Un précieux héritage

Tout d'abord, il se contenta de la serrer contre lui, de savourer pleinement cette ultime, cette totale intimité. Puis débuta la danse éternelle de l'amour et ils perdirent toute notion de la réalité.Eblouis, sous l'empire d'une passion aveuglante, ils ne virent pas le rayon de soleil, éclatante promesse de lendemains radieux, qui filtra derrière les rideaux pour illuminer le diamant de mille feux.

Qu'importe si elle ne lui offrait que son corps ! Son bonheur était de donner sans arrière-pensée et à jamais.

Une offre aussi avantageuse ne se refuse pas.

Geoffrey... dont la seule évocation suffisait à faire naître en elle un émoi familier et, à présent, un frisson de plaisir. Quels moments délicieux ils avaient partagés la veille ! Instants trop fugitifs ! L'ultime communion des corps les avait comblés tous deux. Elle avait un tel besoin de lui. Certes, il lui avait permis d'oublier la tristesse de cette sombre journée mais elle était femme et elle éprouvait, au plus intime de son être, un étrange sentiment de plénitude qui lui faisait oublier la fatigue et la confusion qui régnaient en elle.

Le désir qui les avait unis n'avait rien de faux, ni la bienheureuse volupté qu'ils avaient partagée. Non, elle n'avait qu'un reproche à formuler : ce goût de paradis qu'elle redoutait fort de ne jamais retrouver.

Il n'y allait pas par quatre chemins ! On ne pouvait l'accuser de tourner autour du pot ! Elle n'avait jamais rien entendu de moins romantique. Il venait d'infliger un véritable affront à son orgueil féminin. Franchement, il faudrait être folle pour accepter une demande en mariage aussi dépourvue de sentiment !

D'instinct, Sara savait qu'il lui fallait s'enfuir. Son intuition le lui soufflait mais cette ivresse était une drogue bien trop violente. Elle lui permettait d’oublier son chagrin pendant quelques instants. Et puis, elle cédait également à une exigence beaucoup moins noble, bien féminine. Elle brûlait de retrouver le vertige des sens que huit années n'avaient pas réussi à effacer, car elle gardait intact le souvenir de ce corps ferme et svelte, si masculin. Elle n'avait pas oublié la tiédeur de sa peau, ni ses belles lèvres chaudes et persuasives.

Le silence, à lui seul, était un réconfort.

Ce n'était pas la première fois qu'il l'observait ainsi mais elle était parvenue jusque-là à garder son sang-froid. Cependant, il lui sembla deviner dans ce regard une note plus intime qui la ramenait vers le passé. Elle retrouva brusquement l'innocence de la jeunesse. Mais le feu qui courait dans ses veines n'avait rien d'innocent.
Elle était devenue femme à présent, une femme dans toute sa maturité. Quant à son trouble, quoi de plus naturel en présence d'un homme si divinement séduisant ? La subtile alchimie qui les unissait aujourd'hui encore ne s'était jamais démentie.

Il était passé maître dans l'art d'esquiver les oukazes de sa mère, aussi n'avait-il pas su mesurer l'influence que cette toute-puissante génitrice pouvait avoir sur une novice comme Sara.