Le parapluie, comme son antithèse la douche, est un confort égoïste que nul ne devrait avoir à partager (...).
Durant le trajet (...), le père me demanda d'où je venais, si j'étais marié, si je jouais au polo – ce genre de questions qui prétendent vous cerner, mais révèlent plutôt les intérêts et les préoccupations de ceux qui les posent.
"Je te donne l'osculum infame, dit-il d'un ton solennel. Le baiser de la honte. Celui par lequel le diable scelle ses allégeances. Dorénavant, tous sauront que derrière cette lèvre fendue se cache une langue fourchue. Plus personne ne prêtera foi à tes mensonges."
"Vous m'excuserez, mon père, si je garde mes gants pour me confesser. Je préfère ne pas toucher cet accoudoir contaminé par tant de doigts souillés par le péché, car ce qui salit les mains ne salit-il pas aussi l'esprit?"
"Je sais qu'il est sacrilège d'introduire un parasite dans un objet sanctifié réservé au transport des hosties pour la communion des malades, mais à bien y penser, l'Eucharistie n'est-elle pas une sorte d'appât camouflant l'hameçon su salut, par lequel le Christ attire le fretin égaré et le ramène dans l'épuisette divine ? D'ailleurs, vous remarquerez qu'il est gravé sur le couvercle de votre custode le mot "ichtus", qui est le monogramme de "Jésus-Christ, fils de Dieu, sauveur" en grec, et qui signifie également "poisson" dans la même langue !"
Sept confessions d'hommes qui ont subi les maléfices, envoûtements et autres déboires dus à 'une femme à la lèvre fendue. Chaque histoire est contée avec brio, intelligence et érudition. La dernière vient nous révéler la trame qui les lie toutes entre-elles. Pour adhérer pleinement à cette lecture il faut savoir tolérer la touche fantastique de chacun des récits, mais le magique n'est pas prépondérant et laisse la place à chaque fois à une véritable narration captivante.
Ce recueil de nouvelles m'a vraiment donné envie de lire d'autres ouvrages de Martine Desjardins afin de voir si elle a pu construire un livre entier en une seule histoire qui me tiendrait autant en haleine.
Une extraction modeste, après tout, se camoufle plus aisément qu’une peau ravagée…