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Critique de Diabolau


Après avoir fait un peu le tour de la bibliographie disponible sur le bagne de Guyane, je m'intéresse maintenant aux bagnes militaires, alias Biribi, officiellement "compagnies disciplinaires", et je jette en premier lieu mon dévolu sur ce reportage d'un homme un peu oublié (il ne figurait même pas encore dans la base Babelio), Jacques Dhur.
Reportage pour le moins important puisqu'il a largement contribué, avec le roman autobiographique de Georges Darien qui est ma prochaine cible, à mettre fin à ce scandale, même si cette fin a été retardée de bien des années... Tout comme le reportage d'Albert Londres, bien qu'il scandalisât l'opinion publique, ne contribua à fermer le bagne de Guyane que plus de vingt ans après sa visite.
Dans un style aisé et lyrique qui est celui des hommes de ce temps, sur un ton exalté, Jacques Dhur dénonce sans ambages les tortionnaires qui s'acharnent en toute impunité - jusqu'au meurtre - sur des malheureux dont beaucoup n'ont commis que des peccadilles qui leur vaudraient aujourd'hui d'être remis en liberté après quelques heures de garde à vue – et encore.
Il hurle au scandale, et il y a de quoi.
Car je l'avoue, j'en ai été bien des fois sidéré. Comme dit l'autre, j'en ai bâillé trois coups, devant cette longue litanie de supplices moyen-âgeux infligés à des types qui auraient pu être mes arrière-grands-pères, dans ces véritables camps de la mort honteusement cachés aux confins du Sahara. Par bien des aspects, ces véritables centres de torture étaient pires que le bagne de la Guyane, et l'on en vient à comprendre ceux qui faisaient en sorte de s'y faire envoyer pour échapper à cet enfer, quel qu'en soit le prix.
Oui, j'en ai presque de la honte rétrospective pour mon pays, même si je n'y peux pas grand-chose.
Le pays des droits de l'homme, sans blague ?
Il n'y avait aucun exemple de pareilles tortures infligées à ses soldats indisciplinés par d'autres pays "civilisés" à l'époque.
Je ne parle même pas de l'omerta immonde que relate l'auteur en fin de volume, car la version publiée par l'indispensable Gallica n'est pas la version originale du texte, c'est celle de 1925, soit 10 ans après la première si j'ai bien compris. Entre-temps, il y a eu une "commission d'enquête" par un général qui a visité un camp, refusé de parler aux détenus, pris l'apéro au mess et est reparti pour conclure qu'il n'y avait aucun problème, tandis que l'officier qui avait voulu dénoncer ces pratiques était "remercié". L'histoire dégueulasse de la Grande Muette ne laissera décidément jamais de m'étonner.
Seul regret, que j'ai hélas retrouvé chez quasi tous les témoins jusqu'à présent, Londres étant le moindre : le mépris, voire la haine pour la "race" des indigènes. Décidément, c'était endémique.
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