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Critique de BlackKat


Kaleb ou l'histoire d'un jeune adulte qui se découvre Enfant du volcan. Doté d'empathie qui se révèle violemment après l'éruption lointaine de l'Eyjafjöll, en Islande.

Don ou malédiction?

A dompter, maîtriser, canaliser, en tout cas.

Mais comment en utiliser la quintessence positive quand on en ignore tout, quand les aspects sombres offrent puissance, jouissance et pouvoir à un jeune esprit en construction, épris de sa propre importance?

Comment rester bon quand tout pousse vers la liberté et l'impunité du mal?

Comment construire quand ceux qui vous traquent détruisent tout autour de vous, ce qui fonde votre équilibre et vos repères de vie?

C'est l'histoire de Kaleb et des enfants du volcan, entre synesthètes, dompteurs, conteurs, guérisseurs, précog ou empathes… Dotés de "pouvoirs", convoités et pourchassés par ceux qui sont dépourvus de ces qualités, mais non de haine. C'est leur combat à survivre, à échapper aux Veilleurs, chargés de les traquer, de les analyser comme des cobayes ou les vendre aux gouvernements aux fins d'exploiter leurs spécificités.

C'est aussi l'histoire d'une haine farouche et d'une vindicte intime personnifiée par le colonel Bergsson, se servant de sa position au sein de l'organisation pour mener à bien sa vengeance, persuadé d'être l'Elu, poussé par un esprit retors venant d'un lointain passé.

Chacun d'eux entend et voit cet esprit. Est-il le salut, est-il la chute? Quel est donc cet esprit ne demandant qu'à renaître? Quelle est donc la réelle prophétie des EDV?

Kaleb est celui qui forgera le destin de tous. Ce personnage est d'une personnalité fascinante.

On ne peut que succomber.

A la fois puissant et fragile, attiré par l'abîme du pouvoir le plus abject et pourtant animé d'une volonté de paix. Il subit les tumultes des passions, les siennes, les vôtres, les alimente aussi, les provoque, cherche les limites, s'effraie de leurs conséquences, s'en éloigne pour mieux y replonger.

Tour à tour frêle esquif sur un océan démonté ou la source même des tempêtes, Kaleb suscite une kyrielle de sensations viscérales.

On l'aime. On le condamne. On tremble pour lui. On lui souhaite le pire. Mais toujours on vibre au gré de ses émotions. Elles sont siennes. Ce sont les nôtres.

On partage son empathie dans tout ce qu'elle recèle de beauté et de noirceur. On est dans la violence des sentiments, de celle qui ne laisse aucun repos. Un maelström d'émotions et de réflexions agité sous un crâne bombardé de tant de stimuli extérieurs qu'il est difficilement concevable qu'une seule âme puisse en sortir indemne, a fortiori celle d'un jeune homme étranger à la sagesse des âges.

Le domaine de l'empathie est exploré et vécu de l'intérieur, finement incisé à coups de scalpel, retranscrit, partagé, transmis. Don ou malédiction, aucune réponse n'est la bonne.

Au delà d'être une histoire Fantastique, c'est une formidable apologie des haines ancestrales, du feu des guerres aux origines lointaines qui perdure et ne s'éteindra peut-être jamais, tant que des braises couveront. C'est un cri pour la tolérance, la connaissance et l'intelligence de ne pas se laisser gouverner par notre peur de l'inconnu et de la différence. C'est un appel à la maîtrise de la soif de pouvoir inhérente à l'être humain depuis l'aube des temps, cette détestable volonté aveugle d'asservir l'autre ou le supplanter.

De cette trilogie, très bien équilibrée d'un tome à l'autre, j'avoue avoir une préférence pour le troisième, relatant, dans un journal dont Myra a la responsabilité, les témoignages des origines et de l'évolution des EDV. Enormément d'émotions transpirent dans ses vies tumultueuses jalonnées de sang et d'injustice, et nous questionnent sur les choix que l'existence nous amène à poser, et sur l'importance de l'individu au sein d'une communauté… ou son impuissance, son incapacité, son sacrifice…

Kaleb est un véritable coup de coeur, de part son intrigue, son suspens, sa fin totalement hallucinante, cette immersion dans un univers fascinant et ce voyage au travers des tourments de l'âme, dans ce qu'elle possède de plus admirable et lumineux, tout autant que dans ses incertitudes nébuleuses et obscures.

Et je ne sais toujours pas si je dois admirer Kaleb ou le coller dans une oubliette…
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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