AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pois0n


Depuis le temps que ces polars régionaux aux couvertures, il faut le dire, un peu moches, me tentaient, il aura suffi de croiser Rémi Devallière en dédicace et de l'écouter parler de ses livres pour repartir sans trop me faire prier avec deux d'entre eux sous le coude. Il faut dire que j'ai le défaut de ne pas pouvoir m'empêcher de soutenir les collègues en dédi... alors, les collègues locaux, qui proposent des histoires intéressantes, impossible de résister. Et bien m'en a pris, car au delà d'une couverture pas forcément engageante se trouve un polar rudement bien ficelé.

Le premier chapitre, nimbé du brouillard pâteux de l'anesthésie, a de quoi dérouter. Comme Anconi, on ne sait pas trop où l'on est ni ce qu'il s'est passé. Bribes de conversation entrecoupées de phases d'inconscience et délire fiévreux s'entremêlent. Puis, retour brutal à Paris, quelques jours plus tôt, expliquant comment un commissaire de police, parisien mais originaire de Marseille, s'est retrouvé coincé à l'hôpital même pas vingt-quatre heures après son arrivée dans notre petit coin de sud-Bretagne. Par chance, il n'aura pas le temps de s'ennuyer, un décès suspect mettant l'établissement en émoi... et ce n'est pas le fait d'être cloué au lit qui l'empêchera de tirer l'affaire au clair !

Toute l'originalité de Calculs sévères à Saint-Nazaire est là, l'intégralité de l'histoire se déroulant en huis-clos, dans les couloirs d'un hôpital qui n'existe plus aujourd'hui. Dans un tel cadre, bien peu de choses viennent nous rappeler que nous sommes en 1979, si ce n'est l'absence de smartphones. Dès lors, comment mener l'enquête sans bouger de sa chambre ou presque ? Grâce au téléphone et à la complicité de l'inspecteur local, trop heureux de pouvoir compter sur l'aide de son ancien collègue et ami pour démêler une histoire décidément plus compliquée qu'il n'y paraît. Sans oublier que le fait de côtoyer en permanence les collègues du défunt, combiné à la possibilité de laisser traîner ses oreilles, n'est pas sans avantages.
D'un côté, l'on a donc Anconi qui réfléchit et dirige véritablement les investigations, de l'autre, Blanchard et ses hommes qui lui fournissent les renseignements qu'il lui manque. Sans oublier, quelques fois, un petit coup de pouce du hasard. Le tout rythmé par la vie hospitalière, le train-train quotidien des soins et des plateaux-repas, les petits surnoms de chacun et les conflits internes...

Les descriptions des personnages sont ainsi assez succinctes sur le plan physique, l'auteur mettant davantage l'accent sur leurs tics de langage et l'expression corporelle. Ainsi ignorera-t-on même le nom de certains jusqu'au bout, telles les infirmières « Voix douce » et « Bonne sœur ». Peu importe, car tous ces petits détails contribuent à les rendre uniques et très vivants, et, tout compte fait, assez fidèles à la vision que peut en avoir un enquêteur. De quoi rendre ce séjour hospitalier littéraire très immersif.

Côté enquête, Rémi Devallière parvient tout du long à maintenir le suspense, ponctué de découvertes régulières qui font progresser les réflexions d'Anconi. Au fur et à mesure, la vérité de dessine... mais impossible de la deviner avant la toute fin, Anconi gardant soigneusement pour lui des éléments capitaux ! On aime ou on aime pas, personnellement, je suis de ceux qui apprécient justement ne *pas* deviner trop facilement le fin mot de l'histoire, même quand il n'y a pas véritablement de fausses pistes dans l'histoire. A condition, bien sûr, que les grandes révélations soient cohérentes... ce qui est le cas ici, les indices distillés tout au long du roman appuyant une conclusion tout à fait crédible, bien que débitée d'un seul coup.

Ainsi, on accrochera ou pas au style du récit, très vivant, peut-être parfois un peu trop, à ses personnages hauts en couleur, à l'accent du midi d'Anconi... mais pour qui recherche un bon polar « traditionnel » en huis-clos, Calculs sévères à Saint-Nazaire se lit tout seul !
Commenter  J’apprécie          61



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}