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sur 298 notes
Luca di Fulvio n'est plus. L'auteur est malheureusement décédé à l'âge de 66 ans le 31 mai 2023 à Rome, des suites de la maladie de Charcot. Pour ceux qui, comme moi, le suivaient sur les réseaux sociaux et souffraient de le voir tellement affaibli lors de ses dernières vidéos, c'est un véritable plaisir de pouvoir se jeter sur cet ultime roman, de retrouver la prose de ce narrateur hors pair qui avait tant de mal à articuler lors de ses derniers messages…

J'invite donc tout le monde à découvrir ses merveilleux romans, de « Mamma Roma » à mon préféré de tous : « le Gang des rêves », en passant par « le Soleil des rebelles » ou « Les enfants de Venise ». Mais vous pouvez également commencer par celui-ci, qui invite à suivre la destinée de deux enfants dans l'Italie du XVIIe siècle, au temps de la chasse aux sorcières.

Le premier est un petit garçon de cinq ans prénommé Daniele, dont la maman décède le 3 novembre 1610. le même jour, Berna, la putain du Ponte dell'Orso, est retrouvée gelée, enceinte et inconsciente sous un tas d'immondices près du mur d'enceinte d'un monastère. Morte en couches, elle donnera néanmoins naissance au second personnage principal de cette saga, la petite Susanna, que l'on retrouve vingt ans plus tard, en 1633, jugée pour sorcellerie et soupçonnée d'avoir tué son époux et leur servante…

« le paradis caché » alterne plusieurs temporalités, invitant d'une part à suivre l'évolution de Daniele et de Susanna, qui sont tous les deux confiés au frère Thevet, le prieur du couvent, mais dont les chemins se séparent progressivement au fil des pages. D'autre part, le lecteur est invité à suivre le procès couru d'avance de Susanna, mené par l'infâme Constantin Tron, l'Inquisiteur, assisté par son impitoyable secrétaire, Paolo Tahler. À l'instar de « La Sorcière de Limbricht » de Susan Smit, « le paradis caché » invite en effet à suivre un procès totalement inéquitable, dévoilant tous les moyens que l'Inquisition mettait à disposition afin de ne donner aucune chance à ces femmes fortes, féministes avant l'heure, que la société cherchait à éliminer.

Pour son dernier roman, Luca di Fulvio nous offre une magnifique fresque historique, à l'époque de l'Inquisition. Pointant du doigt l'obscurantisme d'une Eglise misogyne, injuste et sournoise, l'auteur livre non seulement une belle histoire d'amour, mais également un plaidoyer pour la liberté des femmes, tout en soulignant l'importance de l'instruction et des livres. le tout emmené par des personnages hauts en couleur dont il a le secret. du détestable Paolo Tahler à l'effrayante sage-femme Jehanne, aucun ne laisse le lecteur indifférent, tout en contribuant à le tenir en haleine sur près de 600 pages.

Un dernier coup de coeur pour cet auteur dorénavant caché quelque part au paradis !

RIP maestro !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Hin hin hin ! Ah ben non, zut, je l'ai déjà faite celle-là ! Je recommence, parce que cette fois il s'agit du rire démoniaque d'un homme ! Mouah ha ha ha ! …. Mais pourquoi est-il aussi méchant ? Par ce que !
Voici résumé brièvement un des agacements suscités chez moi par ce livre, à savoir son manque de nuances.
Pour ce qui est du Paradis promis, je ne l'ai malheureusement pas trouvé en tournant les pages de ce roman dont je ne voyais plus le bout…
Comme j'ai quelques lubies en ce moment, je suis repartie au temps de l'Inquisition, dans un récit qui serait une sorte de croisement improbable entre Croix de cendre (pour le décor ecclésiastique), Veiller sur elle (pour l'Italie) et La sorcière de Limbricht (pour le procès en sorcellerie).
Le début était sombre et prometteur avec l'accouchement dans un monastère d'une prostituée, qui décède en mettant au monde une petite fille. Cette enfant, Susanna, va être élevée en cachette par le prieur pendant quelques années (oui oui vous avez bien lu), dont il va aussi confier la responsabilité au petit Daniele qui vient d'être abandonné par son père au couvent.
Les cent premières pages m'ont transportée, j'avais enfin terminé ma série noire de livres décevants ! mais non, hélas, une fois plongée dans le procès en sorcellerie de Susanna, que de longueurs, de formulées toutes faites répétées ad libitum. Ainsi, au fil de la lecture, l'auteur nous serine un nombre incalculable de fois que Paolo a des boucles blondes et des yeux transparents comme de l'aigue-marine délavée, le châle de la mère de Dianele est de velours turquoise, avec trois étoiles dorées cousues sur un côté, comme le manteau d'une madone (cette partie de phrase étant à chaque fois reprise mot pour mot, je l'attendais tremblante, la bave aux lèvres, mais aucune intervention divine n'est venue arrêter ce supplice), Susanna a des yeux limpides comme un ciel de pleine lune, l'inquisiteur a des lèvres serpentines … J'aurais pu faire une petite fiche avec ces expressions récurrentes et les cocher à chaque apparition, tant elles ont fini par m'insupporter !
Je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans l'histoire certains personnages me semblant trop en avance sur leur temps, avec des réflexions contemporaines sur les questions de genre, leur soutien à Galilée, à l'instar de frère Thévet et de l'abbesse, deux êtres un peu trop éclairés, qui décident d'instruire la petite Susanna en totale contradiction avec les pratiques de l'époque. Beaucoup d'invraisemblances, d'anachronismes, avec une histoire d'amour improbable au gout de guimauve caoutchouteuse en plein procès entre Daniele et Susanna à laquelle je n'ai pas pu croire une minute. La motivation de l'Inquisiteur dans cette histoire m'a parue particulièrement tirée les cheveux et pas vraiment crédible.
La vision des femmes de Luca di Fulvio, qui se veut féministe ne m'a pas convaincue, je l'ai trouvée rétrograde et maladroite, ainsi Susanna s'exprime « d'une voix suave d'amoureuse » (ah bon ? elle ne peut parler normalement comme tout le monde ?). Dans trop de passages, des sentiments ou convictions sont dits explicitement et lourdement soulignés sans que Luca di Fulvio ne fasse confiance à l'intelligence de son lecteur, ni le laisse se forger sa propre opinion (ainsi Susanna est béate devant l'intelligence de Daniele alors que je ne trouvais rien de bien ébouriffant dans ses propos). Ou je cite (« Et frère Thévet, lui racontait […] comme elle était intelligente et extraordinaire. D'une certaine manière, le prieur avait ainsi contribué à garder la pensée de Susanna vivante dans l'esprit de Daniele. (p.304) »). Ah bon ouf, heureusement, qu'on me dit ce que je dois penser, hein, je ne suis pas sûre que j'y serais arrivée toute seule sinon…
Et que ce procès est interminable, le roman aurait pu être réduit de moitié ! la psychologie des personnages reste superficielle avec les bons et les méchants d'un côté et la foule des villageois au centre.
Ces bémols ont eu raison de mon enthousiasme initial. J'ai d'autres romans de cet auteur dans ma PAL, je vais laisser passer un certain temps avant de m'y plonger…
Et pour finir sur les anachronismes, je n'ai pas compris cette couverture (très belle et incitative au demeurant), avec cette femme les bras levés face à la montagne (qui ne fait d'ailleurs écho à aucune scène du livre), mais surtout qui porte une robe à fines bretelles très contemporaine…
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1610 Borgio San Michele, Italie, l'inquisition fait des ravages, un monde de torture, de cris, d'agonie , de bûchers et de chairs brûlées, où les femmes, qui en savent plus que les hommes, sont considérées comme des sorcières. L'Église n'aime pas l'éducation des femmes , c'est un outil dangereux qui libère les gens, qui leur permet de se forger leurs propres idées.

Cette fresque historique, dernier roman écrit par Luca di Fulvio disparu en fin mai 2013 m'a un peu déçu. L'histoire alterne entre 1610 et1633, entre la jeunesse des deux personnages principaux, Susanna et Danièle et le procès pour sorcellerie de Susanna. J'ai retrouvé toute la beauté de la plume de l'auteur, sa manière réaliste de décrire l'obscurantisme et les procédés de l'inquisition. Mais cet amour passionné entre les deux jeunes gens m'a semblé bien fade, à la limite de la mièvrerie. Heureusement le récit est sauvé par la force du personnage de Susanna. Esprit rebelle que personne n'arrive à canaliser, féministe avant l'heure, elle a une soif illimitée de connaissance, elle souhaite être au service des plus faibles, instruire les femmes afin de leur donner de l'espoir.

Un roman d'apprentissage, plaidoyer pour la liberté des femmes à découvrir cependant.
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Je ne vais pas me répéter…je mettrais juste un cinq étoiles et vous aurez compris. Entre l'inquisition, les sorcières, le saint, j'ai encore eu du mal, à poser mon livre jusqu'au lendemain. J'ai plusieurs livres de cet auteur, pas encore lus et je regrette d'avoir différé mes lectures, surtout qu'il n'écrira plus. Mais je les savourerais petit à petit.

Nous sommes en 1610, à Borgo San Michele, Alpes orientales. Une femme, gelée et inconsciente, fût retrouvée dans une niche du mur d'enceinte du monastère, sous un tas d'immondices. « C'est Berna, la putain du Ponte dell'Orso ». Malgré la répugnance de certaines personnes, le frère Thevet, le prieur du couvent, la fit porter à l'intérieur et envoya chercher la sage-femme.

« Dans ce monde de merde… », Disait la sage-femme en tâtant le ventre de la parturiente, sa langue s'était déliée après le départ des frères… » Respire, joli cul, respire profondément, et tout sera plus facile…respire, respire… Dans ce monde de merde, comme je disais, il y a de la merde qui pourrit dans les rues, de la merde qui flotte dans la rivière, de la merde dans les arrière-cours des maisons, il y a de la merde partout…alors, écoute-moi bien. Quand une prostituée accouche d'un enfant, eh bien, on ne le baptise même pas, ou alors on utilise de l'eau sale… » Berna mourut, mais au bout d'un moment des bruits incongrus, attirèrent l'attention de ceux qui étaient autour d'elle, surprise ! Suzanna naquit dans un bain sanguinolent, qui fit dire à Jehanne « Jetez-la dans la rivière aujourd'hui même ! lança-t-elle aux frères. Cette enfant a été baptisée dans le sang, c'est la fille du démon » et toute sa vie, ce surnom l'a suivra.

Le même jour, la femme de Martinengo di Barco se mourrait, malgré la peur de l'inquisiteur, il fit appeler la sage-femme, Jehanne. Quand elle entra, Daniele, le fils, se cachait, pétrifié. Elle l'obligea à l'accompagner pour sauver sa mère. « Ne doute pas de ton pouvoir, dit doucement Jehanne à Daniele. Tu es un saint. Tu es un Benandante. Tu es né avec le don de sauver la vie des êtres humains, mais si ta mère est morte aujourd'hui, c'est qu'il y a une raison supérieure à cela, c'était son destin ou peut-être…le destin de quelqu'un d'autre. »

De 1610 à1630, le destin de ces deux enfants ne cessera de se croiser, entre le couvent de Santa Ulpizia, le monastère de la Santissima Assunta Maria de Camporosso, un tribunal, conduit par l'infâme inquisiteur Constantin Tron, qui enquête sur le double meurtre de l'astronome Weser et de sa servante. Il est épaulé par Paolo Tahler, son âme diabolique.

Le Paradis caché de Luca di Fulvio,une magnifique fresque historique aux multiples rebondissements. Des personnages forts, qu'on aime ou qu'on hait, on ne peut rester indifférent, devant cette église cruelle, fourbe, machiste, empêchant la liberté et l'instruction aux femmes.

De très fortes émotions traversent ce roman, les descriptions des personnages, des lieux, sont tout simplement magnifiques. Un récit bouleversant, qui vous transperce l'âme. Peut-être trouverez-vous votre « Paradis caché » quelque part dans ce monde, comme Suzanna , dans le sien….

Bonne lecture à tous.

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Quelle claque.
Sans doute l'un des plus beaux romans de cette rentrée littéraire 2023, dont le sujet résonne d'autant plus en sachant qu'il s'agit du manuscrit posthume d'un auteur qui nous a quitté trop tôt, son dernier roman comme un testament.
Fresque historique qui se dévore comme un thriller, tel un hommage au Nom de la Rose d'Umberto Eco, et à l'image de Bakhita de Véronique Olmi, Luca di Fulvio nous offre une brillante critique de l'Eglise obscurantiste du XVIIe siècle, dans ce qu'elle a de plus sournois, cruel, misogyne et hypocrite.
L'auteur manie la poésie des mots à la perfection, nous transporte dans un tribunal aux nombreux rebondissements quasi-cinématographiques, et nous fait vibrer pour des personnages qu'on adore passionnément... et que l'on hait à la folie.
On ne ressort pas de cette lecture tout à fait le même. Il faut en faire le deuil, et méditer longtemps ses enseignements.
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Luca di Fulvio mêle dans ce nouveau roman intrigue policière et histoire romanesque au début du XVII eme siècle en Italie au moment où l'église s'interroge sur la pertinence de l'accusation de sorcellerie et des buchers .

Le roman se partage entre les événements de 1633 après la découverte de deux morts, l'astronome Weser et sa servante égorgée .
A coté du corps du vieil astronome qui a fait l'objet d'une mise en scéne macabre, gît, inconsciente, sa jeune épouse, Susanna recouverte de sang.

Victime toute désignée , la jeune femme est accusée de sorcellerie , mise au cachot .
Son procès débute rapidement dirigé par l'inquisiteur Constantin TRon et son secrétaire Paolo.

Daniele di Marco, le gardien des loups, prévenu par le prieur Theret , sort de sa retraite et se propose comme dominici daemoni, l'avocat du diable !

Entre ces épisodes nous revenons quelques années auparavant sur l'enfance de Daniele , conduit au couvent par son père après le décès de sa mère alors qu'il avait 5 ans et à la même période, la naissance de Suzanna .
Ce bébé dont la mère est morte au moment de l'accouchement est recueilli dans le monastère par le prieur Theret puis élevée au couvent par une abbesse . le destin des deux enfants est irrémédiablement lié .

A cette époque, où la femme était considérée comme un être impur et inférieur , certaines personnes, hommes ou femmes , bravaient les interdits et les superstitions en permettant l'accès à l'éducation et la connaissance à des enfants, telle Suzanna dont l'intelligence brillante, l'esprit rebelle et sa curiosité sans limite ont marqué le prieur et l'abbesse .
Suzana a pu ainsi accéder à un haut niveau de connaissances dont , une fois installée dans un village elle a voulu faire profiter ses habitantes en commençant par leur apprendre à refuser la servitude dans laquelle elles sont enfermées.

C'est également un beau roman d'amour , rendu difficile par les démons qui hantent Daniele depuis son enfance et les jalousies et mesquineries des gens qui les entourent .

C'est avant tout un joli portrait de femme libre , refusant les carcans de son époque en particulier ceux imposés par l'église toute puissante mais elle même divisée et en proie aux luttes de pouvoir.

Combat du pot de terre contre le pot de fer me direz-vous mais la lutte de Suzanna pour rester elle-même peut déplacer des montagnes .

J'ai retrouvé l'écrivain que j'avais aimé dans le Gang des rêves et le Soleil des rebelles et que j'avais perdu dans ses romans suivants et même si mon plaisir a été un peu gâché par quelques longueurs et répétitions , il y a quelques beaux moments illuminés par le personnage de Suzanna .

"Que sommes nous , après tout ? de petits êtres qui cherchent un sens à tout ce qui est lumineux par nature. le soleil, Dieu, l'humanité, la liberté, la justice , la vérité . Nous nous cherchons nous-mêmes, confiants d'être éclairés sur notre chemin incertain. Guidés par la lumière , nous espérons trouver le paradis caché dans chacune de nos vies. Car je sais, j'ai toujours su, j'ai toujours senti qu'il y a un paradis caché en nous. Ici sur terre . Et il ne tient qu'à nous de fouiller notre conscience pour le trouver , pour en profiter. "

J'avais imaginé une fin différente mais là, chacun en jugera par lui-même !
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Le paradis caché est le genre de livre qui emporte le lecteur par son souffle romanesque, son message, et la puissance de ses personnages. Que la mort ait emporté Luca di Fulvio juste avant sa publication le rend encore plus marquant.

Voilà une de ces lectures que l'on a envie de partager avec son entourage, avec ceux qui ont une même sensibilité et un même amour des textes qui font vibrer nombre de cordes sensibles, avec talent et sincérité. La preuve, je n'aurais sans doute pas succombé à cette lecture sans le conseil fort d'une amie proche.

Le roman est un partage d'émotions, un retour vers le passé, en Italie durant le premier tiers du XVIIe siècle, à travers les destins de deux enfants frappés par un drame similaire à leur naissance. S'élever au-dessus de sa condition durant cette période d'obscurantisme relève du rêve inaccessible, au point que la plupart n'y pensent même pas.

Imaginez donc deux enfants abandonnés au même moment dans un monastère, et la vie de misère qui se profile pour eux. Sauf qu'ils vont développer, chacun à leur manière, une force de caractère et une intelligence qui vont les aider autant que les desservir.

Surtout que leur rapprochement intellectuel va peu à peu se muer en alliance de coeur. Mais dans ces sombres années, il ne faisait pas bon vouloir changer l'ordre des choses.

On parle d'une époque où Copernic et Galilée étaient accusés d'hérésie pour affirmer que la terre tournait autour du soleil. Où l'inquisition semait la terreur au nom d'une religion, allant jusqu'à brûler les femmes osant relever les yeux, les accusant de sorcellerie.

C'est l'histoire de Susanna, ivre de savoirs et d'une liberté chimérique, qui pourtant chercha à s'élever et élever les femmes de son entourage par l'instruction. Hérésie ultime pour ce système d'hommes.

Daniele, l'autre enfant, et un moine formidable qui les accompagne, vont pourtant croire en elle. Pour le meilleur et pour le pire.

Le paradis caché est un roman étonnant, parce qu'assez inclassable. Récit historique évidemment, peinture d'une période. Roman qui questionne la condition humaine, la foi. Mais aussi roman noir, enquête et thriller judiciaire. Et histoire d'amour impossible.

Le socle narratif s'appuie sur un procès pour meurtre et sorcellerie, celui de Susanna, entrecoupé de retours vers le passé pour comprendre comment elle en est arrivée là. Avec comme défenseur rien de moins que Daniele.

Ce jeu des temporalités va permettre rapidement de s'attacher aux personnages (ou de les détester), de les comprendre, de les intégrer en nous tout au long de ce pavé de 600 pages. Les chapitres courts font qu'on ne voit pas les pages défiler.

Des vies difficiles mais qui vont s'avérer hors normes, avec un récit qui joue le manichéisme mais surtout le romanesque. Avec un talent de chaque instant.

Combien de fois n'ai-je eu envie de noter une phrase marquante, un passage d'une poésie et d'une puissance qui frappe et stimule autant l'intellect que le coeur ? La plume de Luca di Fulvio fait sans cesse appel aux deux, toujours proche des émotions, sans jamais se regarder écrire. Avec un don formidable pour élever l'âme du récit, au service de ses personnages avant tout. Au point que l'ambiance vous emporte à côté d'eux.

Le récit est dur, mais toujours pointe un espoir, ce vent qui soulève et exalte, éternel optimisme de l'auteur même dans les pires situations. Pour autant, n'allez pas imaginer que la souffrance est édulcorée, loin de là, elle fait partie intégrante de la condition de chaque protagoniste.

Le personnage de Susanna est de ceux qu'on n'oublie pas, et sa volonté farouche à donner une vraie place aux femmes est un exemple de féminisme avant l'heure, usant des bonnes armes.

Luca di Fulvio questionne notre vraie place à tous, femmes et hommes. Son amour immodéré pour ses personnages, avec une empathie touchante, le récit sensible qu'il en tire, font que le paradis caché se dévoile comme un trésor à la portée de tous.
Lien : https://gruznamur.com/2023/1..
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Luca di Fulvio avait le don de créer des personnages qui inspiraient systématiquement l'attachement. Dans ce paradis caché on retrouve sa trame habituelle avec deux enfants destinés à s'aimer envers et contre tous. Susanna et Daniele,sont mutuellement recueillis par le frère Thevet,un religieux dont l'ouverture d'esprit n'a d'égale que celle du coeur. Nos sommes en Italie et l'inquisition impose l'obscurantisme par ses procédés qui terrorisent.
Susanna comme Daniele portent depuis leur naissance,le fardeau aliénant des prédictions de la même sage femme, désignant Susanna comme une sorcière et Daniele un saint. Les deux enfants vont devoir faire avec la part d'ombre et de lumière qu'ils portent en eux. Face à eux,Luca di Fulvio à évidemment concocté deux affreux méchants, Constantin Tron l'Inquisiteur et son " chien fidèle " Paolo qui ne vit que dans l'espoir d'être aimé de lui.
Comme dans tous ses romans Luca di Fulvio chante avec ferveur la force de l'amour, la beauté des combats pour la justice, et donne à ses héros un courage sans faille! Dans ce dernier roman il met tout particulièrement en avant la lutte contre la bêtise, contre l'obscurantisme et,de façon peut-être un peu anachronique, habille Susanna d'un militantisme feministe qui resiste à toutes les épreuves !
Si elle parvient à faire comprendre que le soleil ne tourne pas autour de la terre,alors le monde changera!
J'ai eu plaisir à lire ce roman comme tous les autres de l'auteur même si l'angélisme qui y règne apporte un bémol à ce plaisir.




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Cette chronique est la plus difficile que j'ai eu à écrire. Ce n'est pas seulement lié à mon chagrin, suite au décès De Luca. Il s'agit aussi de mon expérience de lecture céleste. J'ai envie de partager son contenu et de le chérir intérieurement. J'ai envie de vous le présenter et de vous indiquer les raisons pour lesquelles il est merveilleux, cependant, je souhaite que vous le découvriez, vierge de toute information.

J'ai l'habitude de présenter le début de l'intrigue, or, je m'y refuse. Dans cette merveille, Luca di Fulvio démontre son humanisme, son amour des femmes, celui de la liberté, l'importance de l'instruction pour obtenir cette dernière. Il nous plonge dans une quête de vérité collective et individuelle. C'est un roman universel et intime. Il se déroule sous l'Inquisition ; Luca dénonce l'obscurantisme de l'Eglise, mais aussi celle des hommes. C'est un texte engagé, vibrant, contenant parfois de la cruauté, souvent de l'amour, et toujours empli d'humanité.

Les personnages sont flamboyants et inoubliables. Certains sont courageux, guidés par la bonté, d'autres sont apeurés ou motivés par la haine, quand d'autres se perdent en chemin, mais le coeur de ces derniers ne demande qu'à faire émerger leur véritable nature. Ils m'ont émue, révoltée et éblouie. Ils m'ont fait réfléchir et certains de leurs mots se sont imprégnés dans ma mémoire. J'ai relu, plusieurs fois, certains passages, tant leur message était sublime et essentiel. J'ai souri, rêvé, pleuré, je me suis émerveillée, j'ai vibré et j'ai éprouvé un sentiment d'amour indescriptible, pour les protagonistes et pour l'écrivain qui leur avait donné vie. Ils existent véritablement. Dans mon coeur, c'est certain.

Je suis incapable d'écrire une chronique sur le Paradis caché, car cet endroit magique est en chacun de nous et c'est le nôtre que Luca nous fait explorer. Je suis persuadée que ce livre est un cadeau à chacun de nous. Il s'adresse personnellement à notre âme, à notre essence. Alors que je vante toujours la richesse de la langue française, je me sens démunie de mots pour dépeindre l'humanisme de ce récit. C'est l'oeuvre d'un grand Homme.

Bien sûr, le Paradis caché rejoint mon panthéon littéraire.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Un bon auteur qui vient de mourir, il s'agit donc de son dernier roman. Si vous aimez les romans historiques qui pèsent 500 pages, avec des personnages principaux très charismatiques et bienveillants, n'hésitez pas à plonger dans cette histoire. Nous sommes en 1630 en Italie, période de l'Inquisition religieuse. Susanna vient de naître dans le sang, d'une prostituée qui meurt en la mettant au monde. Elle sera toute sa vie soupçonnée de sorcellerie. Elle est prise en charge par des moines. Elle fera la rencontre de Daniele, censé avoir un pouvoir de guérisseur. A cause de leur naissance, ils susciteront peur ou jalousie. Ce roman est un plaidoyer pour la liberté des femmes et la liberté de penser. On ne s'ennuie pas une minute et les personnages sont bien décrits. Je conseille tous les romans de cet auteur, avec une petite préférence pour " le gang des rêves".
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