Le vieux forgeron dit que l'enfant sera un homme s'il apprend à souffrir dans le jeu et à s'amuser dans la douleur, sans pleurer dans la défaite.
Le médecin Piqûre-douce se lève et commence à agiter ses bras, comme manipulant des éprouvettes :
–vos procédés ne sont pas très scientifiques. Il faudrait apporter la bouillie au laboratoire pour contrôler les éléments. Il pourrait y avoir une réaction chimique entre le sucre et l'hydroxyde de sodium qui pourrait être à l'origine de cette ébullition. Jusqu'à une certaine température, le sucre…
La foule le discrédite d'un heu volumineux. Ce n'est pas la première fois que Piqûre-douce et ses collègues de la médecine des Blancs tentent de discréditer les experts en plantes et antidotes du village.
Nous sommes aux champs. L’horizon colline-ciel semble mal cousu. Le soleil est suspendu comme un bouton de secours serti de diamants dont la lumière rayonne le jour. L’air est enfermé dans les poumons de la terre qui ne respire plus.
La vieille dame m’appelle : "N’kina" son petit mari comme son petit homme […] Je lui réponds que je ne suis pas son mari. Je ne comprends même pas pourquoi cette venue-directement-de-la-brousse me traite de petit mari. Tout le monde autour ricane.
L'enfant des gens souffre vraiment. Je réfléchis jusqu'à ce que ma tête s'échauffe. Parce que le jour où les plans de l'homme finissent, c'est son jour de mort. Et moi je n'ai pas envie d'arriver à mon jour de mort. En même temps, j'ai tout essayé. Il n'ya aucune possibilité de fuite. En une semaine, j'ai survécu à deux intoxications alimentaires, une piqûre de scorpion, trois piqûres de guêpe et une noyade dans la rivière blanche.
Parce que la colère tourne-tourne entre ma gorge et ma poitrine. Elle ne sait pas par où sortir, toutes les issues lui sont fermées
« Le petit balafon ne répète que ce qu'il entend du grand balafon. »
Proverbe malien.
Les trains de la dispersion et les pirogues volantes de l'exode les avaient tous éloignés.
Un vieil homme peine à s'en sortir avec son téléphone. Il veut appeler sa famille. Il pense qu'il s'agit d'un problème de réseau à cause de la mauvaise couverture en brousse, mais lorsque je prends son téléphone, je remarque qu'il ne l'a même pas déverouillé. « Les jeunes et les machines des blancs, c'est vraiment une histoire de jumeaux », s'exclame-t-il, heureux après le dénouement de son casse-tête.
Je relève la tête. Je remarque qu'elle a une bague à chaque doigt ou presque, avec des bracelets jusqu'au coude. Sur son front, elle a posé un gros bijou de tête indien enfoui dans ses mèches brésiliennes surplombé d'un foulard noué dromadaire. (Le genre de dame dioula qui fait hurler les détecteursde métaux dans les aéroports.)