plus largement avec le jeu troublant de Léda, la fluidité du genre masculin/ féminin et l'immensité mystérieuse de l'amour. L'auteure, elle même mariée à une femme, en connaît bien la musique.
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J'ai reçu les dieux du Tango par la poste depuis Le Cherche Midi éditions, vieux souvenir, ils chapeautaient en 1980 les éditions St Germain des Prés, où j'avais publié. Ce livre écrit par Carolina de Robertis, est un beau cadeau de Babelio, dont je suis l'heureux élu, de masse critique. Excellent tirage, pour les amoureux de cette danse, ou comme moi intrigué par l'engouement de cette discipline. Des compétitions de tango existent une amie de ma fille pratique assidûment les parquets.

Les 110 premières pages, ont failli m'envoyer dans le décor, et le sommeil, et le livre aux dieux anciens.

Puis l'histoire de Cora, jeune amie de Léda, a creusé en moi un désir d'en savoir un peu plus, et plus je m'enfonçais dans le sable, plus je me pris de tendresse pour cette femme qui va s'habiller en homme. C'est la belle idée de Carolina, devenir Dante, le mari tué pendant une grève, Dante qui suscite admiration et courage.

Subterfuge, car pour jouer du violon, et pour danser le tango il faut être un homme, ou pour le tango une prostituée, le naufrage des premiers moments à Buenos Aires, se dissipe dans le brouillard des cigarettes, dans les odeurs des corps qui dansent avant de rejoindre le corps d'une femme promise, une danse d'affamés, il n'y a pas assez de filles, et trop de migrants.
La découverte du tango, de cette musique que léda ne sait jouer, de ces accords si simples qui se conjuguent diablement, est un apprentissage douloureux, muet, un territoire où la féminité ne s'affiche pas, ne se montre pas, ne s'entend pas, mais ruisselle dans les mains et le coeur des argentins ; il lui faudra des mois pour savoir, des mois pour s'afficher avec ceux qui vont la mener sans le savoir, comme des pères amoureux de leur enfants vers la plénitude sacrée de cette musique.

La danse viendra, par touches et dans le coeur de Carmen par un désir brûlant, avant d'irriguer de sensualité le corps de Léda devenue Dante.

Toute la magie de ce livre tient dans l'ambiguïté des sexes, des interdits, des soupirs calfeutrés des alcôves, des amours qui s'affichent dans cette danse, qui se mime pour mieux s'exprimer dans le secret.

L'écriture est charnelle, féminine, violente aussi, tant les désirs sont esquissés, entravés, dans une culture qu'il faut sauvegarder, manipuler les dieux païens, le temps d'assouvir le corps et de saturer le cœur.

J'achète sans aucun remord, on est à des années lumières du bal des débutantes.
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Les jeunes épouses Leda et Fausta embarquent à Naples sur le vapeur les emmenant rejoindre leur mari émigré à Buenosaires, mais c'est Arthuro qui accueille Leda car son mari, Dante, est mort.

La nuit, dans sa chambre, elle revêt les vêtements de Dante et joue en silence sur son violon les mélodies que joue dans la rue le vieux Nestor aveugle, les mélodies du tango qu'elle réalise bientôt en duo avec lui mais la rue est interdite aux femmes la nuit.

Alors elle se coupe les cheveux, s'habille en homme, redresse les épaules, sort le soir, boit, fume et se fait engager comme violoniste.
Commence une success story pendant laquelle elle découvre, effrayée, son homosexualité.

Malgré mon appréhension du début j'ai poursuivi ma lecture (mon écoute) et j'ai accroché, à cette Leda en quête de son identité sexuelle, ces scènes extraordinaires de danse, musique, sensualité, et puis j'aime les happy ends;--)
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