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Critique de ClaireG


Une partie de la très riche réserve égyptienne du Musée royal d'Art et d'Histoire (MRAH) de Bruxelles sert de base à la magnifique exposition présentée jusqu'au 20 avril 2016 au Cinquantenaire. Deux cents pièces montrent l'évolution des rites funéraires de la longue période pharaonique (+ de 3000 ans). Sous l'égide de Nout, déesse du ciel et des morts, les salles égrènent, par époques, leurs trésors encore jamais exposés (canopes, pectoraux et amulettes, statuettes de la vie quotidienne, momies d'enfants et d'animaux,...).

Les hiéroglyphes et dessins des cercueils et sarcophages, intérieur et extérieur, sont d'une richesse incroyable, sortes de cartes de voeux pour une métempsycose réussie. Peints en séquences successives, ils se multiplient sans se répéter sur chaque face des cercueils quadrangulaires de la première époque qui, peu à peu, épousèrent les formes du corps. Tous sont sous la protection des yeux d'Horus aux vertus prophylactiques. Il fallait bien cela pour assurer le transfert de l'âme dans un autre corps. Comme il fallait aussi quelques objets usuels, des parfums, de la nourriture et de la lecture pour l'au-delà.

Le pillage des nécropoles ne fut pas l'apanage des égyptologues du XIXe s., ni des aventures de Black et Mortimer, ni de celles de Tintin, il est aussi ancien que l'existence des tombes. L'expo montre des papyrus d'aveux des voleurs, de leur façon de procéder, de la taille de leur "stock" et des sentences requises. C'est aussi à partir de ces procès que deux égyptologues français découvrirent, en 1891, la "deuxième cachette de sépultures inviolées de Deir-el-Bahari". Hélas ! elles ne le restèrent pas longtemps et l'affluence soudaine d'objets de toutes sortes au musée du Caire lui fit constater l'ampleur du site et des dégâts déjà occasionnés. La nécropole fut vidée sans relevés intérieurs. Débordé, le Caire offrit cercueils et sarcophages, de manière anarchique toutefois, à différents musées internationaux pour en entreprendre la conservation et la restauration.

Un laboratoire de verre clôture les salles saisissantes de richesses historiques et archéologiques, où des restaurateurs s'appliquent à redessiner et colorer à l'identique des cercueils sous les yeux du public. Depuis 2013, le MRAH est partenaire d'un réseau international pour l'étude des sarcophages de cette "Deuxième cachette". Des moyens ultramodernes, comme un scanner en 3D, permettent d'établir une base de données pour répertorier les pièces disséminées dans le monde et un cahier des charges pour une restauration optimale.

Pour ceux qui ont lu ou liront "Profanes" de Jeanne Benameur : l'expo montre quelques "portraits du Fayoum", ces superbes portraits funéraires peints sur bois (période romaine Ier au IVe s. ap. J.C.) dont il est abondamment question dans le livre. Même s'ils sont archiconnus, les voir "en vrai' soulèvent charme et émotion mais aussi l'envie de relire ces pages merveilleuses.

Si vous avez l'occasion de voir cette exposition, courez-y et prenez un guide. Si vous ne pouvez pas, pleurez de ne pouvoir replonger dans cette région du Nil millénaire.
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