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Citations sur Le cycle de Syffe, tome 1 : L'enfant de poussière (143)

– Y disent que c’est pas bon. Y disent que le roi il est mort.
Cardou haussa les sourcils et brindille éternua. Je crachai dans la poussière. Aucun d’entre nous ne pipa mot durant un long moment. Merle ne bougeait pas, ses traits aquilins plissés tandis qu’il mâchonnait sa lèvre fine d’un air pensif. Au-delà de l’arche, les échos de la ville en émoi nous parvenaient crescendo. Ce fut Cardou, direct et impétueux à son habitude, qui finit par mettre un terme à nos divagations :
– On s’en fout, non ?
Merle renifla, et hocha la tête :
– Ouais, je crois bien qu’on s’en fout.
Nous reprîmes alors le chemin de la colline du verger, un peu déçus. Notre vie retrouva son cours habituel cet après-midi là, comme si rien ne s’était passé, mais au fond de moi il subsistait un doute. Je n’étais pas si sûr que nous devions nous en foutre. Le temps allait finir par me donner raison. Notre monde changeait.
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Ainsi, nous, les orphelins de la ferme Tarron, étions de fait – en grande partie – livrés à nous-mêmes. Nous comprenions déjà n’avoir rien en commun avec la plupart des autres enfants de Corne-Brune, et guère plus avec ceux de la Cuvette. Je dirais que nous avions endossé trop tôt la responsabilité de petits adultes. Le monde n’avait jamais été à nos yeux une instance figée et confortable, mais une entité chaotique qu’il fallait dompter un jour à la fois. Nous savions que la seule chose sur laquelle nous pouvions compter, c’était un bol tardif de soupe de rave, et nous savions également que la plupart des enfants pouvaient compter sur davantage que cela.
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Nous étions couchés dans les herbes folles qui poussent sur la colline du verger, et de là, nous voyions tout. L’air était pesant, presque immobile, rempli du bourdon estival des insectes. Autour, il y avait le parfum mêlé des graminées et l’odeur douceâtre des pommes qui mûrissent. Suspendus aux branches chargées de fruits, des charmes d’osselets gravés tintaient mélodieusement pour éloigner les oiseaux et la grêle. Face à nous se dressait Corne-Colline et les murailles sombres de la cité de Corne-Brune, grassement engoncées dans la poussière que soulevaient les charrettes de la route des quais. Enfin, au bout du chemin sale que nous surplombions, derrière le petit port fluvial, la Brune coulait paresseusement. À mes côtés, Cardou croquait à pleines dents dans une pomme encore trop verte, tandis que Merle jouait un air badin sur son pipeau. Et Brindille, dont nous étions tous les trois amoureux, Brindille souriait. Nous avions le ventre plein.
Je devais avoir un peu moins de huit ans. C’est mon premier véritable souvenir.
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