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Critique de Kirzy


Aux quatre coins de la planète, les animaux meurent d'un mal étrange, d'un mal qui se répand, d'une espèce à l'autre, de façon inquiétante : virus ? toxine ? pollution ? autre chose d'imperceptible ? La virologue Shan se penche sur l'affaire après avoir récupéré dans son institut un dossier qui liste les hécatombes les plus spectaculaires : elle se rend au Québec puis au Congo au chevet des cétacés et des gorilles. Tous meurent après un état de prostration quasi dépressif, les yeux emplies de liquide lacrymal, les animaux pleurent.

C'est rare de démarrer un roman de façon aussi déchirante et percutante. Les premiers chapitres m'ont littéralement happée par la poésie et la puissance qui se dégagent de scènes mémorables qui décrivent la mort en masse des baleines à bosse et gorilles. Et durant une grande partie de ma lecture, je suis restée sous l'emprise de l'intense émotion ressentie initialement.

D'autant plus que le personnage de Shan est très attachant, que la plume de Sonja Delzongle est fluide et efficace, et que l'enquête est menée
tambour battant, sans temps mort, multipliant les péripéties et les ramifications scénaristiques pour aboutir à un dénouement très convaincant et cohérent expliquant le mystérieux carnage.

L'auteure développe une intrigue très riche, surprenante aussi par les chemins empruntés, explorant de nombreuses thématiques scientifiques qui ont exigé, c'est évident, un travail colossal de documentation. Il est ainsi question de modifications d'ADN en quête d'immortalité, de sons à basses fréquences et du Hum ( mystérieux bruit sourd, persistant, à basses fréquences entendues par une minorité, dans certains endroits, sans que cela s'apparente à des acouphènes ), mais aussi du Moho ( la limite inférieure de la croûte terrestre ) et de synchrotrons ( accélérateur de particules construits pour reproduire le Big Bang ).

Sonja Delzongle sait vers où elle veut conduire son lecteur. J'avoue m'être un peu perdue dans la deuxième moitié par tant de densité narrative portée par tant de personnages, sur des sujets scientifiques complexes. J'ai poursuivi ma lecture finalement nostalgique du choc poétiquement mystérieux des premiers chapitres, loin de tout ce tourbillon scientifique. C'est là que son message, très engagé, prend son envol pour raconter une planète à bout de souffle en plein anthropocène, piégée dans ce processus d'autodestruction de l'homme.

Lu dans le cadre de la Masse critique mauvais genre de mars 2021
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