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EAN : 9782072761584
96 pages
Gallimard (04/01/2018)
  Existe en édition audio
3.44/5   42 notes
Résumé :
J'aimais éperdument la Comtesse de ... ; j'avais vingt ans, et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna: et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes. Elle était amie de Mme de T..., qui semblait avoir quelques projets sur ma personne, mais sans que sa dignité fût com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est à notre chère H-mb que je dois d'avoir découvert Vivant Denon dont je n'avais jamais entendu parler. A sa suite, j'ai décidé de lire ce court texte réputé être « une pièce majeure de la littérature libertine » (dixit la 4e de couverture).

Alors, dans mon esprit, libertin avait une connotation érotique. Il a fallu que je lise la définition du terme pour comprendre que non. le Robert décrit en effet l'adjectif par « Qui recherche, avec un certain raffinement, les plaisirs charnels ». Incontestablement, Point de lendemain tape pile dans la cible. Ce texte est extrêmement raffiné dans le style, à la hauteur des personnages qui pratiquent l'infinité des circonvolutions pour plaire, séduire, sous-entendre leurs propres sentiments, ne cédant que brièvement à la passion.
Libertin donc. Il s'agit de plaire et de craquer hors cadre légal du mariage. A ce jeu, le jeune narrateur est un peu le puceau, même s'il pratique plutôt bien les règles. le marquis, qui est l'amant en titre, croit l'avoir manipulé avec sa belle, mais « tel est pris qui croyait prendre ». La belle Mme de T… est la véritable cheffe d'orchestre. Difficile de dire si elle simule ou tombe dans son propre tendre piège. Je penche pour la deuxième option.

Le Folio 2€ que j'ai contient deux versions : la première est la plus tardive, publiée en 1812. La seconde date de 1777. Ma réception a été plutôt bizarre. J'ai très peu goûté la première version (de 1812). Je l'ai trouvée ampoulée. J'ai souvent eu du mal à comprendre ce que l'on voulait dire. Je me suis souvent agacé. C'est clair la langue est soutenue, esthétique, trop. La découverte de la chute m'a un peu réconcilié.
Et là j'attaque la version de 1777. Je fais plus attention, lis moins vite. Et hop, l'ampoule s'allume. Mais c'est que c'est très bon ! La partie de tennis masquée entre le narrateur de Mme de T… leur vaudrait le court Suzanne Lenglen. La description de la « pièce mystère » destinée à abriter les plaisirs coupables est hallucinante. Bref, je me suis régalé.
Et là je compare quelques phrases entre les versions… et n'y trouve que peu de différences.

Alors quoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Je n'ai toujours pas compris. Seule hypothèse : en lisant le deuxième texte, c'est comme si je faisais une seconde lecture. Comme un redoublement, on sait un peu mieux à quoi s'attendre.

Accueil mitigé donc, bien que je reste sur mon ressenti final positif. Mais une chose est sûre : dans son impact sur moi, ce texte ne tient pas la comparaison avec Les souffrances du jeune Werther.
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J'ai lu la version de 1812 et ma lecture de celle de 1777 remonte à cinq ans et je ne peux donc pas comparer les nuances entre les deux versions de ce conte même si celle-ci me laisse une impression plus agréable.
Le style de Vivant Denon est élégant, mais la brièveté du texte est toujours aussi frustrante et il n'y a pas vraiment de morale à ce conte, si ce n'est qu'on n'est jamais sûr d'accorder sa confiance à bon escient.
En effet, les trois hommes sont le jouet de Mme de T... qui les manipulent, sans pour autant négliger son plaisir, pour que son mari et son amant régulier se sentent rassurés ; et peu importe si elle leur ment et piétine les espoirs naïfs d'un jeune homme pour y parvenir.
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Brillant causeur, diplomate, gérant du pillage pour le Louvre des conquêtes de Napoléon, graveur qui a produit une série d'« Oeuvres priapiques », Vivant de Non (son patronyme avant la révolution) écrit « Point de lendemain » à 30 ans (1777). Un premier trait est la convention : invité par l'amie de sa maîtresse, il passe la nuit chez la première ; reçu le soir par le mari, il est moqué le lendemain par l'amant en titre (« Madame, dit le Marquis, il a fini son rôle aussi bien qu'il l'avait commencé ». Elle répondit gravement « J'étais sûre du succès de tous ceux que l'on confierait à Monsieur »). le second trait est la chasteté du langage : il y a belote et rebelote mais elles sont traitées dans une parfaite discrétion. le troisième est l'affectation des lieux : la loge à l'Opéra, le carrosse, le château lointain (on change deux fois de chevaux), la promenade au parc, le banc de gazon, le pavillon, le cabinet, la grotte à mécanisme, enfin la promenade solitaire au jardin. le grand culot de l'auteur est de placer son conte sous l'invocation De Saint Paul (« La lettre tue, et l'esprit vivifie »).

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Jeu de dupe amoureux du 18es au cours duquel un jeune homme perd ses oeillères sur le comportement des femmes avec lui. Il est trompé par sa maitresse en titre qui se sert de lui pour contrebalancer ses deux autres amants, et il aide sans scrupule et innocemment une comtesse à tromper son mari pour lui cacher son véritable amant. Vous suivez ? Non ? Alors voyez cela comme une comédie légère de théâtre, avec des rebondissements sous la forme de révélation sur les rapports des uns avec les autres. ‘'On annonça M. de T… et nous nous trouvâmes en situation''. Cette phrase résume parfaitement ce qui se passe. Cette situation est construite comme une intrique théâtrale qui respecte qui respecte les trois unités. L'écriture est caractéristique de ce siècle par ses tournures de phrase qui combine à la fois longueur de phrase et vivacité de style, comme le montre l'incipit, un petit bijou à lui tout seul. Je n'avais jamais lu un auteur maniant aussi habilement le point virgule.
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Un petit bijou du dix-huitième siècle libertin. Transposé, à notre époque, dans le film de Louis Malle "Les amants".
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J'aimais éperdument la comtesse de *** ; j'avais vingt ans, et j'étais ingénu ; elle me trompa ; je me fâchai ; elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna ; et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes.
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— Laisserez-vous, lui dis-je, ma tête sans couronne ? Si près du trône, pourrai-je éprouver des rigueurs ? Pourriez-vous y prononcer un refus ?
— Et vos serments ? me répondit-elle en se levant.
— J'étais un mortel quand je les fis, vous m'avez fait un dieu : vous adorer, voilà mon seul serment.
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Il en est des baisers comme des confidences, ils s'attirent, ils s'accélèrent, ils s'échauffent les uns par les autres. En effet, le premier ne fut pas plutôt donné, qu'un second le suivit, puis un autre ; ils se pressoient, ils entrecoupoient la conversation, ils la remplaçoient ; à peine enfin laissoient-ils aux soupirs la liberté de s'échapper. Le silence vint, on l'entendit (car on entend quelquefois le silence), il effraya. Nous nous levâmes sans mot dire, et recommençâmes à marcher.
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Je montai dans la voiture qui m'attendait. Je cherchai bien la morale de toute cette aventure, et... je n'en trouvai point.
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L'amour veut des gages multipliés: il croit n'avoir rien obtenu tant qu'il lui reste à obtenir.
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