Je vais faire un truc que je n'ai pour ainsi dire jamais fait (et qu'il me semble avoir dit à mes camarades de blog qu'il n'était pas utile de faire en plus #incohérence), je vais remercier Voy'[El] et leur auteur, Cyriane. Parce que, voyez vous mes petits chats (ouais, je vous ai JAMAIS appelé mes « petits chats », mais j'ai envie aujourd'hui et vous pouvez pas vous défendre, l'avantage du proverbial échange à sens unique mwahahahaha), ce livre est un SP, le premier (forcément) depuis mon retour. Et quand on a dis à Cyriane que c'était moi qui allait le lire, alors que je serrais les fesses en espérant qu'elle ne dirait pas « oh non, pas elle, elle est méchante/difficile/absente depuis trop longtemps" (pas de mentions inutiles), ce qu'elle aurait carrément été en droit de faire, elle a juste dit « ok », jore « hein ? je m'en fiche, faite ce que vous voulez voyons, vous être grandes, indépendantes et je ne suis pas votre mère de blog, ENFIN ! ». Donc, Cyriane, merci de votre confiance.
Maintenant, je peux évacuer les deux trucs qui m'ont posés problème dans ce livre, avant d'attaquer avec touuuuuuut le positif que j'ai à en dire :D (ouais, je suis comme ça, je dis merci et ensuite je défonce, hop hop hop, on change pas le chat).
La première chose qui m'a fait tiquer, dès le départ en fait, c'est l'abus (on parle d'abus oui) de périphrases. Ok, les répétitions de prénoms, c'est parfois un peu lourd. Mais utiliser des formules comme « le jeteur de sorts », « l'écailleux », « le champion », « le héraut », c'est très lourd à force. J'ai même eu un moment de flottement quand j'ai vu passer un Balthazar, croyez moi ou pas, j'ai eu un doute quand je me suis dit « hein, c'est lequel déjà ? ». Parce que j'ai une petite tête et que les prénoms des persos, surtout au début du livre, ça doit être callé, ferme et définitif. Sinon, c'est compliqué (rappelez-vous, Cael/Morgan du Squatteur. Ou encore pire, Tatiana/Olivia de Californie Equestre). D'autant que Balthazar et Dervan sont des noms parfaits pour les personnages. Balthazar, c'est fort, épique, royal. Dervan, c'est doux, chaleureux, court mais pas trop. Ils correspondent tellement bien aux caractères des personnages que c'est dommage de ne pas les utiliser plus et de leur préférer des périphrases.
L'autre point dommage, c'est que j'ai attendu longtemps que le livre démarre. Très longtemps. Avant de me rendre compte qu'il avait démarré, mais que j'avais l'impression de lire un résumé très détaillé. Je ne sais pas trop comment expliquer ça sans donner l'impression que l'auteur n'écrit pas bien, parce qu'elle ECRIT BIEN. Ce n'est pas le problème. C'est plus un souci de rythme de narration pour moi. Je m'explique : au départ, elle pose la situation décrite dans le résumé : un roi et un peuple en souffrance chacun à leur manière et comment on est arrivé là. Ok, c'est un peu rapide : il a été vilain, il a été puni, hop, il faut régler la situation, donc c'est rapidement évoqué, c'est normal. Ensuite, un personnage clef va chercher une solution pour soulager tout le monde, la solution en question est ‘activée', un nouveau personnage entre en jeu, c'est toujours évoqué plus que raconté, mais c'est parce que ça va commencer pour de vrai quand il sera là… sauf que non. On continue sur le même ton.
Les anglophones disent « show, don't tell ». Montre, ne raconte pas. C'est un peu le gros défaut que j'ai trouvé à ce livre : on me raconte beaucoup de chose, on me raconte une putain de bonne histoire, épique et passionnante, mais sans me la faire vivre. Je suis restée un peu sur le côté, spectatrice plutôt qu'actrice. Je n'ai pas été dans les batailles, je n'ai pas été coincée dans le temps ou à attendre. Ce que j'ai fais, par contre, c'était le retour à la forêt, avant la première intervention de Rakîn. Voilà un passage immersif où j'ai ressenti le bonheur du personnage à être chez lui et sa terreur après. Mais c'est un peu le seul. C'est un des passages les plus détaillés, les plus, oui, immersifs, du livre. Celui qui me fait dire que OUI,
Cyriane Delanghe a une plume intéressante et que je la relirais.
Evidemment, le livre est déjà long comme ça et l'aurait été encore plus s'il avait été moins « survolé » tout le long. Peut-être est-il un peu dense et aurait-il mérité deux tomes au lieu d'un (d'ailleurs, je vais être sincère, rien que pour le siècle passé à attendre, il aurait mérité un deuxième tome. Ce passage est totalement survolé alors que j'aurai voulu voir les changements qu'il a induit sur le personnage). L'histoire est riche, pleine de rebondissements, de passages passionnants, il mérite un deuxième tome, ou des nouvelles annexes qui les racontes en détail, ou ce que vous voulez, mais ne me frustrez pas !
Pourtant, malgré ces deux « défauts », je ne peux qu'encourager à lire ce livre. Parce que l'histoire est épique. Parce que l'univers est parfaitement construit et cohérent, que les détails sont réfléchis, tous, et participent à la crédibilité de l'univers. On croit à ce monde, à ses règles, à ses dragons et es rapports commerciaux. L'auteur a créé un vrai monde, lui a donné des règles et des détails et s'y est tenue. Pas de « ta gueule c'est magique » là, tout est expliqué, justifié, intelligent et ça fait tellement de bien. La remontée en puissance de Balthazar, sa malédiction, l'évolution de Dervan, l'entrée en jeu des dragons, tout est posé parfaitement au bon moment et dosé avec talent. Les personnages sont tous passionnants et cohérents (à part peut-être Rankîn qui manque un poil de fond, qui est un peu méchant parce qu'il le faut bien, mais c'est tellement pas le pire dans ce genre que, franchement, ça passe crème). J'ai aimé découvrir le royaume et me demander comment Balthazar avait jeté son sort de nuit, alors qu'on s'en fiche, mais l'auteur a tellement travaillé son monde que je suis sûre qu'elle a, quelque part, le comment exact de ce sort et ça se ressent dans l'histoire : elle n'a pas l'air en roue libre, il n'y a pas un moment ou je me suis dit « hey madame, tu sais où tu vas là ? ».
Parce qu'elle sait, en tout cas elle m'en a donné l'impression. Il y a une grande maîtrise dans cette plume, une vraie construction d'histoire et, dans la fantasy et à notre époque (et encore PLUS dans le mm) c'est précieux. C'est avec des auteurs ayant cette maîtrise que le mm pourra, un jour, ne plus être un genre à part à entière. Que des fans de fantasy iront acheter des livres en se disant « hey, ça a l'air classe ça » et que la sexualité des personnages n'aura pas d'importance. Parce que ce qui compte, c'est la qualité de l'histoire, pas la sexualité des personnages. Surtout en imaginaire. En imaginaire, les lecteurs (ou la plupart), se moquent de qui couche avec qui, parce que le sexe n'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est l'aventure, l'univers, l'immersion et il ne m'a pas manqué grand-chose pour être à 100% avec ce livre.
"Il leva la main et Dervan la prit dans la sienne. Ce seul contact provoqua un frisson chez le jeteur de sorts qui tendit les bras vers son ami, lequel se pencha pour l'étreindre de toutes ses forces.
Ça n'avait pas la même saveur qu'autrefois, mais c'était toujours là. Sa présence.
Quand il s'écarta, Balthazar prit le visage de l'ancien guérisseur entre ses mains et le contempla longuement.
— J'ai vieilli, grogna Dervan, gêné par cet examen prolongé.
— Moi aussi, lui fit remarquer le magicien.
— À peine.
— Je n'arrive pas à croire que tu m'as attendu tout ce temps."
Chapitre 20 (qui a dit que le romantisme était mort ? qu'il change d'avis tussuite !)
Antha
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