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Critique de dourvach


S'annonçant par une citation de son voisin charlevillois Arthur Rimbaud ("Nous dormirons sur les pavés des villes inconnues"), "Les Disparus"... apparut en 1975 (l'auteur étant âgé de 75 ans). Il est aujourd'hui le 38ème chaînon des 49 "romans et récits" d'André DHÔTEL.

Notons que son auteur reçut cette même année le "Grand prix national des Lettres" pour ce roman aujourd'hui bien oublié... et auquel l'auteur était visiblement très attaché.

Dhôtel est donc cet auteur-conteur prolixe, qui avait le seul inconvénient de se vouloir et croire "écrivain mineur"...

Pourtant nous avons bien affaire ici à un authentique chef d'oeuvre, au sens où la Littérature s'y invente à chaque phrase. D'imprévisibles enchantements s'y surprennent au fil des pages.

Et bien sûr, avant celle-ci, "zéro + zéro critique" sur Babelio... Mais voilà, "Pôs d' panique : pôs plus intimidés qu' ça... ", eh ben nous garderons la tête froide et la longue belle habitude de pareils isolements.

"Anciennetés" qui sont autant de trésors enfouis au pied de l'Arc-en-ciel, à découvrir perpétuellement, quand tant d'entre nous se ruent sur leurs prévisibles et interchangeables "Nouveautés" [?].

C'est que cet homme – Dhôtel, "l'Ardennais [en son art d'aimer] universel" – re-créait "son" monde à chaque roman. L'histoire, la sacro-sainte "trame" de son histoire était secondaire : les LIEUX étaient l'élément dominant. L'enchantement ne surgissait que du plus plat quotidien des personnages et des saisons qu'ils traversaient.

"Les Disparus" : au-delà de "l'homme au semelle de vent", c'est Casimir Fontan – ce héros supposé – dont le personnage disparaît du récit à la page 38 de l'édition Phébus qui en compte 304. Reste son souvenir, son sillage, ses rêves, ses lubies et son ami Maximin Brégant (faisant fonction d'expert comptable mais aussi de gérant du camping municipal). Maximin a une soeur, Jeanne, qui en pinçait pour le disparu. Maximin s'agace de Véronique Leverdier, l'amie de sa soeur, évidemment "une petite bigote qui fait des mystères". Et puis Repanlin, le gardien du camping qui raconte "les anciennes histoires" de Someperce... tout en s'efforçant de faire taire son âne... (ça dérange les campeurs). L'essentiel, au fond, est ce qui se trame certains soirs d'été : une lumière à l'orée du bois, celle que surprend Maximin le contemplatif - depuis le jardin de sa logeuse, la vieille Alida Dardaille. Là où certains ont vu pour la dernière fois "le disparu"... Un suspense magnifique à propos de paroles tues et de lumières du soir. Qui oserait ça, aujourd'hui ? Dhôtel a le temps et ose. Cela fourmille d'humour et déborde de merveilles cachées. Une extraordinaire densité. Ce long entretien "en plein air" entre Maximin et Repanlin [pages 60-64 de la réédition Phébus], s'amorçant par les abeilles des ruches du vieux, avec ses bonnes ouvrières qui ont besoin de l'eau des bassins et qu'il faut laisser prendre leurs aises sur la surface – fort heureusement couverte tapis de genêts de de millepertuis – du camping municipal, et tant pis pour ces râleurs d'estivants qui se font piquer ! Ou cette séance ordinaire de la Société d'Archéologie de Someperce avec tous ces brillants intellectuels – le quincaillier, le coiffeur du centre-ville, l'instituteur célibataire, le directeur de son Ecole – venant d'être évincés du Conseil municipal... On tomberait presque ici à genoux devant l'incroyable richesse de la langue dhôtelienne et l'extrême densité de l'intrigue labyrinthique (à l'instar de ces trouées hasardeuses dans cette épaisse sylve "maudite" cernant ce village si faussement apaisé qu'est Someperce).

Allons, encore un "chef d'oeuvre inconnu de plus" ? :-D Euh, plutôt oui ! ... et repensant là aux beautés cachées de ce fabuleux roman, "Le Commis" de Robert WALSER [1908], que sans doute 3 ou 4 Babéliotes ont lu...

Un livre à la hauteur artistique de "Nulle part" [1943], "Les premiers temps" [1953], "Ma chère âme" (1962], "Pays natal" [1966], "La maison du bout du monde" [1970] et de "L'honorable Monsieur Jacques" [1972] - entre autres chefs d'oeuvre méconnus ou inconnus d'à peu près nous tous, aujourd'hui...

Et n'oubliez pas de visiter - en y apportant bien sûr VOTRE propre pierre en matière de nouvelles critiques et commentaires - "notre" beau site fraternel & sororal "La Tribu Dhôtel" dont on retrouvera facilement le sentier par le lien suivant :

http://www.latribudhotel.canalblog.com/
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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