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EAN : 9782709671279
208 pages
J.-C. Lattès (23/08/2023)
3.76/5   39 notes
Résumé :
Derrière la fenêtre de son compartiment, un Français d’origine russe regarde les forêts d’Ukraine défiler. Autour de son cou, une croix orthodoxe que lui a offerte sa mère. Dans un pays mis à feu et à sang par les fils de ses ancêtres, c’est sa mère russe qu’il porte contre sa poitrine.
C’était déjà sa mère, et professeure de russe, qui l’accompagnait lors de son premier voyage scolaire à Kiev en pleine guerre froide. Ou, en tant qu’interprète, pour so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Avec la disparition ou probablement plutôt l'élimination d'Evgueni Prigojine hier, 23 août, l'ouvrage de Nicolas Delesalle prend une tournure d'actualité rare.

Un des personnages du livre, qui couvre l'invasion criminelle par Poutine de l'Ukraine, Vania, 23 ans, a par dérision dans sa cellule de prison opté pour devenir mercenaire du groupe paramilitaire Wagner, fondé par Prigojine et Dmitri Outkine. Selon les dernières informations, tous deux plus huit autres seraient morts dans la chute de l'avion privé de Prigojine près de Tver, à environ 250 kilomètres nord-ouest de Moscou.

"Valse russe" constitue en fait un double témoignage : d'abord celui d'un reporter renommé qui s'est rendu à différentes reprises de février 2022 à mai 2023 à différents endroits d'Ukraine, tels Tchernihiv, Kiev, Bakhmout, Odessa, etc. et celui de plusieurs personnes victimes d'une façon ou d'une autre de l'initiative guerrière du maître du Kremlin.

L'ouvrage dépasse cependant le simple compte rendu ou témoignage et acquiert une dimension littéraire du fait de l'origine partiellement russe de son auteur, qui évoque avec tendresse et mélancolie ses visites en Russie comme adolescent et jeune homme avec sa mère bien-aimée, Anne Kanjounzeff, née à Paris de parents russes qui eux ont fui la révolution de 1917 et de qui il raconte avec empathie le passé mouvementé.

Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce livre, c'est l'honnêteté de son auteur.
Nicolas Delesalle raconte la fierté qu'il a eue pendant des années de ses racines russes, mais après avoir vu l'horreur et la misère des Ukrainiens par la faute des Russes, déclare (à la page 71) : ... pour la première fois de ma vie, j'ai honte... J'ai honte d'être russe."

Les quelque 200 pages de "Valse russe" se lisent très vite et je peux recommander cet ouvrage pour l'approche équilibrée d'un conflit sanglant qui continue de semer morts et destructions.
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Acquis le 1er septembre 2023 - Librairie Chantelivre / Issy -Les-Moulineaux.

Une lecture très appréciée....qui remue les tripes par la justesse du propos et la volonté tenace de l'écrivain d'être au plus près des hommes, femmes et enfants rencontrés, dans la folie de la guerre !

Le plus grand des hasards... en écoutant une chaine d'informations... j'ai entendu une voix singulière, toute en retenue, contenant une émotion indicible...Il s'agissait du grand reporter Nicolas Delesalle, racontant brièvement une histoire dans son immersion ukrainienne, qui le mettait dans un noeud d'émotions et de déchirements très communicatif, situant en plus, au coeur de l'anecdote , sa maman, d'origine russe ...

Journaliste, grand reporter, fils d'une mère russe et d'un père chilien, Nicolas D. a jusqu'à l'attaque de l'Ukraine par la Russie, été extrêmement fier de ses origines russes, en ayant, de surplus, une Maman russe peu banale, enseignante brillante, ayant passé sa vie à faire connaître et aimer sa Russie..., tenter de réduire les incompréhensions entre la Russie et l'Europe, par ses doubles fonctions d'enseignante, et d'organisatrice de voyages culturels en URSS, afin de tenter de réduire les malentendus...et la mauvaise appréhension de son pays ...

"Depuis sa naissance à Paris, de parents russes blancs émigrés de la Révolution de 1917, ma mère essaie de convaincre les Français que les Russes sont des gens comme les autres.Et pour satisfaire ce dessein étrange, elle s'est mise à organiser régulièrement des voyages en URSS en pleine guerre froide. (...)

Ma mère pense différemment. Russe de France, elle croit que les Russes de Russie sont presque normaux, en tout cas juste assez normaux pour ne pas avoir envie de détruire le monde
" même s'ils ont beaucoup souffert après soixante-dix ans de communisme. "

Ainsi l'auteur, va pour la première fois, en Russie, dans la terre maternelle, en 1988; il a 14 ans, et combien il est fier !...

Tout a basculé avec l'attaque de l'Ukraine par Poutine, en février 2022. Il se retrouve sur le terrain, comme grand reporter... et toutes ses certitudes, sa fierté d'avoir des racines russes s'écroulent, tristement, cruellement, en même temps que le rêve de toute la vie de sa mère
( souhaitant tant faire comprendre la richesse et la grandeur historique, culturelle de la Russie )...
Tout explose tragiquement !

"Ma grand-mère a rejoint Samuel en 1988, après 38 ans d'attente, trente-huit ans de vie pour rien. Elle a demandé à être enterrée avec toutes ses lettres d'amour.

Anna et Samuel reposent côte à côte au Père- Lachaise. Je passe souvent les saluer, m'imprégner de leur force, de leur histoire. Je leur raconte ma vie, mes emmerdes, la marche du monde. Depuis la guerre en Ukraine, je ne suis pas allé les voir.Je ne sais pas comment leur annoncer la nouvelle. Je n'ai pas de mots pour leur dire que, pour la première fois de ma vie, j'ai honte.J'ai honte de leur sang.J'ai honte d'être russe."

Bien loin de moi, le voyeurisme de ce conflit tragique, inhumain; ce qui m'a fait acquérir aussitôt ce livre de Nicolas Delesalle, ce sont ses déchirements, sa colère, son impuissance, son engagement ambiguë de grand reporter, ainsi que la sincérité de tous ses questionnements, sa nécessité de témoigner, de DIRE, d'engager au maximum son rôle de porte-parole, de reporter , mais aussi le chagrin sans limite pour ses racines, et l'amour fou de sa mère pour son pays, battu à mal...!!...

Ce récit interpelle...l'auteur souffre et veut rendre compte de tous ces anonymes massacrés, broyés , entraînés dans la folie guerrière d'un Poutine qui met à mal jusqu'à son propre peuple...Parmi ces hommes et femmes, un jeune homme, Vania, entraîné de force dans le groupe Wagner...gardé et protégé un moment par un vieil Ukrainien qui l'a pris sous son aile !

Nicolas D. s' interroge dans un même temps sur le Pourquoi de ce métier de " grand reporter" qu'il a choisi et dans lequel il persiste...

"Le train de la dernière chance s'enfonce dans la nuit.Un.sentiment ambivalent, que j'éprouve toujours en zone de guerre, monte du fond de mon ventre: je suis à ma place.L'angoisse, la peur sont balayées par ma certitude d'être là où je dois être, au coeur de la tragédie que vivent les Ukrainiens. Je suis là pour témoigner et recueillir leurs histoires afin qu'ailleurs, loin d'ici, le monde sache contre quels vents contraires ils s'épuisent, quelle injustice les foudroie, et surtout quelle force les anime quand leur univers s'écroule.Dans la même seconde, je devine que mes mots ne changeront pas le cours de l'histoire et n'arrêteront pas la guerre .Des cailloux jetés dans l'écume d'un torrent. Mais chaque fois je pense au Sisyphe de Camus; je regarde rouler mes cailloux et je choisis de mépriser mon impuissance. "

Dans ces courts chapitres remplis de " crimes contre les hommes" ...demeure l'image lumineuse et bienveillante de la Mère de l'écrivain, incroyable femme solaire, vaillante, généreuse et fantasque. ; Un amour et un hommage filial intense:" Ma mère est capable de tout, depuis toujours"...

Présence maternelle intense qui maintient l'Espoir au fil de ces récits tragiques...De nombreuses anecdotes sur cette mère aimante et engagée...certaines, nous tirant de francs sourires et rires !
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" Je me laisse bercer par les trois temps de la valse Un, deux, trois, la Russie, l'Ukraine, la guerre.
Un, deux, trois, les origines,le désenchantement,le renoncement.
Un, deux, trois,tout avoir, tout perdre et devenir ce qu'on n'était pas."
Ces quelques lignes extraites de Valse russe incarnent à merveille l'esprit du livre.
Nicolas Delesalle est un reporter de guerre, il part au début du conflit en février 2022 couvrir la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Mais nos choix ne sont jamais indemnes de notre identité profonde.C'est le cas de Nicolas Delesalle dont la mère est russe , il a hérité de tout ce bagage identitaire dont il ne peut se défaire, qu'il revendique même haut et fort avant de comprendre à l'issue d'un long cheminement qu'il est d'origine russe mais n'est pas russe .Et l'amène à dire:
" J'ai des origines russes, mais je suis français."
C'est néanmoins cette attirance, cette quête identitaire qui le pousse vers l'Ukraine et lui fait partager le sort de l'Ukraine d'aujourd'hui meurtrie dans sa chair.
Nicolas Delesalle nous fait toucher l'absurdité de la guerre grâce à deux hommes qu'ils rencontrent.
L'un est Ukrainien : Sacha ,il a combattu avant de devenir le geôlier d'un jeune Russe qui faisait partie des troupes de Wagner.
La guerre est absurde, ces deux hommes que tout oppose deviennent des amis.Par cette très belle rencontre, Nicolas Delesalle pointe la belle idée que l'homme est un humain avant tout, qu'il peut se reconnaître avant tout comme un Homme quelque soit sa nationalité.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous remplit d'espoir dans l'avenir de l'humanité et nous fait espérer que cette guerre finira bientôt.






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Il est journaliste. Malgré les origines russes de sa mère, il ne parle pas la langue. Lorsqu'elle l'a accompagné en Russie au cours de ses études, ou pour son premier reportage, elle joue le rôle d'interprète. Aujourd'hui, dans le Donbas, il n'a d'elle que la croix orthodoxe qu'il porte autour du coup et les souvenirs qu'il fait revivre dans ces pages.

Les récits se mêlent et disent la complexité actuelle qu'induit la fascination pour une nation si vaste et si riche culturellement mais vouée à l'opprobre depuis les exactions poutiniennes. D'autant que la narrateur porte sur ses traits les traces de ses origines, ce qui lui vaut parfois des vérifications d'identité musclées.

Sur le front, Vania et Sacha partagent leur repas après une pêche dans la glace ou une partie d'échecs. Sacha a voulu s'engager malgré son âge. Vania un milicien du groupe Wagner, prisonnier, attend d'être échangé…

Ode d'amour pour une mère fantasque et sans complexe, dont la ferveur pour son pays d'origine est difficile à partager sans conflit de loyauté dans le contexte actuel, le récit nous plonge aussi au coeur de la guerre, de sa cruauté et de ses contradictions.

199 pages Lattès 23 août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Ce livre est plutôt une bonne surprise, où se dévoile le reporter de guerre Nicolas Delesalle: car il n'est pas simple de couvrir un conflit quand l'agresseur est le pays maternel mythifié qui a le goût de l'enfance, celui du boeuf Stroganoff.
Delesalle confronte donc à la souffrance des Ukrainiens pleurant leurs morts et fuyant les combats ses souvenirs de petit Tatar, aux yeux un peu trop bridés pour ne pas rendre perplexes ses camarades de classe (et lui-même), né en France au terme des pérégrinations compliquées de ses grands-parents.
Pour échapper à cette tension entre l'enfant qu'il fut et le témoin désolé qu'il est devenu, Delesalle ajoute à son récit l'histoire de Vania le Russe et de Sacha l'Ukrainien, celle de frères ennemis qui choisiront l'humanité et l'amitié plutôt que la haine: 3° temps de la valse, ou plus exactement trait d'union pour soigner la blessure intime et continuer d'espérer.
Ce court témoignage de 200 pages n'a pas pour vocation de nous apprendre quoi que ce soit sur le conflit en cours, mais il sait nous émouvoir et même nous faire sourire par la grâce d'une mère pour qui rien ne saurait être excessif.
Seulement voilà: pourquoi proclamer sur la couverture que ce texte est un "roman"? Car si c'est ce qu'il est, il ne casse pas 3 pattes à un canard. Il vaut pour sa sincérité et l'histoire de Sacha et Vania, si elle n'est pas authentique, perd tout intérêt. Quelle est donc cette espèce de pudeur qui voudrait qu'on se confie sans dire officiellement qu'on se confie? Ou ce partage des genres selon lequel tout ce qui ne relève pas du journalisme pur et dur (si tant est que cela existe) soit relégué dans la fiction? Ou alors c'est juste parce que l'estampille « roman » est le plus sûr chemin vers le succès, voire vers un prix?
Valse mélancolique et salades russes.
(Merci à Masse critique et aux éditions JCLattès)

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critiques presse (1)
LeFigaro
30 novembre 2023
Grand reporter d'origine russe, l'auteur arpente l'Ukraine en guerre et s'interroge sur sa propre identité.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
A cet instant, en voyant la flamme jaune et bleue lécher le réservoir gelé, j'ai compris que les Russes avaient non seulement une autre manière de réfléchir que les Français, mais aussi des notions de sécurité très relatives.Pour eux, les risques sont des aléas avec lesquels il faut apprendre à vivre ou bien mourir.
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L'avancée des troupes russes effraie tout le monde. Les Ukrainiens en parlent comme d'une invasion d'insectes géants. Ils surnomment les Russes, les « Orques », tandis que les Russes parlent de « nazis ukrainiens ». Le processus vieux comme le monde de déshumanisation de l'adversaire est déjà engagé. Lorsqu'on aura ôté toute humanité à l’ennemi, il sera plus facile de le piétiner.
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Aux yeux du peuple russe, Eltsine était un peu le premier garçon du village, courageux, qui sait boire et va protéger tout le monde, alors que Poutine est le magicien d'Oz .Il est l'incarnation de leurs désirs, il répond à leurs complexes.Ils croient qu'il va rendre sa grandeur à la Russie.

Propos tenus en 2001
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J'en suis convaincu maintenant " l'âme russe" ,ce fatalisme parfois plein de panache, cette exacerbation des élans du coeur, est le fruit de choix politiques accumulés au fil des temps, pas d'une sensibilité produite ex nihilo et en série à la naissance des petits Russes par la magie noire d'une génétique particulière. Les Russes ne naissent pas russes, ils le deviennent.
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Je suis fier d'être russe.Une couche de givre recouvre les fenêtres d'un autre train de nuit qui serpente très lentement au milieu d'immenses forêts de bouleaux endormies sous la neige.Nous sommes en 1988, quelque part entre Moscou et Leningrad.J'ai seize ans.
Les Soviétiques appellent ce train mythique la Flèche rouge.Il relie les deux villes depuis 1931- Staline, qui avait une peur bleue de l'avion, a un jour décidé de faire revivre la belle industrie ferroviaire du temps des tsars.


( p.57)
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