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Critique de Petitebijou


En 1986, j'ai eu la grande chance de voir Pierre Desproges se donner en spectacle dans une petite salle toulousaine et présenter certains des textes contenus dans ce recueil. Je connaissais l'homme de radio, l'écrivain que j'admirais énormément, et le voir sur scène découvrait un peu plus l'être humain délicieux et pudique, féroce aussi, amoureux des femmes et des vins, qui se cachait avec pudeur derrière un sourire de garnement espiègle. Je me souviens des rires suscités par ses mots, toutes sortes de rires, grinçants, émus, hilares, honteux... Ce qui rendait acceptable ce qui aujourd'hui nous semble impensable, à savoir cette insolence dévastatrice totalement iconoclaste (qui manque tant depuis qu'il n'est plus là), c'est que la première victime de sa cruauté était lui-même. Il était impitoyable dans sa lucidité envers sa petite personne, et, étant sa première victime, il nous déculpabilisait de nos rires affreux.
Mais nous sommes ici pour parler littérature, et oui, et l'épreuve du temps nous le prouve tous les jours, Pierre Desproges est un grand auteur : cultivé, raffiné, exigeant, amoureux de Vialatte et de tout un esprit français dont il est le digne héritier, son style est élégant, précis, hautement littéraire : c'est de la belle ouvrage d'un artisan méticuleux et amoureux de la langue (!). Quand chaque jour les médias recherchent un humoriste héritier de Desproges, il est certain qu'il n'en existe aucun, tant les comiques d'aujourd'hui, talentueux ou pas, ne possèdent pas la moitié de son style littéraire. Desproges restera quand tant d'autres disparaitront...
Je me souviens d'un petit groupe de jeunes femmes dont je faisais partie, toutes amoureuses de lui. Je me souviens de ce jeudi matin où France Info m'apprit sa mort. C'était en avril. J'ai beaucoup pleuré, et ça m'a coupé l'appétit.
Etonnant, non ?
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