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Critique de lecturesdudimanche


Avec l'âge, je commence à apprécier de nouvelles choses. Si j'aime toujours autant les thrillers testostéronés, je suis pourtant capable d'apprécier des choses plus lentes, plus contemplatives, pour autant que des émotions soient à la clé. En entendant Aude et Julie parler de ce livre dans le podcast de BePolar, j'ai décidé de tenter ma chance avec cet auteur dont j'avais toujours pensé qu'il n'était pas pour moi !

Le problème, à mon avis, vient de ce besoin constant de mettre des lectures dans des cases, et celles où l'on range Di Fulvio ne m'intéressent normalement pas. Quelle erreur ! Dès les premières lignes, j'ai senti la magie opérer !

Dans le genre destin pourri, Daniele et Susanna sont de vrais experts ! le premier a été placé par son père au monastère de Santa Ulpizia car, au décès de son épouse, l'homme a sombré. La seconde est née dans ce même monastère d'une mère prostituée, morte en la mettant au monde. le bébé est la bouée de Daniele, enfant désespérément sombre et triste. La vie les sépare à plusieurs reprises, mais ils finissent toujours par se retrouver. Daniele est aussi taciturne que Susanna est solaire, mais l'un et l'autre sont des coeurs purs.

Resituons maintenant la période dans laquelle se déroule cette intrigue : dans les années 1600 ! L'inquisition y règne en maître, la condition des femmes est simple : inexistante ! Une bande de sous-êtres inférieurs, n'ayant que le droit de se taire. Toute tentative de sortir de cette ligne de conduite amène à une accusation de sorcellerie. Et lorsque le tribunal inquisitoire se charge d'une telle accusation, le simulacre de procès conduit toujours, sans exception, sur le bûcher.

Mais Susanna est un esprit vif et libre, instruit et réfléchi, toujours en questionnement. Elle est impertinente mais jamais méchante, bien au contraire. Et en plus, elle est belle… Lorsque son mari et leur gouvernante sont retrouvés assassinés auprès d'une Susanna hagarde, Daniele est forcé de sortir de sa retraite sociale pour devenir son défenseur face à l'Inquisiteur qui la met aux arrêts. Nul doute que son exécution n'est plus qu'une question de temps, quand bien même Daniele met tout son coeur à la défendre.

Certes, l'Inquisition, c'est une partie de l'Église, mais dans cette histoire, bien des représentants de l'Église sont de merveilleuses personnes, qui ont soigné et élevé Susanna et Daniele comme leurs propres enfants. L'auteur met en avant les dérives religieuses, mais qui, à bien y regarder, ne sont finalement que des dérives humaines. Et le frère Thevet aurait donné sa vie pour protéger Susanna de ces dérives, justement, elle dont l'esprit joyeux et libre représentait une menace pour certains.

Cette intrigue se passe en 1600. Et pourtant, chaque mot de l'auteur fait écho à tellement d'injustices qui sont notre quotidien de 2023 ! Non, je ne ferai pas de politique ni ne chercherai la polémique, mais force est de constater que l'humain tue, de nos jours encore, pour des questions de religion et que des femmes tombent, de nos jours encore, sous le poids d'une société inégale.

Et puis il y a ce Paradis Caché, dont l'explication est à la fois merveilleuse et simple, un paradis auquel je ne peux évidemment qu'adhérer !

Luca di Fulvio est malheureusement aujourd'hui disparu, et je n'aurai jamais l'occasion de lui dire à quel point son récit m'a bouleversée. Car si ses « méchants » sont de véritables monstres, il nous rappelle de ne jamais perdre espoir, car en chacun de nous brûle une flamme qu'il faut parfois savoir simplement attiser pour réveiller un vent de justice. Je pense que l'auteur avait foi en l'Humanité. Tâchons de ne pas le décevoir…
Lien : https://lecturesdudimanche.c..
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