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Critique de ktylauney


Emmanuelle, la petite quarantaine, est mariée à Olivier depuis dix-huit ans. Ils habitent à quelques kilomètres de Lille avec leurs trois enfants et ont une vie heureuse en apparence.
Olivier est concessionnaire automobile et Emma travaille dans une boutique de vêtements. Elle aime son mari, ses enfants, le confort de sa maison, l'opéra et les films de Claude Sautet.

Mais Emma étouffe dans sa petite vie confortable. Elle aspire au vertige, au doux bouleversement des sens.

Quand elle pénètre un jour dans la Brasserie André 71, rue de Béthune, elle remarque un homme par qui elle se sent irrémédiablement attirée.
Tous les jours elle retourne pendant sa pause déjeuner dans cette brasserie. Echanges de regards entre cet homme et Emmanuelle. Tentation, désir qui monte doucement.
Sa vie s'en trouvera bouleversée jusqu'à prendre une décision définitive.

Bravo à l'auteur, Grégoire Delacourt, qui a su cerner la personnalité d'une femme tourmentée et décrit parfaitement ses pensées les plus intimes, les plus profondes.

Il se met dans la peau d'Emmanuelle qui est la narratrice du roman. C'est déjà difficile pour une femme d'exprimer et de comprendre ses propres sentiments les plus complexes, alors oui, chapeau à l'auteur pour son exercice de style et son écriture excellente et poétique, souvent bouleversante.

Qui n'a jamais étouffé dans sa vie et décidé de tout plaquer ?
Emma ressent de la lassitude d'être ancrée dans une vie routinière où elle n'a plus rien de passionnant à quoi se raccrocher.
Au fil du temps les promesses et les projets faits au début de leur rencontre avec Olivier n'ont finalement jamais été tenus.
Comme bon nombre de couples, on se rencontre, on s'aime, on connaît la passion. Mais tout ça s'émousse et rien ne dure. Ni la passion ni même l'amour qui se transforme en tendresse. Mais on continue à vivre ensemble "par habitude".

De plus, il y a ce sentiment que beaucoup de femmes éprouvent, celui de retrouver l'ivresse des débuts d'un amour. Celui de séduire, de plaire, de se sentir comme une adolescente dont le coeur bat pour la première fois. Le fait de se sentir à nouveau "vivante" et d'être prête à faire des choses folles. Redevenir femme à part entière et plus seulement une mère et une épouse.

"Je ne voulais pas d'un amant. Je voulais un vertige." (citation du livre).

Très justement l'auteur fait un parallèle entre Emma et Blanquette, la petite chèvre de Monsieur Seguin de Daudet qui n'aspirait qu'à s'échapper de son enclos, rompre sa corde
et partir dans la montagne, se moquant bien du loup et du danger.
Emma, elle, prend une décision radicale qui bouleverse sa vie en décidant de quitter sa famille et de s'échapper d'une vie maussade, tout comme Blanquette.

Le roman ne traite pas uniquement de l'amour et de la beauté d'une rencontre mais aussi des doutes, de la solitude, des moments d'une tristesse extrême, de la maladie, des enfants qui en veulent à juste titre à leur mère de les avoir quittés.

" Danser au bord de l'abîme " est extrêmement bien écrit. Je ne le conseille cependant pas aux personnes déprimées car la deuxième partie du roman est empreinte de nostalgie et de tristesse. L'émotion noue la gorge et peut faire couler quelques larmes.
Heureusement l'espoir est au bout du chemin.

La poésie des mots, les belles descriptions, les personnages atypiques au grand coeur ont réussi à me charmer. C'est une vraie réussite que ce roman, et un véritable coup de coeur.






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