Jean Desportes est l'invité du journal de 12h30 sur la chaîne La 1ère de la RTS pour présenter Braises de stars
La mondialisation inexorable de tous les marchés entraînait la vieille Europe dans sa danse folle. Chaque nation s’épuisait à garder le rythme en même temps qu’elle exhibait ses charmes pour séduire l’or et le retenir à coups de mesures fiscales avantageuses, d’ouvertures à la concurrence, de subventions aux industries étrangères, de relâchement des frontières, d’incitations de toutes sortes et tous azimuts.
Avant de devenir une oeuvre pressée sur du papier bible relié dans un in-folio couverture cuir sanctuarisée en haut d’une étagère, un livre est un matériau vivant qui raconte son époque en saisissant les moeurs de ceux qui la traversent.
La naïveté bêtasse qu'Éloi de Trouqueville adoptait en toute circonstance avait dû plaire à ces clients allemands qui, de façon atavique, prenaient les Français pour des cons. Avec un tel aigle pour interlocuteur, ils ne risquaient pas d'être escroqués.
Brigitte Montana ? La reine de la prise à quatre ? La Coïta Maxima ? Celle dont le sexe avait été rebaptisé par la presse spécialisée le Triangle des Bermudes, tant il était devenu impossible de dénombrer les phallus qu’il avait engloutis ?
Mais pour quelle société ? Une société de la précarité, de la paresse, de l'enfermement global où tout bientôt arrivera chez nous sans que nous n'ayons plus à sortir ? cela avait commencé par les fluides de base, l'eau, le gaz, l'électricité, ça avait continué avec les médias, cela se poursuivait avec les courses ménagères et la nourriture, les cours de sport et maintenant le travail. Bientôt, nous ne quitterons plus nos intérieurs, parce que nous n'en aurons plus besoin, parce que nous serons trop gros. Le rêve des capitalistes. Des consommateurs statiques. Le rêve des politiques. Des citoyens cloîtrés, assignés volontaires à résidence.
Il fallait que j'aie cette putain d'école. Dedayan Louise... non admis(e), Degoursac Louis... admis(e), Dejoubier Victoria... non admis (e), Delorme Paul... admis... Mon cœur fit un bond, resta suspendu sans battre quelques instants, puis retomba pour se dissoudre en une flaque de magma qui se répandit dans toute ma poitrine. J'étais admis, bordel de merde. Je me contins. A peine un soupir qui vint traduire mon soulagement. J'essuyai subrepticement mes mains moites sur mon jean et me retournai vers ma mère. Je lui souris, elle m'enlaça et blottit sa tête dans mon cou pour me dire combien elle se sentait fière.
Les autres ne s'intéressent à nous que parce que nous nous intéressons à eux ; une société, c'est un effort, celui de préférer vivre avec que sans, un assemblage mû par une seule force, la réciprocité.
Il pouvait être frustrant pour un garçon de 26 ans en pleine forme physique et mentale de voir défiler ses heures de la façon la plus inutile qui soit. Avec son corps neuf et son cerveau au meilleur de ses capacités, coincé sur une chaise, il ressentait pleinement sa condition de simple ressource ou matière première à la disposition d'une logique capitaliste totale à laquelle son intégration dépendait de sa capacité à tenir sa place, celle que la société réservait à ses unités de production et de consommation.
J’étais l’aîné, donc inutile de préciser qu’à moi seul, et quand bien même j’aurais décroché tous les prix d’excellence, les premiers prix de conservatoire et les médailles d’or aux compétitions sportives pour les déposer avec respect aux pieds de mes géniteurs, jamais je ne l’aurais satisfaite. Eternel mendiant de leur reconnaissance, sans frères et sœurs, je n’aurai recueilli dans leur regard qu’une constante impression d’insuffisance…
Bref, on n’allait pas attendre que les clients appellent en se limant les ongles. On allait décrocher son téléphone, on allait prendre du rendez-vous annonceur, on allait montrer sa bobine chez les clients, on allait les rincer dans des gastros. Fallait pas qu’ils aient peur de faire des notes de frais si c’était ça qui les retenait ! Il voulait ses primes, Farid. Ils les voulaient tous, non ?