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Critique de Babbu2A


Merci aux éditions du Rocher et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique 😊

Ce roman social aux accents de thriller économique devait plutôt, à en lire la 4ème de couverture, répondre à mes attentes. Pourtant, maintenant qu'il est achevé, il me laisse un goût légèrement doux-amer, un ressenti mi-figue-mi-raisin, un souvenir mitigé… C'est bien, mais…

Mais laissez-moi d'abord un peu vous le décrire. Un roman avec un volet "social", disais-je, car il décrit de façon assez fine la grande bourgeoisie de l'Ouest parisien. Cette caste très aisée et assez conservatrice, avec ses codes, ses us et coutumes, ses privilèges et son entre-soi.
Certains pourront considérer que la description de ce milieu, proposée par Jean Desportes, relève du cliché et que sa représentation est caricaturale. Je n'ai pas eu ce sentiment même si je comprends l'idée car il est vrai que ce roman se déroule au coeur d'une niche sociale repliée sur elle-même et qui n'hésite pas à user de traditions un peu désuètes et de comportements parfois d'un autre temps. Il est également vrai que dans ce milieu très fermé, que j'ai croisé à l'occasion dans ma prime jeunesse, la caricature devient de temps en temps la norme ! Et vu de l'extérieur, ces comportements peuvent en effet parfois choquer.

Ce roman est également construit autour d'un volet "thriller économique", avec une intrigue qui se déroule, une fois n'est pas coutume, dans le monde de l'entreprise et plus précisément au coeur d'un puissant cabinet d'Audit à la Défense. Sur ce registre economico-thriller, nous sommes un peu à la croisée des chemins entre les très bons "Paranoïa" de Joseph Finder et "La Firme" de John Grisham. A la nuance près que dans "Le vestiaire américain" l'intensité n'est pas du tout au niveau des deux autres romans, et que les passages "thriller" alternent sans cesse avec les passages "sociaux" ; ce qui bien entendu fractionne l'efficacité de l'intrigue et étouffe les émotions.

Je note aussi que ce livre se révèle trop bavard et déséquilibré.
Bavard car l'auteur à mon sens nous perd trop souvent dans les descriptions ainsi que dans les réflexions, les humeurs, les états d'âme de son personnage principal… ce qui, au final, m'a régulièrement un peu lassé.
Déséquilibré car l'intrigue manque objectivement de consistance en qualité (j'en ai déjà parlé) mais en volume aussi. En d'autre terme, les séquences intrigantes sont trop peu nombreuses et nous alternons, au fil des ces 350 pages, entre des moments de tension "faible intensité" et d'autres d'assoupissement. Tout est souvent une question de savants dosages, et les séquences de descriptions et d'états d'âme prenant le pas sur les séquences d'action, on a parfois le sentiment de lire une sorte de journal personnel où l'auteur se répand sans prendre le temps de filtrer ce qui est intéressant de ce qui ne l'est pas. Nous sommes donc dans une situation étrange avec de bons moments et trop de superflu.

En définitive, il aurait mieux valu qu'il allât à l'essentiel. J'emploie à dessein le subjonctif car c'est un temps qui est beaucoup utilisé dans ce livre. Christophe_bj estime dans sa (bonne) critique de ce livre que son emploi est "exagérément abondant". J'y ai trouvé pour ma part un certain plaisir similaire à celui que la dégustation de produits rares peuvent procurer.

Dans les points positifs, puisqu'il y en a aussi de réels, je note que ce roman, sous son angle thriller économique, interroge en nous plongeant dans l'antre d'un capitalisme exacerbé, assoiffé de pouvoir et enivré d'argent. Il souligne aussi certaines pratiques nauséeuses de management que l'on peut tout à fait rencontrer dans les grosses entreprises. Certains lecteurs penseront que nous sommes là aussi dans une vision exagérée. Pour en avoir été dans ma vie professionnelle parfois le témoin, je ne le crois pas. Et en ce sens ce livre est, à sa mesure, à la fois un témoignage et une opportunité de réflexion.

Enfin, pour terminer, je veux dire que j'ai trouvé ce roman documenté, objectivement bien écrit et avec une écriture plutôt riche. Et à ce sujet, serez-vous comme moi surpris par le fait que derrière ce récit académique et ce style conservateur et un peu ampoulé, que l'on croirait tout droit pondu par un auteur quinqua ou sexagénaire, se cache en réalité un trentenaire !

Bref, à moitié convaincu et forcément un peu déçu, je suis tenté de renvoyer ce roman et son auteur à son vestiaire.
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