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Citations sur Poésie syrienne contemporaine (34)

NAZIH'ABU AFASH
"Un nuage... pas plus" (2016)

Je vous en prie,
détournez vos visages - dans l'autre direction !
Ou au moins baissez un peu les yeux
et prétendez que vous ne regardiez pas de mon côté !
Absolument pas, par Dieu je ne vous hais pas
et votre présence à mes côtés ne me pèse pas,
seulement (alors que les cérémonies funèbres continuent)
je sens que j'ai besoin d'être seul
afin de pleurer à mon aise
sans être envahi de honte
devant vos cœurs valeureux et vos yeux compatissants
... et je vous en prie absolvez-moi,
ce n'est qu'un nuage de larmes, pas plus !
Un nuage...Il va passer.
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Le prisonnier
  
  
  
  
Pour que mon âme ne vieillisse pas
de solitude, d’obscurité, de manque d’affection
je dessine sur le mur de ma cellule
une rose
que le geôlier hume... et il pleure
je dessine des visages de femmes souriantes
des arbres que le vent secoue le soir
je dessine un oiseau
je déplie le ciel pour ses ailes
je dessine un cœur transpercé d’une flèche
et j’écris le mot « amour... »
je dessine un papillon chargé de lumière
de pollen de fleur
et du bruissement de cils des anges,
des étoiles bleues qui brillent dans les rêves des morts,
une lune timide qui embellit la peur de ceux qui fuient dans la nuit,
je dessine des sentiers qui grimpent la montagne,
des marches blanches
aidant les anges dans leur ascension au péché
puis j’y rajoute les chèvres
les bergers
et les amoureux qui – de leurs chansons –
pavent la voix du ciel,
je dessine des violettes des gazelles et des cyclamens
je dessine un grand taureau vert
qui guide les oiseaux vers mes poèmes
et je n’oublie pas


je n’oublie pas enfin
d’inscrire une porte large et maniable
par où les amoureux se faufilent
pour me consoler
à
minuit
chaque
nuit

                              1991


// Nazih’Abu Afash (1946 -)

/ Traduit de l’arabe par Saleh Diab
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Ô grand-mère...



Ô grand-mère
sais-tu que les deux tiers du corps de l’homme
sont de l’eau ?

– certes, mais
ses deux tiers
sont plutôt de larmes…


// Mundhr Masri

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Mots



Il me fait entendre
quand il danse avec moi…
des mots…
qui ne ressemblent pas à des mots
il me saisit
par le bras
me plante
dans l’un des nuages
et dans mes yeux
tombe la pluie noire
averse …
averse

il m’emporte avec lui…
il m’emporte
vers un soir de balcons roses
et moi comme une enfant dans ses mains
comme une plume… portée par la brise
il apporte pour moi…
sept lunes dans ses mains
et un bouquet de chansons
il m’offre un soleil.
Il m’offre…
un été…
un troupeau d’hirondelles…

il m’informe…
que je suis sa merveille
que je vaux…
des milliers d’étoiles
que je suis un trésor…
et que je suis…
le tableau le plus beau qu’il ait jamais vu
il raconte…
des choses qui me font tourner la tête
me font oublier le tintamarre de la musique
me font oublier…
la piste…
et les pas
des mots
qui retournent sens dessus-dessous mon histoire…
qui me font femme en quelques instants
une autre femme…
en quelques instants…

Il me fait entendre quand il danse avec moi…
des mots…
qui ne ressemblent pas à des mots
il me laisse…
perdue pendant des heures…
il me laisse
m’amuser avec un fil
un fil dont les nœuds sont serrés
un fil fait de cauris
un fil fait de mots
il me laisse
au milieu du drame…

je ressasse…
je ressasse…
les mots
avec moi rien…
que…
les mots


// Nizar Qabbani

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Ce que j’ ai ressenti et je ne veux pas le dire



Aujourd’hui
en allant au travail
j’ai fait un détour
par le quai du vieux port
j’ai vu dans la brume matinale
beaucoup de navires immobiles
je ne pensais à rien
mais ce que j’ai ressenti, et j’ai voulu le dire,
c’est que je ne suis pas
à bord de l’un d’eux.

J’ai observé les mouettes qui miroitaient
en poussant leurs cris
elles ont toujours signifié pour moi
des corbeaux blancs
mais ce que j’ai ressenti, et j’ai voulu le dire,
c’est que je ne suis pas
l’un d’eux.

Le temps m’a rattrapé
alors j’ai tourné le dos à la mer
indifférent à tout
beaucoup de gens m’ont dépassé
certains ont échangé un salut avec moi
mais ce que j’ai ressenti, et je ne veux pas le dire,
c’est que je ne suis pas
l’un d’eux…


// Mundhr Masri

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Solitude



Je n’oublie pas
une rivière
sur laquelle un arbre s’incline
avec tout son poids d’oiseaux
il lui parle depuis mille ans
tandis qu’elle poursuit en pure perte
sans comprendre.


// Husayn Bin Hamzah

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Tristesse au clair de lune



Ô printemps qui vient de ses yeux,
Ô canari voyageur au clair de lune,
mène-moi à elle,
en poème d’amour ou en coup de poignard
je suis dans l’errance et blessé,
j’aime la pluie et le gémir des vagues lointaines,
je me réveille d’un profond sommeil
pour penser aux jambes désirables d’une femme que
                                   j’ai vues un jour,
pour m’adonner au vin et composer des poèmes,
dis à Leïla ma bien-aimée
à la bouche d’ivresse et aux pieds soyeux
que je suis malade et en manque d’elle
j’entrevois des traces de pieds sur mon cœur.


// Muhammad al-Maghut

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Le puits abandonné
extrait 2
  
  
  
  
« Et s’il m’était donné de déployer mon front
sur le mât de la lumière
s’il m’était donné de rester en vie,
voyons, Ulysse reviendrait-il ?
Et le fils désobéissant, et l’agneau ?
Et le pécheur frappé de cécité reviendrait-il
afin de voir le chemin ?

Quand l’ennemi a braqué le canon de la mort
et que les soldats se sont précipités sous une averse
de balle et de mort,
on leur a crié : « Reculez, reculez.
Dans le refuge derrière, c’est un abri
face aux balles et à la mort ! »
Mais ’Ibrahim a continué de marcher
en avant, de marcher,
et sa poitrine étroite remplissait l’horizon.
« Reculez, reculez.
Dans le refuge derrière, c’est un abri
face aux balles et à la mort ! »
Mais ’Ibrahim a continué de marcher
comme s’il n’entendait pas l’écho.

Et on disait c’est de la folie
sans doute est-ce de la folie.
Mais j’ai connu ’Ibrahim, mon cher voisin, il y a longtemps.,
dans l’enfance.
Je l’ai connu pareil à un puits dont l’eau débordait
tous les gens
passaient, nul n’y buvait, n’y jetait
pas même une pierre.

                              Beyrouth, 3 mars 1957


// Yousouf Al-Khal (1917- 1990)

/ Traduit de l’arabe par Saleh Diab
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Chimère



J’imaginais avoir beaucoup appris,
j’ai passé bien des années dans des rêveries,
et ai récolté maintes déceptions de mes chimères.
J’ai fait ce que j’étais incapable de faire :
j’ai déplacé les montagnes, fait rouler des trains
dans leur ventre.
Comme un roi content que ses volontés soient faites
j’étais satisfait,
et ma conscience s’envolait haut comme un oiseau et
   revenait à moi

Mais ce que j’ai raté,
la plus grande chose que j’ai ratée, c’est d’apprendre
à dire
au bon moment
à qui j’aime
je
t’aime.


// Adil Mahmud (Adil Mahmud)

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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Faire contrepoids à la terreur



Depuis de longues années
nous vivons une vie stable
dans cette grande bergerie
nous chantons en silence
nous dansons dans l’obscurité


// Bandar Abd al-Hamid

/ Traduction de l’Arabe par Saleh Diab
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