AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ThBerched


Quel plaisir de retrouver l'esprit de synthèse de Jean-Paul Demoule qui s'impose comme l'un des meilleurs vulgarisateurs et, de fait, l'un des meilleurs « passeurs » des dernières nouvelles de la recherche académique, et cela du Paléolithique à l'époque contemporaine. Pour les non-spécialistes, voilà un ouvrage utile, synthétique, et bien informé.

Nous le savions, la créolisation n'est pas un état particulier de quelques îlots insulaires mêlés, mais le lot même de l'humanité (« raconter ici l'histoire des migrations aura finalement été raconter l'histoire de l'humanité tout entière, tant les migrations en sont indissociables »). Mais encore faut-il le rappeler, l'illustrer, chiffres à l'appui, pour rendre visible cet immense mélange qui caractérise le parcours humain depuis les différents « sorties » d'Afrique, et dont les dynamiques sont aussi surprenantes que, parfois, attendues (les analogies entre les différentes modalités de peuplement sont frappantes, de l'Empire romain au peuplement des îles pacifiques ; les facteurs croisés sont toujours les mêmes : pression démographique, économique, sociale, politique).

Cette grande réflexion sur les mobilités humaines ne manque pas de créer un certain vertige au vu des dynamiques et des allers et retours de ce peuple humain plus labile que n'importe quel autre.

Ce livre relève, d'une certaine manière, de l'hygiène intellectuelle, à l'heure des nostalgiques de la pureté. Au contraire, le métissage et la reconfiguration permanente des sphères culturelles et ethniques sont ici réaffirmés. le passage, bien narré, des sociétés de chasseurs-cueilleurs, ou des sociétés paysannes primitives, aux Etats, ces agglomérats humains hiérarchisé et inégalitaires, nous rappelle les réflexions de Pierre Clastres. La violence, par ailleurs, semble indéniablement liée à la question de la surpopulation, ou du moins du manque « d'espace » libre. le constat des mobilités ne cèle pas la question de l'emprise trop grande des humains (introduction : une « espèce invasive » ?) sur l'espace terrestre.

Les derniers chapitres ressemblent davantage à une litanie des catastrophes et des guerres ayant marquées l'humanité depuis les décolonisations – et manquent peut-être de perspective, mais la conclusion (« qui a peur des migrations ? » permet de tirer des enseignements plus généraux, en relativisant les angoisses pour l'avenir. Quelques cartes bienvenues permettent de compléter l'ensemble.
Commenter  J’apprécie          00







{* *}