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Critique de Litteraflure


On me demande souvent comment je choisis un livre. Tout dépend. Là, c'est parce que j'avais adoré « le chaste monde » de Régine Detambel et, nonobstant ma réticence à lire des biographies romancées, j'avais envie de relire cette autrice.
Régine Detambel s'est attaquée à un monstre sacré, sans doute la première diva de l'histoire du spectacle. Des comme on n'en fait plus : l'époque ne les tolère pas, elle les condamne, réticente à séparer l'individu de l'artiste. Géniale, libre, cruelle, excessive, passionnée… L'autrice réussit à ne pas se laisser emporter par l'écrasante personnalité de l'actrice. En se plaçant dans les pas de Susan, sa secrétaire particulière (son aide de camp, allais-je dire), elle garde la distance nécessaire, entre admiration sincère et détestation raisonnée.
Sarah Bernardt avait cette extraordinaire capacité à incarner ses personnages, à les habiter, quel que soit son âge, au point de ringardiser toute autre interprétation (« Elle semble ivre de parler. Elle parle et tout à coup elle déchire la monotonie de sa phrase avec une note incroyable »).
On peut voir chez elle une forme de féminisme, dans la catégorie de celles (voir l'opposition contemporaine Haenel-Maïwenn) qui soumettent les hommes par leur talent et leur audace, sans jamais les humilier totalement. Une manière de prendre part au jeu mais de garder la main (« Elle veut tout (…) Elle n'a jamais su dire non à quelqu'un qui la désire »). Les amants (hommes ou femmes) de la diva ne sont pas ses jouets : elle les comble autant qu'elle les martyrise, entre don de soi et manipulation. Déesse odieuse qu'on adore. D'où ce titre, magnifique : « Sarah quand même ».
Bilan : 🌹🌹
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