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Critique de Soukiang


18 mars 2016, l'adjudante de gendarmerie Joy Morel s'apprête à partir en vacances quand elle est appelée sur une scène de crime.
Le même jour, à mille kilomètres de là, une étrange inscription sur une tombe attire l'attention du lieutenant de police Philippe Donelli.
Sans le savoir encore, ces deux personnages sont loin d'imaginer que le cauchemar ne fait que commencer ou ... recommencer.

Après l'avoir d'abord publié en auto-édition chez Librinova en mai 2017, Angélina Delcroix n'a pas hésité à accepter la proposition de Editions Nouvelles Plumes pour une nouvelle sortie et en exclusivité chez France Loisirs le 9 octobre 2017 avant d'être disponible à partir du 7 juin 2018, dans toutes les librairies.
Le roman a également fait l'objet d'une nouvelle couverture intrigante qui donne une autre tonalité et visibilité.
Jusqu'à l'année dernière, cette auteure exerçait la psychothérapie et l'hypnose dans un cabinet privé avant de se consacrer entièrement à sa grande passion : l'écriture.

Un prologue qui vous place immédiatement dans le fil rouge, dans cette frontière d'urgence où tout est possible, un sentiment palpable d'angoisse, un mystère entier qu'il reste à élucider, inutile de tirer des plans sur la comète, il vous faudra patienter, apprendre à connaître les personnages principaux, leur passé, leur raison d'être, des qualités et des défauts à appréhender, l'adhésion à Joy Morel est immédiate, une personnalité forte, complexe, dynamique, généreuse, une carapace qui cache un lourd tribut en matière de violence, l'auteur a su créer une ambiance unique, un style qui rend totalement addictif pour ne plus lâcher une histoire absolument brillante, dans tous les sens du terme, tout ce que vous pouvez vous attendre de lire dans un thriller s'y trouve et chacun à son rythme, tout à ses acquis seront comblés de A à Z.

Ce qu'il y a de diabolique dans ce thriller, c'est un ensemble, je ne parle pas seulement des codes narratifs qui sont justement fait pour disparaître sous la plume originale de l'auteure, chaque plan, chaque retournements de situation, chaque action sont étudiées à la loupe, ni trop peu, ni trop en rajouter dans la surenchère, un calibrage de tous les instants, envoyé c'est pesé, l'idée d'être immergé à 100 % nécessite une foi absolue en l'histoire, des personnages complémentaires pour éviter une saturation dans l'approche psychologique, dans cette jetée dans l'inconnu où la moindre déferlante peut faire sombrer dans la folie quiconque osera y défier, au fur et à mesure de l'avancée de la lecture, j'ai été sidéré, subjugué, époustouflé par la maîtrise et le contrôle exercée à mener une intrigue de haut vol, un premier roman, un premier thriller qui ne se relâche jamais, tout est d'une justesse dans la proportion construction de la trame - montée en suspense - obsession des personnages - psychologie poussée et sans chichi, une puissance démoniaque s'en dégage, des turbulences dans la fureur des personnages, tous crédibles, terrifiante, des énigmes tortueuses pour pousser à son paroxysme tous les atouts et les derniers retranchements des enquêteurs, la masse des connaissances et des informations est proportionnelle à l'ampleur du sujet, des sensibilités exacerbés pour frôler la quintessence de tous les éléments, des âmes en proie aux doutes existentielles, des lieux de perdition participent à rendre une atmosphère qui ne cesse de noircir, des cris silencieux qui cherchent à se faire entendre, mise en perspective géniale de la mobilité affiliée à son contraire, ces temps suspendus, cet effroi qui rejaillit inlassablement sur le lecteur pour le faire suffoquer, sans voix, ébranlé dans ses propres démons intérieurs ...

La souffrance est le propre de la douleur, le sang est la vie, la mort n'est pas la fin, la routine est le pire ennemi des esprits vivants et recherchant à s'approprier des fruits de la réjouissance, de la liberté d'être, penser comme Rodin sans la statue, une conscience demande de l'espace, de la vérité, à la recherche du temps perdu, le poids des conventions et des souvenirs viennent interférer les plans du destin, copier c'est créer, inventer c'est avancer, le plaisir se renouvelle sans rien tricher, rien n'est archivé dans la mémoire collective, j'ai été bluffé par le degré de réalisme quant à l'approche et l'évolution des personnages au fil de l'histoire, des retours dans le passé qui alternent judicieusement l'instant du présent, chaque chapitre est comme un kaléidoscope réconciliant les perspectives, les combinaisons des variables de l'infini à l'illusion permanente du changement et des constantes.

Cette virevoltante chevauchée vers des sphères de sensations extrêmes, de violence contenue ou défoulée, cette tension qui monte crescendo pour affoler les terminaisons nerveuses, une lecture qui m'a réellement impressionnée, estomaquée, des esprits d'analyse retors à souhait, des émotions déboussolées, malmenées pour faire ressortir le meilleur, la vulnérabilité n'est pas une faiblesse affichée ou inaltérable, rémanences s'opposant au refoulement, l'être humain est capable du pire comme du meilleur, le blanc et le noir ne sont juste que des zones affranchies dans la psyché humaine, c'est dans les épreuves les plus intenses qu'ils donnent ... tout.

Une approche sans faille dans les procédures d'enquêtes policières qui s'édulcore tout naturellement au profit d'une histoire qui prendra des dimensions vertigineuses, au bénéfice de ses personnages, de leurs secrets éventés, des poids à soulever, comme dans un mauvais rêve, un de ces songes horrifiants qui traverse l'esprit du dormeur éveillé, un mirage de tous les côtés, l'impression de planer hors du temps et tout en assistant, impuissant à la mise en évidence des pires atrocités de l'humanité, de se repaître du plaisir sadique inavoué dans la tête d'une intelligence hors norme, le sentiment diffus de ressentir en profondeur cette fragilité et cette expérience cérébrale et physique tangible, d'une terrible douleur, l'être déshumanisé, des blessures chroniques, un chaos implacable dans un mode survie constant.

Lire des thrillers n'est pas que l'assurance d'éprouver des sensations hautes en sueur froide, lire viscéralement la peur de l'autre, l'appréhension la plus complète pour lutter contre les forces du mal, pleurer, souffrir, éprouver de la compassion envers autrui, c'est aussi découvrir, apprendre, se cultiver et dans ce roman, l'auteure a réalisé un remarquable travail de fond, une documentation riche qui vous invite à replonger dans le passé, à comprendre, à compléter ses connaissances, ce qui n'est pas non seulement négligeable mais apporte fondamentalement une valeur ajoutée à un thriller déjà hautement dense dans son écriture, subtilité et finesse psychologique de ses personnages, une ambiance à couper le souffle, oppressant, excès d'adrénaline assuré, vous serez, vous vibrerez, vous lirez.

Pour Joy et son équipe, le cauchemar ne fait que commencer, bienvenue dans l'antichambre de l'horreur, sensations viscérales décuplées, Dante n'a qu'à bien se tenir, Lucifer et Satan pour vous saluer, délestage de tous les Diables ou âmes déchus en programmation à venir, n'oubliez surtout pas une chose : ne la réveillez pas ...

En conclusion, un vrai bon bol d'air frais dans le thriller pur et dur, tout le monde est le bienvenu, ne prenez pas la tangente, vous ne serez pas déçu du voyage, dans les méandres d'une enquête époustouflante, dans la tête de tous les protagonistes de tous bords, une plume magistrale pour approcher diamétralement et implicitement dans l'empathie qui jaillit de certains, il est de ces romans qui ne laissent pas indifférent et dont on ne ressort pas indemne, Ne la réveillez pas d'Angélina Delcroix est de ceux-là.

Coup de coeur ❤️❤️❤️
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