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Critique de isanne


isanne
19 décembre 2020
Ce livre, je crois qu'on peut l'aborder de deux façons.

Soit on le lit comme une histoire de couple et celle de la cohabitation dans un immeuble ancien et on en reste à une histoire presque banale, comme finalement, un fait divers, qu'on referme en se disant qu'il ne fait pas bon vieillir dans nos sociétés occidentales...

Soit on écoute la petite voix qui chuchote entre les lignes, se glisse dans les phrases et l'esprit de la narratrice, Sonia, et alors, on se pose davantage de questions, la lecture de distrayante comme un bon roman devient bouleversante comme une remontée de souvenirs et angoissante comme une terreur qui n'en finit pas de nous quitter.



A travers l'histoire de quelques années de la vie de Sonia, son mari et ses enfants, c'est l'histoire de notre société sur le vingtième siècle qui se trouve parcourue. C'est l'évolution – mais sans en être une puisque les mêmes comportements réapparaissent toujours , à toutes les générations - des mentalités des hommes, de ceux qui collaborèrent pendant la seconde guerre mondiale à ceux qui refusent la possibilité d'une société multiculturelle. Si les hommes disparaissent, d'autres reprennent sous d'autres aspects, les mêmes idées ou devons-nous plutôt dire idéologies ? Toute différence par rapport à un standard établi par eux devient une raison de persécution ; il ne fait pas bon être étranger, avoir une autre religion, parler une autre langue, vivre différemment ou encore être âgé dans une société toujours en recherche d'efficacité et de production.

Quand on referme le livre, la même peur que celle qui habite Sonia, nous étreint : il faut déménager, fuir ces hommes qui font régner leur loi de ségrégation et de discrimination, fuir les institutions qui les confortent, fuir ceux qui détournent le regard, qui se taisent leur donnant implicitement raison. Et finalement, et c'est toute l'ambiguïté de la réflexion laisser l'intolérance gagner du terrain.




J'ai beaucoup aimé ce récit qui, sous une histoire somme toute facile à lire en apparence, cache une question que l'on doit se poser tous les jours : qu'est-ce qui fait que j'ai envie de me lever, chaque matin, pour écrire une possibilité différente du vivre ensemble, qu'est-ce qui me pousse à sortir de chez moi pour continuer à tendre la main vers l'autre, celui qui ne me ressemble pas, en essayant d'oublier ceux qui cloisonnent, sectorisent, parquent, font sentences de vérité ? Que faire au milieu d'une société qui n'est finalement si on ne la jugule pas, qu'une réminiscence d'une histoire déjà vécue ?




"C'est ce qu'on appelle la cohabitation, je suppose. J'ignore pourquoi, cela me plonge dans les abîmes de la perplexité. Sans doute parce qu'il m'est difficile de décider à quel groupe j'appartiens, de reconnaître notre plus petit commun dénominateur. Je n'y perçois souvent que la tragédie de l'incompréhension."
Citation du texte d'Agnès Desarthe.
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