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Critique de AmandineMM


"Je cherchai bien la morale de toute cette aventure, et… je n'en trouvai point."

La dernière phrase de ce conte est assez significative de l'ensemble du texte : il est inutile d'y chercher une quelconque morale ou leçon, seuls le caprice et l'inspiration d'un moment ont présidé à cette plaisante aventure. Celle-ci est initiée par Madame de T***, femme soucieuse de sa réputation et sachant la préserver (sans avoir celle d'une prude pour autant), à qui il prend brusquement la fantaisie d'enlever le jeune narrateur à une de ses amies et de l'emmener à la campagne de son mari. Bien que surpris, Damon se laisse conduire et entraîner dans un rêve éveillé. Cette dimension onirique est en partie causée par la rapidité des évènements. Cette vitesse se répercute sur la narration et donne au lecteur la sensation d'être lui aussi pris dans ce tourbillon. Toutes les procédés d'usage de ce type d'arrangement amoureux sont respectés, mais de façon accélérée, en une nuit. Vivant Denon livre donc dans cette nouvelle une épure des intrigues libertines aristocratiques et romanesques : tel Meilcour par Madame de Lursay, Damon est initié à l'amour et à ses délicatesses par Madame de T***, bien plus rapide dans cette entreprise. Elle y est bien entendu aidée par son jeune apprenti, déjà formé au langage codé de la société de l'époque.

Comme l'annonce le titre, cette nuit d'initiation et de rêve restera sans lendemain : "Tout m'échappe avec la même rapidité que le réveil détruit un songe, et je me trouvai dans le corridor avant d'avoir pu reprendre mes sens." le conte se poursuit alors, non plus sur le mode érotique comme précédemment, mais sur celui de la comédie : les retournements de situation se succèdent – avec bonheur, pour qui sait les lire entre les lignes, comme il est de coutume dans ces récits du 18e siècle –, chacun joue son rôle, sans toujours se rendre compte de son ridicule, et tous repartent contents. Bien sûr, tout n'est pas idyllique dans ce dernier tableau, le cynisme de Vivant Denon ne s'efface pas ainsi : la figure de Madame de T*** domine comme celle de la marionnettiste dans la pièce qui se joue, c'est-à-dire comme celle qui manipule tout ce beau monde et est la seule à sortir indemne de cette comédie sociale et amoureuse.

"Conviens que le théâtre du monde offre des choses bien étranges, qu'il s'y passe des scènes bien divertissantes."

Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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