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Critique de Blok


Blok
11 novembre 2023
Déjà auteur de plusieurs excellents ouvrages de journalisme d'investigation dans la filiation d'Albert Londres et de George Orwell, et où s'est illustré plus récemment dans notre payas Florence Aubenas, et d'ailleurs beaucoup de journalistes anglo-saxons, Ixbel Delaporte se penche aujourd'hui sur la psychiatrie française, à travers asile psychiatrique de Cadillac où elle a séjourne plusieurs mois, se mélant aux patients et aux soignants. le CHS de Cadillac est un hôpital ancien et important, comportant notamment une UMD (unité pour malades dangereux) où sont internés certains patients qu'on a qualifié de "fous les plus dangereux de France."
Mais l'auteur s'est principalement intéressé aux patients ordinaires, dont certains sont à la limite de la normalité; ceux-là sont plus ou mois intégrés à la vie de la ville, ils peuvent sortir, et certains ont même un logement en ville; on a évalué le nombre de ces derniers à plusieurs centaines, sur une population de 2800 habitants. Ils sont locataires de logements souvent misérables, et c'est d'ailleurs un logement de c genre que l'auteur a loué, dans la rue même qui donne accès à l'hôpital, et où longent nombre de malades "consolidés"
La vie de l'hôpital et celle de la ville sont donc étroitement mêlées, d'autant que le CHS est en fait la principale activité économique et le premier employeur de cette dernière,
Ixbel Delaporte a donc eu de nombreux entretiens avec les patients, et elle s'est attaché à certains d'entre eux, qui sont d'ailleurs vraiment attachants et dont elle montre à quel point leur maladie est le résultat d'une vie brisée et de graves traumatismes remontant souvent à l'enfance. Tout n'est pas rose à l'hôpital de Cadillac, qui partage la grande misère du système hospitalier français et l'incohérence des politiques publiques en la matière.
Mais ce n'est sans doute pas le pire établissement de France. J'ai cependant été surpris par la persistance de pratiques dont j'aurais cru qu'elles avaient été abandonnées depuis longtemps:
-la contention, traduire la camisole de force et le fait d'attacher le malade sur son lit pour l'apaiser; s'il est bien évident que cette pratique soit indispensable en cas de crise, le livre donne l'impression que son usage dépasse parfois la nécessité
-et l'électrochoc; même si l'on nous dit que cette pratique barbare est désormais pratiquée sous anesthésie, il n'en reste pas moins que quelques neurones sont détruits à chaque fois, ce qui contribue évidemment à "calmer " le patient; d'après ce que j'ai lu ailleurs, après avoir été quasi-abandonnée, elle aurait été réintroduite récemment.
Une excellente enquête, donc, où l'on apprend une foule de choses, et qui conduit à reconsidérer sa vision de la psychiatrie et la folie elle-même.
Je me permettrai de faire un petit reproche à l'auteur; elle accorde beaucoup trop de crédit à Foucault et à ses thèses, alors que l'on sait, ou que l'on devrait savoir, qu'elles n'ont pratiquement pas de valeur scientifique, étant le résultat d'un travail de cabinet, à partit d'a priori, et non de recherches sur le terrain ou de consultations d'archives pour son Histoire de la Folie à l'âge classique, dont les conclusions sont à l'opposé de celles des historiens qui ont effectué un tel travail;
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