AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de boudicca


Après un passage par le roman noir et la poésie, Patrick Dewdney faisait en mai dernier une entrée fracassante dans le domaine des littératures de l'imaginaire avec le premier tome de son « Cycle de Syffe » : « L'enfant de poussière ». Récompensé depuis par plusieurs prix (Julia Verlanger, 25e Heure du livre du Mans...), le roman a d'ores et déjà conquis un vaste lectorat qui n'aura évidemment pas manqué de se jeter sur le deuxième volume paru en octobre dernier (un délais d'attente extrêmement rapide mais qui devrait être amené à s'allonger pour les tomes à venir). [Attention : Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de lire « L'enfant de poussière », je vous conseille de passer le paragraphe qui va suivre au risque de vous gâcher la surprise de certaines révélations.] On retrouve donc Syffe quelques années après l'avoir quitté à la fin du premier tome, et le moins que l'on puisse dire, c'est que sa situation ne s'est pas améliorée. Réduit en esclavage depuis des années dans les mines d'Iphos, notre petit vagabond a bien grandi et a enduré des épreuves tellement terribles que le narrateur ne s'y attarde que très brièvement, manifestement toujours bouleversé par les sévices subis au cours de cette période. Un événement totalement inattendu va toutefois permettre à notre héros d'enfin briser ses chaînes et de reprendre la route pour de nouvelles aventures. Son but ? Retrouver Brindille, la jeune orpheline avec laquelle il a grandi et qui, aux dernières nouvelles, devraient se trouver en terre ketoï où la guerre fait rage depuis des années et semble être en passe de prendre une nouvelle tournure.

On retrouve le même procédé narratif que dans le précédent volume : Syffe assume toujours seul la narration des années après les faits, et ses aventures sont une fois encore découpée en quatre parties bien distinctes. de même, chacune d'entre elles sont à nouveau entrecoupées de cartes qui nous permettent de nous familiariser avec la topographie de la région (signées Fanny Etienne-Artur), ainsi que d'extraits de chroniques ou d'actes officiels relatant des événements bien antérieurs à l'histoire. le rythme adopté est également globalement le même que celui du premier tome, le parcours de Syffe alternant entre phases plus ou moins longues d'adaptation à un nouveau milieu, systématiquement suivies de ruptures qui viennent totalement bouleverser la nouvelle vie de notre héros. Difficile de parler de l'intrigue sans trop en dévoiler sur ce second tome, aussi ne m'attarderais-je pas trop longtemps sur le sujet. Sachez toutefois que le monde dans lequel vit Syffe continue au fil des chapitres à s'élargir toujours un peu plus, ouvrant de nouvelles frontières, dévoilant des territoires inconnus et révélant de nouvelles opportunités. Après Corne-Brume, la forêt de Vaux et le siège d'Aigue-Passe, le lecteur découvre avec enthousiasme d'autres lieux et d'autres cultures, parmi lesquels il convient (entre autre) de mentionner les impressionnantes cités des Arces, peuple de guerriers vivant reclus dans leurs montagnes, ou encore les Ronces, forêt abritant le peuple ketoï à l'assaut de laquelle des milliers de mercenaires ont décidé de se lancer, à leurs risques et périls.

Le récit reste dans l'ensemble aussi immersif que dans le premier tome, même si le roman souffre à certains endroits d'une petite baisse de régime. Sa conclusion, notamment, est totalement inattendue et je dois avouer que je ne m'attendais pas du tout à ce que l'histoire de notre héros prenne une telle tournure. Curieusement, c'est lorsque la magie et le surnaturel se sont mis à occuper une place de plus en plus prépondérante dans le récit que j'ai eu le plus de mal à ne pas décrocher. Outre le fait que l'histoire était suffisamment dense et intéressante en elle-même sans ces éléments, l'irruption du fantastique dans la vie de notre héros est amenée de manière assez brutale et sans guère d'explications. Cette remarque vaut cela dit essentiellement pour la toute fin du roman qui, si elle m'a quelque peu perturbée, ne gâche en rien l'intérêt que l'on continue de porter au protagoniste ou à l'univers mis en scène par l'auteur. Syffe se révèle toujours aussi attachant (quand bien même il a bien grandi depuis le premier tome), et Patrick Dewdney n'a encore une fois pas son pareil pour créer toute une galerie de personnages secondaires particulièrement marquants et très hétéroclites. C'est dans les rangs des compagnies de mercenaires un temps fréquentées par notre héros que l'on trouve les portraits les plus saisissants, qu'il s'agisse de charismatiques chefs de guerre ou de compagnons d'armes tour à tour totalement givrés, dignes de confiance ou à la moralité douteuse. Les scènes de combat sont une fois encore extrêmement bien dépeintes, et on retrouve le même souci de réalisme et le même soin apporté aux détails dans la description de toute l'organisation nécessaire pour mener à bien une opération militaire de ce type (ravitaillement, rôle des éclaireurs, tactiques de guérilla…).

On retrouve avec grand plaisir Syffe pour de nouvelles aventures qui se révèlent encore plus mouvementées que celles dépeintes dans le premier volume. L'univers continue pour sa part de se dévoiler petit à petit, et chaque nouveau recoin exploré témoigne d'une richesse et d'une complexité plus que prometteuses. En dépit d'une conclusion un peu bancale, le roman dispose une fois encore de sacrés atouts qui ne manqueront pas de vous rendre accros à la série et à son protagoniste. Il ne reste désormais plus qu'à patienter en attendant le troisième volume.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
Commenter  J’apprécie          271



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}