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Citations sur Cabale à la cour (8)

La première qualité du courtisan accompli est de savoir masquer ses jugements. Se confier présente toujours un risque. Émotions, sentiments doivent rester tapis au fond de soi. Le bon courtisan est un être double, triple, une enveloppe à ne jamais décacheter. Ses paroles, son visage couvrent la vérité d’un voile qu’il craint d’ôter même dans l’intimité. Il n’a nulle part où se découvrir sans danger. Le théâtre de la cour ne baisse jamais le rideau.
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Quand un clan à la cour recherche la ruine d’un autre, tous ceux qui tentent de s’interposer y perdent des deux côtés. Le parti qui se juge en droit d’attaquer s’irrite des obstacles qu’on lui oppose, et celui qui se défend reproche à ses soutiens, s’il est vaincu, de l’avoir mal défendu, ou de l’avoir empêché de vaincre. Dans ces conditions, personne n’est content.
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Personne ne peut se disculper de fautes qu’il n’a pas commises. Rien n’est plus difficile à prouver que l’innocence.
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Sa mère, la princesse Palatine, bien qu’elle l’aime profondément, admirative de ses capacités, ne se méprend pas sur ses failles. Elle le définit joliment par un conte : toutes les fées ayant été conviées à se pencher sur son berceau, elles l’ont doté de mille talents. Mais on a malheureusement oublié d’inviter une vieille fée qu’on ne voyait plus depuis longtemps. Vexée, la vieille fée s’est vengée : elle l’a doté du talent de rendre inutiles tous ceux qu’il a reçus.
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DUC D’ORLÉANS — Vous avez tort, il est équitable. Je saurai lui parler. Face à la vérité, les calomnies s’effondrent.
SAINT-SIMON — Contre les calomnies, la vérité ne vaut rien.
LE DUC D’ORLÉANS — Ma sincérité la rendra évidente.
SAINT-SIMON — Vous vous leurrez, Monsieur. Le ressort est bandé, prêt à se détendre. Votre oncle est outré de colère contre vous. Aucune sincérité ne le fera fléchir.
LE DUC D’ORLÉANS — On ne peut pas me détruire sur de simples soupçons.
SAINT-SIMON — Sous un gouvernement despotique, les soupçons sont des preuves.
LE DUC D’ORLÉANS — Ma bonne foi s’imposera.
SAINT-SIMON — Non, vous avez trop d’ennemis, et des ennemis trop puissants. Tel est l’effrayant pouvoir de la calomnie. L’acide de la rumeur, des clans qui intriguent dans l’ombre. Les attaques anonymes, la haine qui se répand sans limites ni contrôle.
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La malveillance dont se nourrissent les rumeurs jouit d’inventer des monstres. Elle s’excite à peindre sous les couleurs les plus noires des gens que la foule déteste pour une raison ou une autre, sans se soucier des réputations ruinées ni des vies détruites. Ce sale esprit vomit ses venins comme un ivrogne son tord-boyaux.
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SAINT-SIMON — Vous avez tort. Mme la duchesse d’Orléans est une femme admirable. Je ne connais personne qui s’exprime avec une éloquence aussi fine, qui écrive avec autant de justesse, ni qui sache entretenir avec autant de grâce la compagnie dont elle s’environne. Elle a cet esprit de Mme de Montespan, sa mère, qui ravit l’intelligence.
LE DUC D’ORLÉANS, se relevant brusquement pour aller et venir à nouveau — Et moi je ne connais personne qui soit aussi imbu de sa naissance et qui s’en flatte avec une fierté aussi déplacée. Déjà, avant que je ne l’épouse, elle me reprochait de n’être pas fils de roi. Elle ruisselait de ce mépris qu’elle continue de m’infliger du haut de sa bâtardise. Son éloquence, allons donc ! Je ne connais personne qui s’exprime avec autant de prétention, qui parle si lentement qu’on s’endort avant la fin de ses phrases, qui rougisse ou pleure pour un oui ou un non, ni qui passe ses journées alanguie sur des divans à médire de tous et de tout. Pensez-vous que si je la surnomme « Mme Lucifer », ce soit sans d’excellentes raisons ?
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Mais c’est aussi aux préceptes de l’abbé Dubois qu’il doit son dédain du mariage, son mépris de la religion, son attrait invétéré pour ce qui outrage, pour ce qui souille. Un mépris de la religion cependant plus affecté qu’authentique, traduit par ses piques contre les prêtres, comme par son rejet de façade, mais affirmé haut et fort, des enseignements de l’Évangile. Par pure bravade, il s’est vanté d’avoir lu Rabelais à Noël pendant les trois messes de minuit dans la chapelle de Versailles où il accompagnait le roi. Les germes de l’incroyance nés de son éducation pervertie ont gâté l’adulte. Car il a un excellent fond. Voilà justement le pire, tant de qualités naturelles détournées d’une trajectoire promise aux succès les plus glorieux. Au lieu de quoi, un désœuvrement dont rien ne l’arrache, sinon les outrances de sa vie dissolue. Il souffre d’une apathie chronique, comme un avachissement de l’âme. Pour tuer le temps, il faut toujours qu’il s’active, sautant d’une occupation à une autre sans jamais surmonter la sensation de vacuité qui lui colle à la peau. Lui qui réunit tous les dons n’en fait fructifier aucun.
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