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Critique de Musa_aka_Cthulie


En cette année où l'on célèbre les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci et où, naturellement, les livres sur le sujet fusent de partout à la fois, je me suis rendue compte que je n'étais pas spécialement calée sur le personnage. Bien sûr, je savais vaguement qu'il avait peint un portrait vaguement célèbre, présenté dans des conditions vaguement sécurisées dans un musée français vaguement fréquenté. Qu'il avait vaguement commis des dissections, s'était vaguement intéressé à pas mal de choses, avait vaguement travaillé pour François Ier après avoir quitté l'Italie, mais tout ça restait un peu... vague. Or, un Que sais-je ? fait souvent l'affaire pour réactualiser les connaissances et permettre de se lancer plus loin.

Ici, on passe assez vite sur les éléments biographiques, ce qui est dommage, pour suivre presque uniquement le parcours de peintre et de courtisan de Leonardo. Comme il a finalement - et paradoxalement - peu produit en peinture, le livre peut facilement présenter l'ensemble de ses œuvres, avec un léger détour du côté de la sculpture. Ce qu'on retiendra essentiellement, c'est que sa curiosité insatiable l'amenait régulièrement à pousser ses recherches dans des tas de directions, alors qu'il avait une ou plusieurs commandes en cours, et qu'il avait donc pour fâcheuse habitude de ne pas livrer lesdites commandes dans les temps, voire pas du tout.

En revanche, sur le côté novateur de sa peinture, on reste sur sa faim. Si on nous fait bien comprendre qu'il s'est peu à peu émancipé de ses premières influences - ce qui est le cas de tous les grands artistes, donc rien de neuf de ce côté-là -, il reste difficile de comprendre ce qu'il apporté de tellement nouveau à la peinture de son temps, jusqu'à devenir une référence incontournable. Et s'il est de notoriété publique qu'il a utilisé la fameuse technique du sfumato, il aurait peut-être été intéressant, d'une part, d'expliquer clairement en quoi consistait cette technique, et d'autre part, de préciser s'il en était plus ou moins le "créateur" (ce genre d’affirmation étant toujours à prendre avec des pincettes), ou s'il l'avait plus utilisée que d'autres peintres, améliorée, ou que-sais-je encore. Je note d'ailleurs qu'un glossaire aurait tout de même été utile en fin d'ouvrage, notamment pour les lecteurs curieux mais non forcément familiers du vocabulaire de l'histoire de l'art.

Là où l'auteur, Mathieu Deldicque, tient vraiment ses promesses, c'est dans la seconde partie. Il s'y attaque aux idées reçues qui courent encore et toujours sur Leonardo (et que certains livres sortis ou ressortis récemment diffusent malheureusement à l'envi) pour montrer que oui, on sait très bien qui est le modèle de Mona Lisa et, plus important encore, pour démonter le mythe d'un homme très en avance sur son temps, inventeur génial, scientifique tout autant que peintre. Tout ça est argumenté simplement mais efficacement, et l'on comprend, si l'on n'était pas déjà au courant, que Leonardo était un touche-à-tout avide de connaissances qui multipliait les projets, mais certainement pas un scientifique. Un exemple tout bête : la plupart de ses machines dessinées n'auraient pas pu fonctionner. D'où la construction de ce Que sais-je ?, qui s'intéresse plus à la peinture de Leonardo qu'au reste de ses activités : c'est qu'il était un peintre avant tout, un peintre de formation, et un peintre cherchant à renouveler son art.

Je me serais bien passée cependant de l'autopromotion à propos de la prochaine exposition du musée Condé de Chantilly, où travaille Mathieu Deldicque, ainsi que de la grammaire parfois un peu hasardeuse de ce dernier.

Cependant, le point le plus important que je retire de cette lecture, c'est que j'ai appris la définition du mot "poliorcétique" (mais je nous vous dirai pas ce que c'est, ah ah !)



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