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Critique de fanfanouche24


Encore un tout petit livre...très, très dense.

Une acquisition faite à Ajaccio, en août 2006. Mon compagnon était vivant, nous profitions de son île ensemble, avec bonheur...

J'avais choisi ce livre à la librairie de la Marge, à Ajaccio, subjuguée par la beauté des clichés noir et blanc de Raymond Depardon rendant à la fois la beauté de l'île, ainsi que ses mystères et sa sauvage âpreté... En ce 2 juillet ( période anniversaire du décès de Xavieru, mon compagnon, il y a juste 2 années), j'ai ressenti la nécessité de reprendre ce petit volume sur mes rayonnages... Pour retrouver et Xavieru et La Corse...

Quelle ne fut pas ma surprise en débutant le texte, dans le train, vers mon travail... de lire des noms très familiers, liés à Ajaccio, jusqu'à un mot redouté , le "V 240" (établissement très connu pour "la fin de vie")

Le récit personnel de Jean-Noël Pancrazi ne possède pas de lien direct avec les photographies, si ce n'est l'excellent "rendu" d'une atmosphère, de paysages corses où est ancré l'hommage de l'auteur à son papa affaibli, qui a perdu la mémoire. Mort de ce "papa" bienveillant, gentil et avenant... au parcours ardu, entre l'Algérie et la Corse...

Très beau texte qui exprime fort bien les rites, usages, comportements des gens du village pour accompagner "le mort", et apporter réconfort et condoléances respectueuses aux "vivants" éprouvés:

"Le glas sonnait dans le village. le corbillard s'arrêtait sur l'esplanade devant l'église Saint-Antoine. Alors, leur chapeau à la main, les yeux pleins de larmes, les lèvres et les rides aussi sèches que les pierres des murets sur lesquels ils étaient assis, où ils m'attendaient, ils venaient vers moi, les anciens d'Ucciani, en courant presque, comme des bergers affolés dévalant la montagne à la recherche d'un animal blessé ou perdu, dans une ruée d'amour, un monôme de tristesse, m'embrassaient tour à tour dans leur élan de fraternité gauche, de solidarité bouleversée... (p.42)"

Un peu de mal au départ avec les "phrases-accordéon" de l'auteur... mettant à mal mon impatience chronique... Toutefois, le style est extraordinairement poétique... et je suis heureuse d'avoir malmené mon impatience naturelle.

ce texte décrit aussi avec beaucoup d'émotion et de finesse l'amour de cette Corse avec toutes les ambivalences existantes...
"J'avais soudain- moi qui prétendais n'avoir jamais eu besoin de racines- le désir de cette terre, l'envie d'être enseveli, un jour, là où il y avait encore une place, près de lui, au bout du terrain, sous le dernier châtaignier" (p.49)

Ce récit par son style,sa poésie, les photographies en noir et blanc qui l'accompagnent avec beaucoup de sobriété, les lieux, les noms qui me sont familiers ont rendu cette lecture doublement "émotionnante"

je suis , en dépit de la peine "réactivée"... heureuse d'avoir lu cet écrit. Je tenterai d'autres découvertes de cet auteur, dans des thématiques différentes...moins intimes.

Pour moi cet ouvrage est comme une bougie... que je dépose ,en pensée sur la sépulture de Xavier, dans le petit cimetière de montagne de Bocognano... en ce 2 juillet 2014...
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