Saint-Simon en touchait quelques mots dans ses
mémoires, Jean-François-Si-Versailles-m'était-Delacomptée reprend l'idée au vol et transforme l'anecdote en cours de rhétorique : comment convaincre un libertin amoureux fou de sa libertine de larguer sa délurée pour se remettre avec Bobonne ? C'est que l'affaire est d'importance puisque Bobonne est fille de roi et que Louis, dorénavant coaché par madame
De Maintenon, ne rigole plus avec la morale. le futur régent, puisque c'est de lui qu'il s'agit, résistera véhémentement aux arguments de son ami
Saint-Simon, puis résistera mollement, et finira par faire amende honorable. Maintenon triomphera, celle-là même pourtant que Philippe d'Orléans surnommait, pour son influence sur le roi, le con-capitaine (comme le disait un de mes profs toujours partant pour être grivois tant il savait que nos progrès étaient à ce prix : « Traitez un homme de con, et vous faites une métaphore. Mais si c'est une femme, vous faites une synecdoque. »)
Et ne vous plaignez pas de connaître la fin de l'histoire : pas d'uchronie ici, mais
Saint-Simon en chroniqueur de la Cour, toujours bien informé quoique trop imbu de son rang pour être toujours digne de confiance.
Des lors, pourquoi lire Delacomptée et son plaisant pastiche ? C'est que l'auteur a eu l'élégance de boucler son histoire en une centaine de pages, autant dire qu'il ne cherche pas à concurrencer son illustre modèle mais qu'il nous ouvre l'appétit et donne très envie de se lancer dans l'oeuvre originelle.
Un homme capable d'écrire « L'art de s'avancer et de parvenir, c'est l'art d'offrir sa main à qui l'on voudrait donner son pied » mérite assurément qu'on le fréquente.