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EAN : 9782823620771
128 pages
Editions de l'Olivier (18/08/2023)
3.43/5   104 notes
Résumé :
Avec 'Le Remplaçant', Agnès Desarthe nous livre plus qu'un autoportrait : une radiographie de son imaginaire personnel - et familial. Elle écrit : 'Peut-être ferais-je mieux de commencer par expliquer que mon grand-père n'est pas mon grand-père. Bouz, Boris, Baruch n'est pas le père de ma mère. Le père de ma mère a été tué à Auschwitz en 1942. B.B.B. - appelons-le ainsi, pour le faire court - est l'homme avec qui ma grand-mère, la vraie, a refait sa vie... si l'on p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un petit livre étonnant.
Déjà parce qu'il est confus, et que c'est pourtant là la volonté de l'auteur. Un choix assumé donc et que j'ai validé, une fois passé l'effet de surprise...
Ensuite parce que ce livre n'est pas au final celui qu'il aurait du être, il s'est comme imposé à Agnès Desarthe. Elle qui voulait faire le portrait du pédagogue polonais Janusz Korczak, voici que c'est de son grand-père dont il est question.
Particularité : il ne s'agit pas de son grand-père biologique, mais de l'homme avec qui sa grand-mère a choisi de refaire sa vie, après avoir perdu le père de ses enfants à Auschwitz.
Et ce faux grand-père comme elle dit, le remplaçant, a énormément compté pour elle ; par ce qu'il était : un conteur imaginatif, par son histoire si particulière qu'il lui a raconté maintes fois. Malheureusement elle l'avoue, elle n'a pas toujours écouté, pas vraiment retenu, mais elle se sent le devoir de raconter à son tour l'histoire de Bouz ou triple B, avec toute la fantaisie qu'elle a hérité de lui et tendresse.
L'auteure, que je découvrais là, à l'écriture fine et élégante, a cette capacité à se remémorer avec acuité ses souvenirs d'enfance, et au-delà, à trouver les mots justes pour décrire et rendre l'univers des enfants, avec leurs raisonnements propres. J'ai adoré le chapitre consacré au pouvoir des noms, « au fait qu'ils sont porteurs de sens et que leur signification, évidente ou latente, finit par déteindre sur le caractère ou l'histoire de la personne. ». Ainsi, sa maîtresse de 2ème classe de maternelle, dénommée Mme Bessis, devenait à ses yeux Mme B-6, une lettre et un chiffre, un nom qui la prédestinait à sa profession. J'adore. Et c'est si vrai, si juste, de la poésie des enfants…
Le passage consacré à Janusz Korczak arrive en fin de livre (comme quoi ;) ) et fait partie des moments forts de l'ouvrage, notamment lorsqu'elle aborde la déportation des orphelins dont il s'occupait dans le ghetto de Varsovie vers Treblinka, l'abnégation et le courage dont il fait preuve et qu'il transmet aux enfants. Ce passage très touchant est inspiré par le témoignage de Władysław Szpilman, dont il faut absolument que je lise le pianiste...

Vraiment : une jolie rencontre.
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Première lecture d'Agnès Desarthe, qui me laisse sur ma faim. D'abord, j'ai aimé cette idée du grand-père qui en remplace un autre, disparu dans les camps. L'idée d'une filiation qui se construit au-delà du sang, dans un rapport à la parole, un personnage un peu étrange, loufoque parfois, résolu à vivre. Les écrivains héritiers de la Shoah sont toujours des écrivains de l'absence. J'ai donc aimé que cette absence, constamment palpable, soit aussi écrite en creux, par la présence du remplaçant. Pourtant, malgré la tendresse et l'écriture sensible, ce livre ne m'a pas touché, comme glissant à la surface, imperceptiblement.
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Après avoir visité le musée des combattants du ghetto de Varsovie situé en Galilée occidentale, Agnès Desarthe voulait écrire sur Janutsz Korsakov, de son vrai nom Henryk Goldszmit, ce pédiatre polonais passé à la postérité pour son engagement en faveur des droits de l'enfant et surtout pour s'être occupé des orphelins dans l'enfer du ghetto de Varsovie.
Mais en découvrant et en examinant plus attentivement les photographies le concernant, elle eut une révélation : ce médecin renommé et son grand-père Bouz, Boris , Baruch, dit « B.B.B. »se ressemblaient étrangement : calvitie, barbe neigeuse , regard à la fois tendre et sérieux.
Alors son récit, quelques quatre-vingt pages, va être consacré à son aïeul, en fait un grand-père de remplacement, parce que le vrai est mort à Auschwitz en 1942.
Sa veuve, la grand-mère d'Agnès, Tsila, a refait sa vie avec triple B, qui lui aussi a perdu son épouse déportée.
Bouz, juif, natif de Moldavie, communiste, trouva le moyen de s'engager dans l'armée française, fut prisonnier et échappa ainsi à la shoah.
C'est une figure tutélaire sympathique, un personnage que nous suivons sur plusieurs années dans sa vie ordinaire parisienne.
C'est une narratrice, sa petite-fille, qui dévoile son affection filiale pour ce personnage attachant, avec une écriture où perce l'émotion , l'humour et même une pointe d'ironie .
Un petit récit intime qui témoigne de ce que fut sa relation avec ce grand-père pittoresque de substitution qui est, en quelque sorte, le paradigme de tous ceux qui s'occupent avec dévouement tendresse et gratuité des enfants qui ne sont pas de leur lignée.
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Quand Agnès Desarthe a décidé d'écrire l'histoire de son grand-père, elle pensait que ça n'intéresserait que les membres de sa famille. Elle ignorait que cela allait la mener aussi loin, à cette enquête mettant en lumière des questions restées pour la plupart sans réponse ou auxquelles à l'époque on avait répondu de façon évasive pour ne pas troubler le passé, voire même le présent.

Or, rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. Et à mesure qu'elle dressera le portrait de celui qui fut le grand-père de remplacement, le premier mari de sa grand-mère et père de sa mère ayant péri à Auschwitz, Agnès Desarthe tisse pour nous une très belle histoire. Pleine de tendresse, de regrets aussi. Parce que celui qu'elle considéra comme son grand-père, qu'elle aima pour ce qu'il était, alors qu'il ne fut jamais un héros, le seul et unique héros ayant été celui qui ne revint pas des camps de l'horreur, ne fut peut-être pas estimé et autant aimé qu'il le méritait. Il n'était pas parfait, mais qui l'est? Il avait perdu sa première femme, la grand-mère avait perdu son premier mari. Ils s'étaient connu avant. Cela simplifiait les choses quand il a fallu réapprendre à vivre.

Or, si la raison a pris le pas sur l'amour, faut-il empêcher les autres d'aimer? D'aimer l'homme qui ne fait pas de bruit et qui traverse le siècle sans devenir un héros? C'est la question que se pose Agnès Desarthe à mesure que se construit ce faux roman plus proche du récit que de la fiction, où il est aussi question de Janusz Korzock, directeur de l'orphelinat du ghetto de Varsovie, qui fut lui aussi un remplaçant.

Sobre et pudique, le remplaçant est un texte émouvant. Sur ce que nous sommes, sur nos racines, sur ce qui nous lie à ceux qui nous aiment qui n'a souvent rien à voir avec les gènes, sur ce qui demeure quand on croit avoir tout oublié.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Un fort joli petit livre dont la lecture m'a enchanté.
J'ai beaucoup aimé cette plongée dans l'univers de l'enfant qui reste toujours plus ou moins délibérément à l'écart du monde réel, se raccrochant obstinément à la vision des choses qui agresse le moins son monde intérieur.
D'où le flou enrobant les épisodes de la vie familiale dont on veut retrouver les traces à l'âge adulte… et on est alors obligé de se contenter des pointillés des souvenirs restés parcellaires.
Mais, au fond, cette façon de se remémorer apporte autant d'authenticité qu'une recherche historique bien documentée. D'ailleurs, l'auteure avoue : « Je préfère inventer ».
Inventée donc, cette histoire du grand-père de remplacement ? … le vrai grand-père ayant disparu à Auschwitz. Pas si sûr puisque la vérité finit toujours par pointer le bout de son nez et les souvenirs occultés refont surface au moment où l'on s'y attend le moins. Ainsi cette anecdote époustouflante de la recette du pletz de la grand-mère disparue… qu'elle lit dans tous ses détails en tournant les pages d'un livre de cuisine juive et puis qui s'évapore lorsqu'elle se met en tête de réaliser le plat. Plus aucune trace écrite !
Le remplaçant est ainsi une oeuvre concise et dense que j'ai appréciée jusqu'à la surprise finale où l'on apprend que le héros n'est pas vraiment le héros… Mais je n'en dis pas plus et je laisse le mot de la fin à Agnès Desarthe :
« J'écris toujours l'histoire d'à côté, jamais celle que j'avais prévue… »


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critiques presse (1)
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - Talentueuse conteuse, Agnès Desarthe nous entraîne dans une tendre et singulière évocation de son grand-père. Mais, nous explique-t-elle, « mon grand-père n'est pas mon grand-père ». L'homme aux multiples prénoms - Bouz, Boris, Baruch, « BBB (...) pour faire plus court » - est celui avec qui sa grand-mère a refait sa vie, après la guerre et la disparition de leurs époux respectifs dans les camps d'extermination. « Triple B avait le bon goût de n'être pas à la hauteur du disparu ; ni aussi beau, ni aussi intelligent, ni aussi poétique que le mort qu'il remplaçait. On avait perdu au change et c'était parfait ainsi, moins culpabilisant. »
L'auteur convoque, ou plutôt recompose, ses souvenirs d'enfance : instants partagés, se résumant parfois à des sonorités, des couleurs ou des odeurs, à des objets, réinventés par le regard d'une petite fille curieuse, puis d'une adulte rêveuse. Elle dresse ainsi le portrait d'un homme discret, parfois lâche, qui laisserait indifférent ; un « remplaçant » qui a su se raconter et devenir un grand-père aimé. Ce n'est pas de lui pourtant dont l'auteur voulait parler : l'ouvrage devait être consacré au pédagogue Janusz Korzack, en réponse à une commande de son éditeur sur son héros favori, pour la collection « Figures libres ». C'est ainsi, Agnès Desarthe écrit « toujours l'histoire d'à côté, jamais celle que j'avais prévue ».
Les jeunes lecteurs se laisseront totalement séduire par ce court récit à la langue si savoureuse et vivante. Ils seront sans aucun doute émus par la tendresse qui émane de liens familiaux à la fois ordinaires et un rien originaux.
« Ces derniers temps, la réalité gagne de plus en plus de batailles contre la fiction. » Le texte d'Agnès Desarthe rappelle joliment le pouvoir de la littérature. Il constitue un parfait éloge de l'imagination et du romanesque. Il est également certainement ce « détour nécessaire », pour évoquer une histoire familiale meurtrie par la Shoah. Hélène Sagnet
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Les nazis nous traitent de cancrelats, ils nous voient comme des montres infestés de vermine, des sous-hommes, nous comparent aux fruits gâtés qu’il convient de détruire afin qu’ils ne contaminent pas les récoltes saines, et nous chantons, et nous disons des vers, nous récitons la Divine Comédie , des fables et des comptines. Cela ne sert à rien, on meurt quand même. L’art ne sert à rien, car on meurt toujours. Mais l’image reste. L’image d’un convoi d’enfants qui chantent en allant vers la mort et disent « en nous exterminant, c’est vous-mêmes que vous tuez »
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Janusz Korczak écrit de très belles pages sur un bébé mort enveloppé dans du papier. Le paquet est posé sur le trottoir, Korzcak l’observe longuement et se demande pourquoi la mère a laissé dépasser les pieds du nourrisson. Il y avait vraisemblablement assez de feuilles pour emballer efficacement le petit corps. Korczak en conclut que cette imperfection est délibérée. La mère a choisi de laisser dépasser les pieds de son bébé, non seulement parce qu’il n’aura plus jamais froid, mais surtout, parce que cela permet aux passants de savoir que ce ballot n’est pas un déchet, un vulgaire tas d’ordures que l’on peut piétiner ou fouiller à la recherche d’un croûton oublié. Ceci est un humain disent les minuscules orteils. Et Korczak voit dans cette ultime attention de la mère pour son enfant, un concentré de respect et de tendresse.

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Nous avons tous commencé par être des enfants, c'est ce que nous devrions le mieux connaître. Ce qui se passe dans la tête d'un petit ne devrait jamais nous surprendre mais, au contraire, nous être familier, nous rappeler à nous-même ce que nous étions autrefois. Or c'est l'inverse. L'enfant nous déroute. Il se sent incompris et mal aimé, quand, de notre côté, nous nous sentons trahis et impuissants. Quelle est la substance de l'écran qui se dresse entre lui et nous ? Quel est le rôle du voile amnésique qui nous sépare ?
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"Certains objets sont voués à nous échapper, à nous manquer, d'autres les remplacent. On veut écrire un livre et c'est un autre qui vient. On croit inventer un héros et il a la tête de notre voisin de palier. J'écris toujours l'histoire d'à côté, jamais celle que j'avais prévue. Mon arme au canon recourbé atteint rarement sa cible et tire admirablement dans les coins. Dans quel but ? Je l'ignore, il semble que tout doive se faire à mon insu, comme pour préserver mon innocence, comme si je me méfiais de moi-même
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La métaphore a si mauvaise réputation dans l'Occident moderne qui continuent à l'utiliser sont les journalistes sportifs. Pour le reste, on n'y a plus droit, c'est ringard, ça fait vieux, comme cette manie de vouloir raconter des histoires. A quoi bon, quand on a si bien développé les techniques d'analyse et d'enregistrement du réel ?
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Videos de Agnès Desarthe (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Agnès Desarthe
Par l'autrice & Louise Hakim
Rue du Château des Rentiers, 13e arrondissement de Paris : c'est là que se trouve une tour impersonnelle et peuplée d'habitants tout sauf riches. Là vivaient les grands-parents de la narratrice, Juifs originaires d'Europe centrale, et leur phalanstère, point de départ d'une réflexion superbement libre sur la beauté de ceux qu'on nomme les « vieux » et sur le fait de vieillir soi-même. Ce récit, en forme de déambulation toute personnelle, est à l'image de son autrice : aussi drôle, lumineux que surprenant.
À lire – Agnès Desarthe, le Château des Rentiers, L'Olivier, 2023.
Lumière : Patrick Clitus Son : William Lopez Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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