« Si cette énergie malveillante pouvait s’en prendre à moi de cette façon, que pourrait-elle faire aux garçons et que pouvais-je faire pour l’en empêcher ? »
« — Je ne me rappelle plus les paroles.
— Je la connais.
Je me souvenais de l’air, mais pas de tous les vers de cette berceuse de Noël médiévale anglaise. Je commençai à chanter.
— Lullay, mine liking, my dear son, mine sweeting. Lullay, ma dear heart, mine own dear darling.
Les yeux de Whit s’illuminèrent.
— Oui, c’est ça !
Puis, bien que je n’aie pas entendu ma mère la chanter depuis des années, ce fut comme si elle me chuchotait directement les mots à l’oreille.
— I saw a fair maiden, sittin’ and singin’. She lulled a little child, a sweet lording. The eternal lord is that, who maketh all things. Of all lords he is Lord. Of all kings, he is King.
Je chantai encore quelques vers, et lorsque j’eus terminé, Whit me remercia avec l’un de ses rares sourires. Je le lui rendis, pensant à quel point les enfants pouvaient se montrer plus doux quand la maladie les affaiblissait. Il me paraissait comme une toute petite chose pathétique, et je me penchai au-dessus de lui pour l’embrasser sur le front avant de me lever. »
« J’essayai une nouvelle fois de toutes mes forces, et d’un seul coup, un sentiment me submergea comme une gigantesque vague. Je ne me battais pas contre un verrou ou du bois gonflé. Quelqu’un ou quelque chose se tapissait de l’autre côté. Ce n’étaient pas deux jeunes garçons, mais une puissante force qui me bloquait le chemin à la tour. Je pouvais le sentir dans la partie la plus primitive de mon être. Il y avait quelque chose de malveillant résidant de l’autre côté de la porte. Je laissai tomber la poignée en métal comme si c’était du fer chauffé à blanc et trébuchai en arrière sur quelques pas. »