Extrait du livre audio « La Chance d'une vie » de John Grisham, traduit par Carole Delporte, lu par Jean-Philippe Renaud. Parution CD et numérique le 7 juin 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/la-chance-dune-vie-9791035413422/
— Patron, n’oubliez pas de leur parler du cadavre dans le placard.
Cela m'était sorti de l'esprit. Je me tourne vers Castle.
— Cela ne va pas vous faire plaisir, shérif, mais oui, nous en avons réellement trouvé un dans un placard - à l'étage, dans une chambre. Je ne sais pas trop si on peut parler de cadavre vu qu'il ne reste qu'un squelette. Juste des os. Il doit être là depuis des années.
Castle fronce les sourcils.
— Il ne manquait plus que cela !
— On n'y a pas touché. On n'a pas remarqué d’impacts de balles dans la boîte crânienne. C'est peut-être juste un suicide.
— Ça m'arrangerait.
Les actions collectives ne sont qu’une escroquerie, du moins de la manière dont vous les menez, vous et vos petits copains. Une arnaque organisée, motivée par la cupidité, qui finira par nuire à tout le monde. Votre avidité sans limites provoquera un retour de manivelle ; il y aura des réformes et elles seront draconiennes. Vous n’aurez plus de boulot, mais quelle importance avec tout l’argent que vous aurez mis de côté ? Ceux qui en pâtiront sont les futurs plaignants, les petites gens qui ne seront plus en mesure de demander réparation d’un préjudice.

En décembre 1941 alors que les relations avec les Japonais se détérioraient, l'armée américaine aux Philippines s'élevait à vingt-deux mille hommes, dont la moitié étaient des Scouts philippins un corps d'élite composé de Philippino-Américains et de quelques natifs. Huit mille cinq cents soldats supplémentaires furent envoyés sur place. MacArthur mobilisa l'armée régulière des Philippines, un corps de paysans sous-équipés représentant douze divisions d'infanterie, du moins sur le papier. En comptant tout ce qui portait de près ou de loin un uniforme, MacArthur disposait de cent mille hommes, dont la majorité n'avaient jamais entendu un coup de feu de leur vie, hormis à la chasse.
L’état de l’armée régulière des Philippines était pathétique. Le gros du contingent, constitué de locaux, n'avait que des armes obsolètes de la Première Guerre mondiale - fusils, pistolets, mitrailleuses, tout datait au mieux de 1914. Leur artillerie était inefficace et dépassée. Et la plupart des munitions étaient défectueuses. Officiers et appeles étaient novices, et les camps d'entraînement étaient rares. Comme les uniformes au complet. Les casques d'acier étaient si peu nombreux que les Philippins se protégeaient le crane avec des noix de coco.
L’aviation de MacArthur comptait quelques centaines d'appareils, presque tous bons pour la casse et refusés par les autres forces américaines. Il ne cessait de réclamer des armes, du matériel, des vivres, mais en vain - soit les États-Unis étaient à court, soit tout cela était affecté ailleurs.
- Joli cadre, non ? lança French avec un geste circulaire du bras gauche.
- Très joli.
- Vous avez votre jet ?
- Non.
Clay eut aussitôt le sentiment cuisant de ne pas être à la hauteur. Quel avocat était-il donc ?
- Ce n’est qu’une question de temps, reprit French. Vous verrez, on ne peut pas s’en passer. Julia, apportez-moi une vodka. Cela m’en fait quatre, maintenant… des jets, pas des vodkas. Il faut douze pilotes pour faire tourner quatre avions. Et cinq Julia. Elle est mignonne, hein ?
- Très.
- Les frais sont élevés, mais il y a tellement d’argent à prendre. Avez-vous écouté mon laïus à la Nouvelle-Orléans ?
- Oui, avec beaucoup d’intérêt.
Ce n’était qu’un demi-mensonge. Le discours de l’odieux personnage avait été divertissant et instructif.

Pendant ces matinées d'oisiveté - elles étaient nombreuses -, Callahan savourait sa liberté. Il avait terminé ses études de droit depuis vingt ans et la plupart de ses anciens condisciples étaient astreints à des semaines de soixante-dix heures et à la pression continuelle des cabinets-usines juridiques.
Il n'avait tenu que deux ans dans le privé. Recruté dès qu'il avait eu son diplôme en poche par un énorme cabinet de Washington composé de deux cents juristes, il s'était retrouvé dans un réduit aménagé en bureau, où il avait passé les six premiers mois à rédiger des requêtes.
Puis on lui avait imposé un travail à la chaîne consistant à répondre douze heures par jour à des interrogatoires sur les dispositifs intra-utérins et à en facturer seize. On lui avait dit que, s'il parvenait à accomplir en dix ans le travail des vingt prochaines années, il pourrait être promu associé à l'âge de trente-cinq ans.
Comme il avait envie de vivre au-delà de cinquante ans, Callahan avait renoncé à ce travail de forçât du secleur privé. Après une maîtrise en droit, il était entré dans l’enseignement. Il se levait tard, travaillait cinq heures par jour, écrivait de loin en loin un article et profitait de la vie. Sans charges de famille, son salaire annuel de soixante-dix mille dollars suffisait amplement pour payer son duplex, sa Porsche et tout l'alcool dont il avait besoin.
Si la mort devait le prendre jeune, ce serait à cause du whisky, non du travail.
Sur le plan littéraire, le meurtre de Nelson et son lien supposé avec la parution de son livre A cœurs battants propulsèrent les précommandes à un niveau stratosphérique. Simon & Schuster annonça une sortie anticipée pour le 15 octobre, juste à temps pour les fêtes. Il signala également une augmentation du premier tirage, qui passerait de cent mille à cinq cent miïle exemplaires. Et ce n'était qu'un début.

- Savez-vous, reprit-elle après ce long silence, que l'on appelle la Louisiane l'État du Pélican ?
- Non, je ne le savais pas.
- C'est scandaleux, car les pelicans bruns ont pratiquement disparu au début des années 60.
- Pour quelle raison ?
- Les pesticides. Ces pauvres bêtes ne se nourrissent que de poissons et les poissons vivent dans des cours d'eau remplis d'hydrocarbures et de chlorures. Les pluies drainent les pesticides du sol dans les cours d'eau qui finissent par se déverser dans le Mississippi. Quand les pélicans de Louisiane pêchent leurs poissons, ils sont bourrés de D.D.T, et autres saloperies chimiques qui s'accumulent dans les tissus adipeux. La mort est rarement instantanée, mais, dans des conditions difficiles, telles que pénurie de nourriture ou mauvaises conditions climatiques, les pélicans, comme les aigles et les cormorans, puisent dans leurs réserves et peuvent littéralement être empoisonnés par leur propre graisse.
Quand ils ne meurent pas, ils deviennent en général incapables de se reproduire. Leurs œufs ont une coquille si fine et si fragile qu'elle se brise pendant l'incubation.
Saviez-vous cela ?
- Notre justice est le reflet de la société. Elle n'est pas toujours juste, mais elle l'est autant que la société peut l'être à New-York, ou dans le Massachussetts, ou en Californie. C'est une équité pervertie, comme peut l'être l'âme humaine.
Le groupe le plus serré était agglutiné autour d’une superbe Lamborghini bleu roi. Le prix était presque caché, comme si le constructeur en avait honte. Seulement deux cent quatre-vingt-dix mille dollars, mais un stock réduit. Plusieurs avocats semblaient prêts à en venir aux mains pour l’avoir.
Les montagnes avaient été scalpées.
Plus de forêts, plus de sol.
Elles étaient réduites à des amas de roches et de cendres.
Leurs pointes avaient disparu .
On eût dit des moignons de doigts sur une main mutilée.
Elles étaient environnées par des crêtes intactes, parées d'orange et de jaune par l'automne, une merveille de la nature, s'il n'y avait eu ces plaies hideuses.
Samantha restait figée, muette, horrifiée par cette destruction...
... — ils détruisent tout dans les Appalaches.
c'est notre existence même qu'ils saccagent...