AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mathhin


Correspondant de guerre, Nicolas Delesalle accompagné d'un photographe expérimenté (qui a fait le Vietnam) rejoint le Donbass par le train avant de se diriger vers Kiev. Nous suivons sa traversée de l'Ukraine en guerre.
En parallèle, nous suivons la vie de Sacha, vieil ukrainien, témoin de la première seconde de l'invasion russe. A plus de 70 ans, il s'engage pour sa patrie puis démobilisé en raison de son âge, dans sa cabane isolée, il est chargé de surveiller Vania, un jeune russe « Wagner » capturé par un bataillon ukrainien. Comment un jeune homme de 23 ans a-t-il pu dire oui à « Wagner » ? L'histoire de deux hommes que tout oppose.
Et autre parallèle, nous suivons les souvenirs du reporter, ses premiers émois en Russie lors de ses voyages scolaires organisés par sa mère, professeur de russe excentrique, lorsqu'il avait quatorze ans en pleine guerre froide. Il se raconte adolescent : c'est la première fois qu'il se sent chez lui à l'Est, il se sent ukrainien ou russe, peu importe, c'est la même chose à l'époque. L'héritage russe prend le dessus sur toutes ses origines. Mais avec cette guerre, pour la première fois il a honte.
Ces trois histoires et tous ces êtres humains vont se croiser au fil des chapitres.
Le journaliste côtoient des militaires hier boulangers, des civils effrayés, des femmes qui rejoignent leurs frères ou leurs maris en Pologne, en Slovaquie, des enfants qui se demandent quand ils pourront recommencer à faire leurs devoirs. Il rencontre Maksim, photojournaliste ukrainien, qui les emmène sur le front au Donbass, une rencontre forte.
« Et alors il attend quelques secondes, il gagne un peu de temps, il fige le montre, il vole à la mort un peu d'avant, un peu de vie tout court ».
« Dans ses yeux danse une lueur étrange, quelque chose d'irréparable, propre à ceux qui ont vu la guerre de trop près – c'est un peu terrifiant, on ne voudrait pas attraper cette douleur-là ».
Le journaliste raconte ces hommes et ces femmes rencontrés sur le front et leurs dépouilles aussi. Il raconte les tirs de roquette évités de justesse.
Il raconte aussi sa mère avec humour et tendresse. Il cherche à comprendre l'âme russe. Il raconte des histoires humaines, malgré la guerre, la misère, le KGB et Poutine, il raconte l'humain et tout cela sans pathos, avec les mots justes. Ce n'est pas un documentaire, c'est un roman coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}