De nos jours , le danger les guette d’un côté comme de l’autre.
Les choses ne seront plus jamais comme avant. Les enfants d’aujourd’hui ne goûteront jamais aux libertés qu’on avait quand on était mômes. Et par dessus tout à cette liberté inestimable : se mêler aux adultes sans que plane cette méfiance. Sans que tes motivations ou les leurs soient mises en question.
Malgré le dégoût que lui inspiraient ses propos, elle se sentait touchée par l’émotion qui perçait dans sa voix
Pourquoi un pédophile serait-il donc différent ? Pourquoi ne pourrais-je pas me trouver dans une salle remplie d’enfants sans pour autant éprouver le besoin de profiter d’eux ?
Mais vue d'un oeil froid et clinique, la pédophilie ne diffère en rien des autres comportements sexuels s'écartant du modèle visant à la reproduction. Ce n'est qu'une variante de plus du désir sexuel de base, causée par des facteurs génétiques, pathologiques ou socio-environnementaux ; probablement une combinaison des trois. Ce n'est pas pour autant que c'est bien ou mal. Le bien et le mal relèvent de la moralité sociale, pas de la biologie. De l'éthique, pas de la science. Les troubles sexuels sont un domaine de la nature humaine qu'on commence à peine à comprendre
Elle montra du doigt une photo d'une des victimes sur une coupure de presse:
_Vous voyez, elle ne signifie rien pour vous. Pas plus qu'une petite Africaine victime de la famine. La société déteste les enfants. Votre ami Thomas Bristow ne vous l'a-t-il pas enseigné? Croyez-vous honnêtement que quelqu'un se souciait de ces filles? Bien sûr, les gens sont écoeurés quand ils lisent les avis de recherche sur leurs paquets de corn flakes, ou lorsque la télé diffuse ces reportages à l'heure du thé. Mais quelqu'un se souciait-il réellment des victimes? Ces foules qui hurlent des invectives au dehors du tribunal au passage d'un pédophile, pensez-vous qu'elles se soucient un tant soit peu de la victime? Bien sûr que non. Les gens se soucient uniquement de leurs propres enfants, tout comme ils se soucient de leur maison ou de leur voiture. De leurs possessions personnelles. Ils poussent des oh! et des ah! quand on aborde la question de l'enfance maltraitée, mais dans le même temps ils battent leurs propres marmots à l'abri de leurs quatre murs, ils leur infligent la fumée de leurs cigarettes, leur font avaler n'importe quoi, les refilent à la baby-sitter qui sera la moins chère quand ils sortent s'amuser.
Le premier garçon arborait une expression dégoûtée et luttait contre la curiosité tandis que son camarade déposait le sachet sur le sol et s’apprêtait à dévoiler le trophée. Sans l’eau pour camoufler la puanteur, la sinistre réalité leur apparut peu à peu comme l’inévitable conclusion s’imposait dans un même temps à la vue et à l’odorat.
Un membre.
Un membre en putréfaction, guère plus grand que leurs propres bras.
Un bras d’enfant.
N’importe qui à ma place aurait réagi ainsi. J’aurais voulu mettre la main sur lui. Le faire souffrir. Lui couper les couilles. Lui… Mais ça c’était avant. Aujourd’hui je raisonne. Je ne recherche plus la vengeance, mais la justice. Je veux connaître ses raisons. Savoir quel genre de personne c’est. Est-ce qu’il a une famille ? Des amis ? A-t-il déjà aimé quelqu’un ? Se sent-il coupable ? A-t-il des remords ? Des regrets ? Éprouve-t-il seulement quelque chose ? À l’époque, je me disais que même la pendaison était un châtiment trop doux. Mais aujourd’hui… maintenant que j’y réfléchis, je me rends compte que ce n’est pas une solution. Il doit être malade. Dérangé, je veux dire. Mentalement. Sérieusement dérangé. Il a besoin d’aide, pas d’une punition.
On a tous nos défauts. Moi par exemple… pas moyen d’arrêter la cigarette. Aucune volonté. Suffit que je vois quelqu’un qui fume et il faut que je m’en grille une.
L’aspect trop rituel du meurtre. Le mobile du crime n’est ni passionnel ni lucratif. Nous avons affaire à un acte froid et prémédité. Quiconque est assez malade pour assassiner une môme et la maquiller recherche une forme de gratification. Ce genre de personnes ne se contente pas d’y prendre du plaisir, Matt. Elles en ont besoin. Crois-moi, il tuera à nouveau si on ne l’attrape pas.