"Tu peux potentiellement tout perdre, mais la seule personne à qui tu devras rendre des comptes, la seule personne qui pourra te juger objectivement, la seule personne qui pourra légitimement te faire des reproches ou des félicitations, c’est toi-même. "
A deux, elles avaient bâti une amitié qui était parvenue à leur faire croire que peut être un jour elles retrouveraient l' inconscience bienveillante de l époque où rien ne comptait vraiment et où la magie se tapissait dans le premier recoin venu. C'est pour une amitié comme celle ci qu 'Anastasia verrait un sens à se battre pour grappiller quelques années voire à espérer sa guérison. Une amitié sans absences. Une amitié irrationnelle.
On naît seul, on crève seul, et vouloir s'abêtir dans la compagnie d'un prétendu partenaire entre-temps est une jolie et mièvre forme d'immaturité.
C'est le passage de femme à patiente de sexe féminin, de sujet à objet de diagnostic, de corps à ensemble d'organes plus ou moins dysfonctionnels.
Il n’y a sans doute pas de bonne façon d’annoncer à
quelqu’un qu’il va mourir
Vieillir prend beaucoup moins de temps qu'on n'en consacre à y penser.
Ca te tombe dessus, alors que tu te répètes que tu feras tout pour y échapper.
Elle a vieilli.
Les trajets en métro sont toujours moins longs quand
on connaît leur destination.
Elle n’écoutait jamais la radio, avant.
Il y avait déjà trop de voix dans sa tête pour ça.
Désormais, c’est son seul rempart face au silence.
Le ton dépouillé, posé et policé du présentateur.
Les jingles guillerets, une joie d’apparat, une légèreté
oubliée.
Elle sera devenue une trouble-fête, une anomalie.
Mais peu lui importera.
Elle aura retrouvé autre chose.
Quelque chose de léger et de précieux, qu'on ne possède souvent qu'une fois dans sa vie, sans même en réaliser la valeur.
Une forme d'innocence.
De confiance béate et infantile en ce qui s'ensuivra.
Le goût des saccages.
Il (Sartre) dit notamment un truc marrant sur la maladie.
Pour lui, c’est ce qui rend libre, plus que tout au monde.
Le malade n’a plus le choix que de vivre, d’être face à lui même.
(page48)