AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 19 notes
5
3 avis
4
3 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
1 avis
ISBN : 9782290059869

Mes bien chères Soeurs, mes bien chers Frères, comme vous le savez peut-être, le vingt-cinq mai 2014, soit dans douze jours très précisément, vous êtes - tout comme moi - appelés à élire nos députés au Parlement européen. Cette élection se fait dans un climat politique et social si particulier que notre cher Yugcib lui-même (et l'événement restera, je l'espère, soigneusement rapporté sur votre agenda personnel par une belle croix noire ou rouge ) nous a adjurés, ici-même, sur Nota Bene, de remplir sans faiblir notre devoir de citoyen responsable et vigilent. Pour vous convaincre de la nécessité de la chose - ou, tout au moins, essayer - j'émerge moi-même de mon "Coin" pour vous rendre compte d'un livre que j'ai reçu et lu il y a quelques mois, pour mon anniversaire. Attention : c'est un livre assez ardu. En outre, il a tout du remède au goût épouvantable mais à l'effet imparable que l'on prend d'habitude dans les crises graves de certaines maladies. Alors, vous êtes prévenus mais, croyez-moi, ce serait dommage de passer à côté. Il faut savoir souffrir pour être un Européen digne de ce nom.

Cinq-cent-deux pages, chez J'ai Lu, bourrées à craquer de détails précis et accablants. On se croirait dans le rapport d'autopsie oh ! combien consternant de la victime d'un meurtre sauvage et cependant froidement prémédité. le problème, c'est que la victime de ce meurtre, c'est notre Europe, celle où nous sommes nés, celle dont on nous parlait jadis dans les salles de classe sous le nom de "Marché Commun" (qu'elle était jeune, alors, et nous aussi ! ), celle où prend racine, si solidement qu'aujourd'hui les plus beaufs d'entre nous commencent à s'en rendre compte, une culture que nos hommes politiques et de pseudo-intellectuels cherchent depuis trop d'années à nous présenter comme honteuse alors qu'elle a enfanté des littératures, des arts, des monuments, des femmes et des hommes d'Etat prestigieux sans oublier entre autres l'invention de l'imprimerie et cet Humanisme sans qui notre vision religieuse et sociale ne serait pas tout à fait la même et qui fait si lourdement défaut à certaines civilisations ...

Le livre de Deloire et Dubois vous convaincra sans peine que les personnes qui détiennent les clefs du pouvoir européen entendent détruire l'Europe que nous aimons, l'Europe qui est la nôtre, l'Europe historique au bénéfice d'un édifice tout simplement hideux, abritant des technocrates sans âmes tout droit sortis du "1984" d'Orwell et ne servant qu'un seul maître par le biais de cette aberration appelée "euro" : le bon vieux Veau d'Or des pays qui vivent de corruption et d'oppression. On appelle ça "l'Union européenne" avec, tout au sommet, orwellienne et maléfique dans son fonctionnement si ce n'est dans l'intention qui présida à sa création, la terrible, la redoutable, l'impitoyable "Commission européenne" dont les membres, rappelons-le, sont nommés par les pays participants et non élus au suffrage démocratique.

Des peuples européens, Français et autres, cette prétendue "Union" se soucie à peu près autant que du plus minuscule insecte qui vit sous la terre. L'idéal même, pour ces gens qu'on ne nommera "dirigeants" qu'avec la plus profonde répugnance, serait qu'il n'y eût pas de peuples en Europe. Surtout pas dans sa partie occidentale, avec ce passé si conflictuel certes, si troublé - quel est le pays qui ne possède pas, dans son Histoire, des pages bien noires ? - mais aussi si riche, si prompt à produire idée sur idée, à penser "social" et "liberté" fût-ce parfois avec trop de naïveté, à aller, qu'on le veuille ou non, vers l'Humain, de façon souvent pataude et encore plus souvent détournée mais pourtant déterminée et avide, toujours, de s'élever, de voir encore et toujours plus loin, dans l'intérêt de tous.

Sur ce mépris absolu de l'Union européenne, "Circus Politicus" est glaçant : on lit une page ou deux, on s'arrête pour reprendre des forces, on repart et à nouveau, l'étape, à bout de souffle, en se disant : "Est-ce possible ? ... Comment les choses ont-elles pu en arriver là ? ..." Une lecture éprouvante où vous apprendrez par exemple que :

- sous le haut patronage de Mme Merkel et de M. Sarkozy (oui, ça s'arrête avant la présidence Hollande mais ne vous inquiétez pas, Flamby n'est pas oublié, je rassure ses fans éventuels ), on envisagea de priver de son droit de vote au Conseil européen tout pays-membre ayant enfreint le Pacte de Stabilité et de Croissance, destiné en gros à limiter les dettes des pays de l'"Union". "... Cette proposition," nous disent les auteurs, "consiste à placer l'Etat "défaillant" sous la tutelle et l'autorité des autres pays membres. Jusqu'à présent, l'Europe était organisée autour d'Etats "libres et consentants", comme des adultes engageant une relation. Envisager qu'un pays - et sa population - puisse dépendre du bon vouloir des autres Etats européens, non pas accepter un transfert de souveraineté mais être forcé de renoncer à sa souveraineté elle-même, est une originalité dans un système prétendument démocratique. (p. 21-22)" ;

- que, "fait étrange, un des deux vice-présidents de l'IASB [pour International Accounting Standards Boards, groupe indépendant de quinze experts qui établissent des normes comptables utilisables dans le monde entier et auquel, sans référendum ni débat public, l'"Union européenne" a confié certaines tâches], Robert Glauber, est un ancien sous-secrétaire d'Etat américain au Trésor, alors même que les décisions de l'IASB s'appliquent au monde entier ou presque ... sauf aux Etats-Unis ! Mais n'être pas concernée n'empêche nullement la puissance dominante de placer ses pions et d'imposer ses règles à autrui (p. 108-110)" ;

- et que, "l'[IASB] a beau être basée dans l'une des capitales européennes, elle est déclarée dans le Delaware [= Etat qui fait bénéficier les sociétés d'une fiscalité si avantageuse qu'on peut évoquer l'expression "paradis fiscal" pour le définir], sur la côte est des Etats-Unis. A pousser encore plus loin l'enquête, on s'aperçoit que les Etats-Unis ne consacrent pas seulement leur énergie à l'IASB-IFRS mais aussi un peu d'argent. Ainsi, sur un budget d'un peu plus de 16 millions de livres sterling, ils contribuent pour un montant de deux millions, tandis que la Grande-Bretagne ne met au pot que moitié moins. le ministère français des Finances a accordé 860 000 livres en 2010 et la Banque centrale européenne, avec 30 000 livres, donne exactement soixante fois moins que l'enveloppe américaine. (...) Nos entreprises, sans que nous nous en soyons aperçus, sont passées sous la tutelle d'un ministère appelé IASB. (p. 110-111)."

Vous êtes saisis ? Vous croyez que j'affabule ? Vous en redemandez, pour voir et vous faire votre idée personnelle ? Excellente initiative : lisez "Circus Politicus" de Christophe Deloire & Christophe Dubois ... Et ne vous avouez pas vaincus : allez voter le 25 mai pour une liste souverainiste. Il nous faut reconquérir l'Europe - elle est à nous et à nos ancêtres qui la forgèrent. Et à nous seuls. ;o)
Commenter  J’apprécie          51
En principe je ne lis pas ou peu de ces livres de journalistes sur l'actualité politique qui envahissent les rayons des libraires vigoureusement soutenus pas le battage médiatique de la confrérie. C'est au hasard d'une brocante que j'ai trouvé celui-ci au prix non prohibitif de 1 eu et je me suis souvenu d'un article élogieux de Todd sur cet ouvrage. Il s'agit pour les auteurs de lever le voile sur les arrières-cours de la scène politique. En cours chapitre ils dressent un panorama assez inquiétant de la "décadence démocratique" qui frappe notre époque. Les chapitres les plus intéressants concernent les institutions européennes . Globalement les constats de 2012 restent valables en 2021 même si certains des "artistes" sont passés dans les poubelles de l'histoire ou ,plus souvent ,dans les bureaux dorés des multinationales.
Commenter  J’apprécie          20
On y explique bien qu'i y a deux mondes le réel et celui qu'on cache celui de malin de la finance mais ça n'existe pas...........NON LA FINANCE NE DIRIGE PAS LA DEMOCRATIE ?
Commenter  J’apprécie          21
Il y a quelques années j'ai lu Circus Politicus, assez curieuse de découvre les petites histoires, les tractations politiques.
En résumé on découvre ce qu'on sait déjà, que certains (beaucoup?) de politiques se prennent pour de grands hommes!!

J'ai voulu poursuivre avec Sexus Politicus qui est resté dans ma pal bien longtemps, et aurait peut-être bien fait d'y rester. C'est un peu daté mais ça ce n'est pas la faute des auteurs si j'ai attendu aussi longtemps pour le lire.

En revanche j'ai trouvé ça brouillon, allez tiens une anecdote sur lui, et tiens pourquoi pas sur lui. Je n'ai pas trouvé ça ni clair ni fluide, de plus je ne dois pas avoir les codes, souvent on se demande de qui ou quoi on parle!

Et comme en plus je ne suis pas une lectrice Gala ou Voici, évidemment que ça n'a pas été mon truc, à quoi s'attendre avec tel titre!
Bref, j'ai bien failli abandonner et j'aurais surement dû…
Commenter  J’apprécie          10
Autopsie de l'Union Européenne
Attention c'est du lourd! Un bouquin très complet sur le fonctionnement de l'Europe, sur les différents cercles de pouvoirs et d'influences existants dans le monde. Ce livre m'a demandé un mois pour le lire car il m'a fallu faire des pauses (lecture d'autres livres) afin de digérer et assimiler les informations d'une telle densité. Un bémol sur la partie "La superclasse invisible" où on se perd dans cette multitude de noms. Un glossaire ou lexique aurait été appréciable pour le lecteur que je suis.
Commenter  J’apprécie          00
Circus Politicus, essai ambitieux, entend décrire les dérives de nos démocraties actuelles, en ce que la parole des peuples (le "vox populi, vox dei") est très souvent (trop souvent selon les auteurs) considéré par nos dirigeants comme un obstacle à des décisions qui semblent s'imposer. Ces décisions sont liées à de bonnes intentions (une meilleure gouvernance) et à d'autres moins avouables (l'idéologie libérale). le "circus politicus" est cet univers public et politique fait de faux-semblants, d'apparences, de langues de bois, de discours trompeurs (pour ne pas dire mensongers), de non-dits et surtout de décisions secrètes imposées à tous.
Un des chapitres du livre s'intitule "ministères du monde". Derrière ce terme se cachent des organisations officielles et d'autres officieuses : conseils européens, BCI, agences de notation, organisation mondiale Bilderberg, lobbys internationaux, etc. Pour être honnête, cette première partie gêne aux entournures en ce qu'elle semble faire la part belle à une sorte de complot mondial.
Mais là où l'essai s'avère passionnant est son patient descriptif des institutions européennes. C'est la deuxième partie du livre, la plus volumineuse mais aussi la plus intéressante. Parlement, commission, conseil et autres organismes européens sont passés au crible, pour le meilleur et surtout pour le pire. Les auteurs ne sont pas tendres envers les conseils européens où se décident les grandes décisions à l'échelle du continent : les chefs d'Etat se montrent sous leur plus mauvais jour, d'autant plus que les débats y sont savamment cachés.
On aurait pourtant tort de classer ce livre parmi les critiques des institutions européennes. Deloire et Dubois pointent au contraire du doigt la mesquinerie de l'ensemble de la classe politique française. En privilégiant les élections nationales tout en snobant des institutions aussi importantes que ne l'est, par exemple, le Parlement européen, la plupart des politiques français (mais aussi les énarques et futurs dirigeants) passent à côté de l'Histoire et des décisions les plus capitales pour les citoyens européens. Et, avec toutes ses imperfections, les organismes européens montrent, à la fin de cet essai, une image finalement beaucoup plus reluisante que nombre d'institutions françaises.
Lien : http://www.bla-bla-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          00
Circus Politicus a été publié en 2012, mais les élections européennes qui approchent nécessitent de reparler de l'ouvrage, dans lequel Christophe Deloire et Christophe Dubois décrivaient l'Europe telle qu'elle est, mais surtout telle qu'elle pourrait le devenir - meilleure - si les peuples s'en mêlaient: l'enjeu du prochain scrutin!

On pourrait croire, dans les premières parties du livre, qu'il s'agit d'une description à charge, des travers - ils sont nombreux - des institutions européennes. de fait, oui, y sont décrits les parcours du pouvoir, ainsi que les jeux d'influence, et peu à peu, le dégoût du monstre européen nous prend.

On comprend avec intérêt qu'elle fut voulue par les Etats-Unis et les cercles d'influence mondiaux dès la fin de la 2ème guerre mondiale, à la fois dans un élan visionnaire d'un monde nouveau, mais selon l'idée libérale, cadre économique unique qu'a repris la Commission, avec son obsession de la seule concurrence, son dogme qui fait le malheur des Européens d'aujourd'hui.

Cependant, les derniers chapitres laissent entendre, espérer même, que sous l'impulsion de certains Etats, et des représentants des peuples, du président de la Commission peut-être selon ce scrutin dont on parle tant, que l'Europe, ce circus politicus, pourrait devenir, enfin, démocratique. Un ouvrage extrêmement documenté et instructif, sans langue de bois, qui pousse tout un chacun à user de son droit de vote.
Lien : http://tmblr.co/Z4Dxcn1GHSf0e
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (55) Voir plus




{* *}