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Critique de BazaR


Enfin.
J'ai enfin pris le temps de lire le premier roman de Jean-Laurent del Socorro, après des années de tergiversations, à voir passer des critiques a minima élogieuses. Il aura fallu l'occasion d'un challenge et d'une lecture commune avec Nadou38 pour franchir le pas. Je la remercie de m'avoir accompagné.

Foin de suspense : ce livre est objectivement impressionnant de qualité.
Le fond historique est incroyablement maîtrisé et très instructif. J'ai un peu parcouru le 16ème siècle français au cours de mes lectures, mais je n'avais jamais ne serait-ce qu'entraperçu tout se qui s'était passé autour de Marseille. La domination de la Ligue catholique, les interventions intéressées du duc de Savoie, le pouvoir personnel dictatorial de Charles de Casaulx, la reprise en main par Henri IV. Tout cela est d'une grande richesse.
La forme est épatante. Roman choral, composé de chapitres courts donnant chacun la voix à un personnage qui parle à la première personne. Cela induit un rythme, une chanson particulière à cette histoire, comme des voix de ténor, soprano, alto et basse. Les intervenants sont peu nombreux, et la répétition de leurs interventions permet d'approfondir leur caractérisation en permanence. L'auteur joue beaucoup avec le point de vue, n'hésitant pas à nous faire revoir la même scène sous plusieurs angles, imprégnée d'émotions différentes.
Ces personnages m'ont eu l'air tous sortis d'une tragédie grecque. Un point commun qui ressort chez quasiment chacun d'entre eux est le regret. le regret d'avoir eu la vie qu'ils ont vécue, le regret d'avoir fait tel choix, ou de ne pas l'avoir fait, ou de ne pas avoir eu le choix. Ce ne sont pas des dieux qui les manipulent, qui les obligent à l'héroïsme ou au crime, c'est simplement le rouleau compresseur des événements. Les personnages n'en paraissent pas plus libres pour autant. C'est e regret de devoir être emporté par la vie qui ressort le plus vivement.
Silas le Turc échappe à cette définition, et peut-être Gabin aussi. Ce dernier est trop jeune pour regretter ; sa vie est devant lui. Gabriel est le seul dont je n'ai pas vraiment compris le comportement (attention SPOIL)
La pincée de fantasy qu'apporte l'Artbon est juste ce qu'il faut. J'aime beaucoup cette façon de considérer la magie ; quelque chose d'exigeant qui détruit petit à petit celui qui ose l'utiliser. On n'est pas éloigné de l'utilisation d'un certain anneau. Orson Scott Card est un autre auteur qui apprécie ce donnant-donnant.

Pourtant, malgré toutes les fleurs que je dépose aux pieds de ce roman, j'ai eu du mal à l'apprécier à sa juste valeur. Oh j'appréciais chaque fois où je me plongeais dedans, mais aucune folle envie de poursuivre ne s'emparait de moi. Chaque fois que je refermais le livre, la sensation de plaisir disparaissait vite. Et aujourd'hui il ne me reste guère d'émotion rémanente associée à sa lecture.
Et je ne comprends pas pourquoi.
Je soupçonne que la raison est ailleurs, en dehors du livre lui-même. Peut-être une saturation de lecture. C'est étrange mais réel.
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