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Critique de Woland


ISBN : 9782290059869

Mes bien chères Soeurs, mes bien chers Frères, comme vous le savez peut-être, le vingt-cinq mai 2014, soit dans douze jours très précisément, vous êtes - tout comme moi - appelés à élire nos députés au Parlement européen. Cette élection se fait dans un climat politique et social si particulier que notre cher Yugcib lui-même (et l'événement restera, je l'espère, soigneusement rapporté sur votre agenda personnel par une belle croix noire ou rouge ) nous a adjurés, ici-même, sur Nota Bene, de remplir sans faiblir notre devoir de citoyen responsable et vigilent. Pour vous convaincre de la nécessité de la chose - ou, tout au moins, essayer - j'émerge moi-même de mon "Coin" pour vous rendre compte d'un livre que j'ai reçu et lu il y a quelques mois, pour mon anniversaire. Attention : c'est un livre assez ardu. En outre, il a tout du remède au goût épouvantable mais à l'effet imparable que l'on prend d'habitude dans les crises graves de certaines maladies. Alors, vous êtes prévenus mais, croyez-moi, ce serait dommage de passer à côté. Il faut savoir souffrir pour être un Européen digne de ce nom.

Cinq-cent-deux pages, chez J'ai Lu, bourrées à craquer de détails précis et accablants. On se croirait dans le rapport d'autopsie oh ! combien consternant de la victime d'un meurtre sauvage et cependant froidement prémédité. le problème, c'est que la victime de ce meurtre, c'est notre Europe, celle où nous sommes nés, celle dont on nous parlait jadis dans les salles de classe sous le nom de "Marché Commun" (qu'elle était jeune, alors, et nous aussi ! ), celle où prend racine, si solidement qu'aujourd'hui les plus beaufs d'entre nous commencent à s'en rendre compte, une culture que nos hommes politiques et de pseudo-intellectuels cherchent depuis trop d'années à nous présenter comme honteuse alors qu'elle a enfanté des littératures, des arts, des monuments, des femmes et des hommes d'Etat prestigieux sans oublier entre autres l'invention de l'imprimerie et cet Humanisme sans qui notre vision religieuse et sociale ne serait pas tout à fait la même et qui fait si lourdement défaut à certaines civilisations ...

Le livre de Deloire et Dubois vous convaincra sans peine que les personnes qui détiennent les clefs du pouvoir européen entendent détruire l'Europe que nous aimons, l'Europe qui est la nôtre, l'Europe historique au bénéfice d'un édifice tout simplement hideux, abritant des technocrates sans âmes tout droit sortis du "1984" d'Orwell et ne servant qu'un seul maître par le biais de cette aberration appelée "euro" : le bon vieux Veau d'Or des pays qui vivent de corruption et d'oppression. On appelle ça "l'Union européenne" avec, tout au sommet, orwellienne et maléfique dans son fonctionnement si ce n'est dans l'intention qui présida à sa création, la terrible, la redoutable, l'impitoyable "Commission européenne" dont les membres, rappelons-le, sont nommés par les pays participants et non élus au suffrage démocratique.

Des peuples européens, Français et autres, cette prétendue "Union" se soucie à peu près autant que du plus minuscule insecte qui vit sous la terre. L'idéal même, pour ces gens qu'on ne nommera "dirigeants" qu'avec la plus profonde répugnance, serait qu'il n'y eût pas de peuples en Europe. Surtout pas dans sa partie occidentale, avec ce passé si conflictuel certes, si troublé - quel est le pays qui ne possède pas, dans son Histoire, des pages bien noires ? - mais aussi si riche, si prompt à produire idée sur idée, à penser "social" et "liberté" fût-ce parfois avec trop de naïveté, à aller, qu'on le veuille ou non, vers l'Humain, de façon souvent pataude et encore plus souvent détournée mais pourtant déterminée et avide, toujours, de s'élever, de voir encore et toujours plus loin, dans l'intérêt de tous.

Sur ce mépris absolu de l'Union européenne, "Circus Politicus" est glaçant : on lit une page ou deux, on s'arrête pour reprendre des forces, on repart et à nouveau, l'étape, à bout de souffle, en se disant : "Est-ce possible ? ... Comment les choses ont-elles pu en arriver là ? ..." Une lecture éprouvante où vous apprendrez par exemple que :

- sous le haut patronage de Mme Merkel et de M. Sarkozy (oui, ça s'arrête avant la présidence Hollande mais ne vous inquiétez pas, Flamby n'est pas oublié, je rassure ses fans éventuels ), on envisagea de priver de son droit de vote au Conseil européen tout pays-membre ayant enfreint le Pacte de Stabilité et de Croissance, destiné en gros à limiter les dettes des pays de l'"Union". "... Cette proposition," nous disent les auteurs, "consiste à placer l'Etat "défaillant" sous la tutelle et l'autorité des autres pays membres. Jusqu'à présent, l'Europe était organisée autour d'Etats "libres et consentants", comme des adultes engageant une relation. Envisager qu'un pays - et sa population - puisse dépendre du bon vouloir des autres Etats européens, non pas accepter un transfert de souveraineté mais être forcé de renoncer à sa souveraineté elle-même, est une originalité dans un système prétendument démocratique. (p. 21-22)" ;

- que, "fait étrange, un des deux vice-présidents de l'IASB [pour International Accounting Standards Boards, groupe indépendant de quinze experts qui établissent des normes comptables utilisables dans le monde entier et auquel, sans référendum ni débat public, l'"Union européenne" a confié certaines tâches], Robert Glauber, est un ancien sous-secrétaire d'Etat américain au Trésor, alors même que les décisions de l'IASB s'appliquent au monde entier ou presque ... sauf aux Etats-Unis ! Mais n'être pas concernée n'empêche nullement la puissance dominante de placer ses pions et d'imposer ses règles à autrui (p. 108-110)" ;

- et que, "l'[IASB] a beau être basée dans l'une des capitales européennes, elle est déclarée dans le Delaware [= Etat qui fait bénéficier les sociétés d'une fiscalité si avantageuse qu'on peut évoquer l'expression "paradis fiscal" pour le définir], sur la côte est des Etats-Unis. A pousser encore plus loin l'enquête, on s'aperçoit que les Etats-Unis ne consacrent pas seulement leur énergie à l'IASB-IFRS mais aussi un peu d'argent. Ainsi, sur un budget d'un peu plus de 16 millions de livres sterling, ils contribuent pour un montant de deux millions, tandis que la Grande-Bretagne ne met au pot que moitié moins. le ministère français des Finances a accordé 860 000 livres en 2010 et la Banque centrale européenne, avec 30 000 livres, donne exactement soixante fois moins que l'enveloppe américaine. (...) Nos entreprises, sans que nous nous en soyons aperçus, sont passées sous la tutelle d'un ministère appelé IASB. (p. 110-111)."

Vous êtes saisis ? Vous croyez que j'affabule ? Vous en redemandez, pour voir et vous faire votre idée personnelle ? Excellente initiative : lisez "Circus Politicus" de Christophe Deloire & Christophe Dubois ... Et ne vous avouez pas vaincus : allez voter le 25 mai pour une liste souverainiste. Il nous faut reconquérir l'Europe - elle est à nous et à nos ancêtres qui la forgèrent. Et à nous seuls. ;o)
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