AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Ravages productivistes, résistances paysannes (16)

C'est dans ce contexte d'extension du modèle agricole productiviste qui repose sur la division du travail et le développement de la société de consommation que de très nombreux paysans et agriculteurs inventent un autre rapport au temps, à l'espace, à la terre, aux autres et au monde.

Au Nord comme au Sud, ils mettent en œuvre une agriculture écologique qui tient compte des caractéristiques des agro-écosystèmes en valorisant les savoir-faire des paysans et des agriculteurs qui les ont façonnés durant des millénaires.

Cette agriculture écologique repose par conséquent sur des interactions savantes entre nature, technique et société dans une perspective de préservation sur le long terme des écosystèmes et des populations dans toute leur diversité. (...)

Il s'agit de construire une agriculture qui pense les rapports homme/nature dans une perspective dialectique et qui repose sur une diversité de MODES de production pour renoncer définitivement à l'unidimensionnalité du MODELE productiviste dominant.

Ces modes de production s'inscrivent dans une temporalité qui participe à une forme de décélération puisqu'il s'agit de respecter les cycles de la nature et, par conséquent, de renoncer à une accélération permanente des processus de production.
Commenter  J’apprécie          70
la pauvreté doit être analysée comme une construction sociale, c’est-à-dire qu’elle doit être envisagée en termes de non-satisfaction des besoins vitaux (s’alimenter en tout premier lieu) mais également du point de vue du manque de liens sociaux ou de ressources culturelles
Commenter  J’apprécie          50
Poser la question de la fin des paysans me semblait d'autant plus important que l'agriculture, produit de la transformation de la nature, se trouve de manière paradigmatique à la jonction de préoccupations d'ordre technique, économique, social, politique, écologique, c'est-à-dire permet de s'interroger plus globalement sur l'histoire et le devenir des sociétés humaines.
Commenter  J’apprécie          40
La nouvelle classe dominante comprend aujourd'hui les grands propriétaires fonciers des exploitations latifundiaires d'Amérique latine, les agriculteurs-entrepreneurs dans certains pays d'Europe et d'Amérique du Nord, les entreprises multinationales ou les fonds d'investissement dans le contexte de développement du land grabbing, certains Etats - souvent associés à des entreprises privées qui assurent l'organisation de la production - dans de nombreux pays du Sud, et partout sur la planète les chefs d'entreprise de l'agro-industrie d'amont (semences, engrais, pesticides, machines agricoles, etc.) et d'aval (industrie agro-alimentaire) ainsi que tout le secteur bancaire.

La classe dominée réunit tous les paysans et les agriculteurs qui n'ont plus que leur force de travail à vendre en étant partiellement ou totalement dépossédés de tout moyen de production : paysans sans terre, paysans et agriculteurs marginalisés par le processus de développement, agriculteurs "modernes" endettés. Ainsi, lorsqu'un agriculteur "moderne" est endetté jusqu'à la fin de sa vie, c'est bien la banque, le Crédit Agricole en France, ou l'intégrateur pour lequel il travaille, qui détient, in fine, son capital.

(...) L'opposition frontale entre deux classes, l'une propriétaire des moyens de production, l'autre n'ayant que sa force de travail, est en ce sens toujours très pertinente pour décrire les rapports de domination économique à l'œuvre dans le monde agricole,
même si cette bipolarisation n'oppose bien sûr plus la bourgeoisie au prolétariat tels que les définissaient Karl Marx et Friedrich Engels.
Commenter  J’apprécie          20
Réfléchir à la fin des paysans, c'est finalement tenter de répondre aux questions suivantes :

pourquoi, en ce début de XXIe siècle, selon les catégories statistiques de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation), la population active agricole mondiale ne représente plus que 39,9% du total alors qu'elle s'élevait à 67,1% en 1950 et encore à 48,9% en 1990 ?

Pourquoi 868 millions d'habitants n'ont pas accès à un apport nutritionnel énergétique suffisant pendant que 500 millions de personnes souffrent d'obésité ?

Pourquoi les trois quarts des pauvres sont des ruraux et la majorité de ceux et celles qui souffrent de la faim, des paysans vivant dans les pays en développement, en Afrique en particulier ?

Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés à cette situation alors qu'une agriculture écologique pourrait largement couvrir les besoins vitaux de l'ensemble des habitants de la planète ?
Commenter  J’apprécie          20
L’agriculture hors sol qui s’affranchit de l’espace en réduisant les temps de production constitue l’exemple emblématique de ce rapport instrumental au temps et à l’espace dont il faut s’extraire
Commenter  J’apprécie          20
Cette société de consommation fonctionne, perdure et s'étend spatialement (vers les pays du Sud aujourd'hui) grâce à l'obsolescence programmée - ou planifiée - en particulier des denrées alimentaires.

(...) Bernard London, courtier en immobilier new-yorkais (...) publie en 1932 un court texte dans lequel il propose d' "en finir avec la crise (de 1929) grâce à l'obsolescence planifiée". Cette dernière a donc été pensée comme un moyen - salvateur pour London, en particulier en temps de crise - d'entretenir la consommation en organisant l'usure des produits.

Cette obsolescence programmée (usure créée artificiellement) accompagne deux autres formes d'obsolescence : l'obsolescence technique (usure des machines liée au progrès technique) et l'obsolescence psychologique ou symbolique (déclassement lié à la publicité et à la mode).
Elle s'est diffusée dans et par le développement de la société de consommation à travers différentes phases, la plus ancienne étant liée à l'apparition du jetable, la plus récente à celle de l'obsolescence alimentaire.

(...) Très précisément, l'obsolescence alimentaire est née avec l'extension de la date de péremption dans le domaine de l'alimentation. (...)

Si les destructions massives de denrées alimentaires ont existé avant le développement de la société de consommation, elles ont toujours été conjoncturelles et sont donc très éloignées de la logique structurelle de destruction massive des produits alimentaires, liée à l'agriculture productiviste qui organise la surproduction permanente (tout en maintenant une inégale répartition de la production à l'échelle de la planète) (...)

Plus encore, l'agriculture productiviste constitue en elle-même une obsolescence programmée car tout le système est organisé pour que les agriculteurs rachètent en permanence des semences (c'est le principe même des organismes génétiquement modifiés ou des semences hybrides), des engrais de synthèse (parce que leur efficacité est éphémère), du matériel agricole, etc.
Commenter  J’apprécie          10
La consommation mondiale d'engrais est passée de 144 à 162 millions de tonnes entre 2002 et 2008.
La consommation de pesticides augmente globalement dans le monde
et lorsqu'elle diminue (dans certains pays du Nord) c'est parce que les matières actives utilisées sont plus nocives à faible dose ...

En France, "la présence de pesticides dans les cours d'eau (...) est généralisée (...) Certains pesticides, utilisés de longue date et interdits aujourd'hui, persistent dans l'environnement et sont à l'origine d'une partie de la contamination actuelle."
Enfin, en Inde, l'agriculture productiviste menace le pays d'une pénurie d'eau.
Commenter  J’apprécie          10
Dans la logique technoscientifique, la science entretient une relation instrumentale et non plus contemplative au réel ; la technique qui était jusque-là totalement séparée de la science, devient alors la médiation nécessaire à la réalisation de la connaissance du monde, d'où l'association des deux termes dans celui de technoscience.

Mise en œuvre sur près de cent cinquante ans dans les pays qui ont connu la première révolution industrielle et ayant, de ce fait, en partie trouvé une "réponse" - certes toute provisoire - au moins en terme d'emploi pendant la période des Trente Glorieuses, cette modernisation se réalise à marche forcée depuis une trentaine d'années sur le reste de la planète.

Elle se caractérise aujourd'hui par le développement d'un capitalisme transnational et donc globalisé (...) Le capitalisme transnational trouve aujourd'hui son expression la plus achevée avec l'apparition, relativement récente, d'une agriculture dite de firme. (...)
De manière schématique, l'agriculture de firme la plus représentative de l'extension du capitalisme est celle qui pratique le land grabbing (accaparement de terres) : "Les acquisitions ou concessions massives de terres sont les pièces maîtresses, dans le domaine agro-alimentaire et foncier, de la généralisation d'une logique économique néolibérale (...)"

(...) Ce land grabbing constitue un accaparement de terres par les pays du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite, etc.), les Etats-Unis, certains pays européens ou asiatiques comme le Japon ou la Chine dans des pays en développement (du continent africain principalement) ou émergents (Argentine, Brésil, Indonésie).

Cet accaparement est le fait des Etats eux-mêmes, des entreprises multinationales, des fonds d'investissement voire plus marginalement de particuliers ...
Précisément, l'extension du land grabbing remonte à 2007-2008, années des émeutes de la faim dans de nombreux pays du Sud.
Commenter  J’apprécie          10
Cette extension de la modernisation de l'agriculture - souvent par un transfert technologique des pays du Nord vers ceux du Sud - prend aujourd'hui des formes diverses du fait de l'héritage différencié des contextes politiques, culturels et agraires dans chaque région du globe.
Cette hétérogénéité masque néanmoins une tendance de fond, celle du triomphe d'un modèle unique de production qui repose sur l'idéologie du progrès technique, la division du travail et la spécialisation (...) dans un contexte de libéralisation des échanges agricoles dans le cadre de l'inclusion de l'agriculture dans les négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Ce modèle unique se déploie aujourd'hui grâce à la diffusion de la logique industrielle à l'ensemble des cultures du monde, qui repose d'une part sur le développement du capitalisme et d'autre part sur celui de la technoscience (...)
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (13) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    852 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}