Tout a une fin sauf la banane qui en a deux

À notre âge, on a beau avoir vécu et savoir que l’autre a aussi tout un bagage derrière lui, on ne veut pas entendre à quel point il a aimé quelqu’un, quelqu’une avant soi. On veut qu’il nous raconte sa vie, son enfance, ses voyages, ses passions, ses passe-temps, ses études, ses coups pendables, ses amis, mais pas trop ses amours. On veut encore être «la plus que tout», celle grâce à qui le reste de la vie sera merveilleux, comblé, à la fois excitant et paisible, on veut être l’ultime.

Je veux parvenir à gagner ma vie moi-même, ne la devoir à personne. La dépendance économique est la pire de toutes. Les femmes maltraitées qui ne quittent pas leurs maris sont de deux types: soit très pauvres et sans éducation, soit très riches et sans motivation. Dans les deux cas, elles ont tout à perdre en se séparant de leur pourvoyeur. L’une croit fermement qu’elle est incapable de gagner de l’argent, l’autre sait qu’elle ne quittera pas seulement un homme, mais un style de vie.

Après cinquante ans, toutes les femmes qui en ont les moyens se font teindre en blond et se font lifter. Elles veulent avoir l’air plus jeune, mais comme elles ont toutes les yeux en amande caractéristiques des chirurgies esthétiques, on devine leur âge tout de suite! Moi, je pense qu’une femme pas liftée, pas teinte, avec des dents pas trop blanches et un peu croches, ça a un charme et une élégance particulière. Elle s’assume.

La beauté, l’élégance, la fusion aussi, le cavalier qui fait corps avec l’animal. Mais ces femmes des publicités qui flattent un cheval ou le mènent à la longe ne sont pas en selle, elles marchent à son côté. Il ne s’agit donc pas de puissance et de domination, mais de beauté, de douceur et de… contrôle?

Un homme qui feuillette un livre, c’est ce que je trouve le plus sexy au monde. C’est le plus souvent signe d’une intelligence supérieure; l’apparence de neurones actifs titille mes hormones au max.

Pas de panique, il y a tant de possibilités de travail, tout est ouvert, tout mène à tout. L’important, c’est de ne pas nous couler dans le moule, d’aller de l’avant en prônant la paix et la justice et de ne pas commettre les erreurs de nos parents, de nos grands-parents. Nous avons soif d’égalité et le monde ne pourra qu’être meilleur. Les centrales syndicales demandent vingt-six pour cent d’augmentation – j’imagine qu’ils obtiendront vingt pour cent –, la commission Cliche vient d’identifier la FTQ-Construction à de la corruption et à du banditisme: les Dédé Desjardins de ce monde seront désormais sous surveillance. Des scandales comme celui de la viande avariée ne se produiront plus. Les mineurs de Thetford Mines se sont révoltés. La guerre du Liban ne durera pas.l

Elle a un sacré talent, mais pas un sou.

Je suis devenue antiquaire. Comme quoi les études en sociologie mènent à tout. J’ai mon local, mes vieilleries, ma poussière, mes sources d’approvisionnement secrètes et la PAIX! Mon fils – il n’a que dix-huit ans – habite toujours avec moi et je m’entends bien avec ce beau jeune homme qui n’ouvre à peu près jamais la bouche, sauf pour émettre de rares grognements qui me prouvent qu’il a toujours ses cordes vocales, et pour me demander les clés de ma voiture.