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Critique de Zora-la-Rousse


Voilà un petit livre étonnant.
Déjà parce qu'il est confus, et que c'est pourtant là la volonté de l'auteur. Un choix assumé donc et que j'ai validé, une fois passé l'effet de surprise...
Ensuite parce que ce livre n'est pas au final celui qu'il aurait du être, il s'est comme imposé à Agnès Desarthe. Elle qui voulait faire le portrait du pédagogue polonais Janusz Korczak, voici que c'est de son grand-père dont il est question.
Particularité : il ne s'agit pas de son grand-père biologique, mais de l'homme avec qui sa grand-mère a choisi de refaire sa vie, après avoir perdu le père de ses enfants à Auschwitz.
Et ce faux grand-père comme elle dit, le remplaçant, a énormément compté pour elle ; par ce qu'il était : un conteur imaginatif, par son histoire si particulière qu'il lui a raconté maintes fois. Malheureusement elle l'avoue, elle n'a pas toujours écouté, pas vraiment retenu, mais elle se sent le devoir de raconter à son tour l'histoire de Bouz ou triple B, avec toute la fantaisie qu'elle a hérité de lui et tendresse.
L'auteure, que je découvrais là, à l'écriture fine et élégante, a cette capacité à se remémorer avec acuité ses souvenirs d'enfance, et au-delà, à trouver les mots justes pour décrire et rendre l'univers des enfants, avec leurs raisonnements propres. J'ai adoré le chapitre consacré au pouvoir des noms, « au fait qu'ils sont porteurs de sens et que leur signification, évidente ou latente, finit par déteindre sur le caractère ou l'histoire de la personne. ». Ainsi, sa maîtresse de 2ème classe de maternelle, dénommée Mme Bessis, devenait à ses yeux Mme B-6, une lettre et un chiffre, un nom qui la prédestinait à sa profession. J'adore. Et c'est si vrai, si juste, de la poésie des enfants…
Le passage consacré à Janusz Korczak arrive en fin de livre (comme quoi ;) ) et fait partie des moments forts de l'ouvrage, notamment lorsqu'elle aborde la déportation des orphelins dont il s'occupait dans le ghetto de Varsovie vers Treblinka, l'abnégation et le courage dont il fait preuve et qu'il transmet aux enfants. Ce passage très touchant est inspiré par le témoignage de Władysław Szpilman, dont il faut absolument que je lise le pianiste...

Vraiment : une jolie rencontre.
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