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Critique de Pois0n


Métaphysique du Vampire est, du début à la fin, une sorte d'OLNI (Objet Littéraire Non Identifié). Ça commence dès les premières lignes, entre le protagoniste, un vampire au service du Vatican, et la plume, mélange improbable de vocabulaire riche et de ton assez cru d'une acidité à tout épreuve.
Au premier abord, le mélange fonctionne plutôt pas mal, la langue de pute de Navarre séduit d'emblée, et lui aussi par la même occasion. On le suit à Rome, puis au Brésil... et c'est là que les choses commencent à se gâter.

Passé la première impression, très positive, on se rend compte que tout ça est très verbeux pour pas grand-chose, que la narration piétine et que l'histoire traîne méchamment en longueur. Lorsqu'il s'agit de faire digresser Navarre pendant des plombes, Jeanne-A-Debats excelle (et, la plupart du temps, sait reprendre le fil du récit juste avant que ça ne devienne vraiment lourdingue) ; par contre lorsqu'il s'agit d'éclaircir certains points obscurs (), pouic ! Et que dire de ces passages qui ne servent franchement à rien () ? Quant aux personnages secondaires, si le Père Ignacio se révèle aussi attachant que peu présent, Dana, elle, est tantôt transparente, tantôt imbuvable. Où est la valkyrie pleine de charme promise dans la résumé ? Nulle part, et même Navarre n'est pas plus emballé que ça, lui qui a pourtant plus ou moins envie de sauter tout ce qui bouge. Pourtant, il y a là de super idées : le passage « d'infiltration », haletant ; la... « protection » de la maison, franchement rigolote. Enfin l'idée cesse d'amuser dès lors que l'auteure en abuse, d'autant qu'en dépit de l'utilisation de métaphores plus imagées les unes que les autres, aucune ne parvient réellement à retranscrire de façon un tant soit peu efficace ce que ressent Navarre. Bilan, (), mis à part pour buter du nazi lors de 2-3 passages d'action là encore bien foutus. L'ensemble a le mérite d'être original, mais l'épilogue, longuet comme pas permis, achève de laisser un goût bizarre sur le palais. En fait, l'histoire courte nommée « Métaphysique du Vampire » donne l'impression d'avoir été rallongée artificiellement, comme s'il y avait un nombre minimum de mots à atteindre...

Bref, autant dire que l'effet « soufflé qui retombe » ne pardonne pas et c'est sans enthousiasme mais avec un espoir certain que l'on se lance dans les trois autres récits, plus courts.

Dans « Lance », il est là encore question de trucider du nazi (décidément...), mais avec en plus Lancelot du Lac et une histoire de bébé à sauver d'un dragon. Que... ? Oui, vous avez bien lu. Et en attendant de savoir ce que l'auteure a fumé, on ne pourra pas lui reprocher de manquer d'idées saugrenues. Pour le reste, c'est malheureusement bis repetita malgré le changement de décor : beaucoup de blabla, la queue de Navarre toujours au premier plan, et une énorme déception au bout du compte ().

Bref, c'est de plus en plus pessimiste que l'on entame « Ovogenèse du Vampire »,qui nous emmène dans le Londres victorien. Et là, contre toute attente, la magie opère. Est-ce parce que la nouvelle est la plus courte du recueil, celle-ci ne souffre d'aucun problème de rythme. Alors oui, l'histoire manque peut-être du grain de folie des deux textes précédents, mais a justement le mérite de ne pas partir dans tous les sens. C'est direct, c'est efficace, les deux acolytes de Navarre sont attachants, la narration cesse enfin de s'attarder plus que nécéssaire sur les érections du héros et on passe vraiment un excellent moment.

Las, celui-ci ne dure pas, puisqu'il reste encore à affronter le pire du recueil, « La fontaine aux serpents ». Dans cette nouvelle, on a droit à tout pour nous rebuter : l'effet flashback peu après le début de l'histoire (alors que montrer l'arrivée de Navarre dans la navette ne sert à rien) ; le changement de point de vue, certes utile pour le scénario, mais qui commence par être pouuuuuussif à un point incroyable dans l'introduction (non, franchement, toutes ces digressions politiques de l'espace c'est bien gentil, mais ça ne sert à rien, c'est chiant à lire et les explications qui permettent de rendre tout ça compréhensible pour le lecteur n'arrivent... qu'à la fin du « chapitre », génial) ; des personnages pourtant ultra prometteurs et charismatiques sous-exploités (Joran !!!) ou dont on se demande l'utilité autre que symbolique (Eugénie, ). L'auteure parvient certes à faire le tour de son thème, reste que l'histoire elle-même n'est pas bien folichonne, que le décor fait très « station spatiale générique n°5496 » et que la conclusion laisse une impression de « tout ça pour ça ». Heureusement que la postface nous décrit l'auteure comme spécialiste de la SF, tant celle-ci s'avère (dans ce livre, en tout cas) meilleure avec le fantastique...

Faut-il donc faire l'impasse sur ce recueil ? Pas forcément. La personnalité assez unique de Navarre rend tout de même ses aventures sympa à lire (disons-le tout net : « sauve carrément les meubles »), le mélange soutenu/vulgaire du style est une curiosité à lui seul bien que plus l'on avance dans sa lecture, plus celui-ci laisse une impression bizarre...

Un OLNI, donc, qui mérite très certainement qu'on lui laisse sa chance, qui peut sans doute être une bonne surprise, à condition de savoir à quoi s'attendre.
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